Livre II
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alors que la jambe peut seulement avoir un mouvement de flexion et d'extension selon une ligne parfaitement verticale, la cuisse restant immobile. En effet, si la jambe, avec le pied, avait un mouvement latéral digne d'attention, ce serait évidemment avec l'aide de la cuisse. Il n'est pas nécessaire pour moi de perdre plus de temps pour corroborer ce paradoxe, puisque vous-mêmes, maintenant que j'ai attiré votre attention, vous pouvez observer très clairement que votre jambe ne peut s'étendre et fléchir que selon un axe parfaitement longitudinal, lorsque la cuisse est immobile. Cependant, quand vous examinez ces mouvements, il est nécessaire de prêter aussi une attention soutenue aux mouvements de la cuisse ; car si vous n'y êtes pas attentif, la tête du fémur peut bouger à votre insu dans son emplacement dans l'os de la hanche, ce qui entraînera un mouvement de la jambe différent du précédent. Mais je pense que dans cette situation qui demande à être notée avec le plus grand soin, il n'y a personne d'assez sot pour ne pas scruter cela attentivement dans des os mis à sa disposition[500]et pour ne pas les observer pendant une dissection : j'aborderai les muscles eux-mêmes à condition que vous lisiez leur description en ayant ouvert devant vous le deuxième livre des Procédures anatomiques de Galien[501]. Si ce n'était pas pour l'exposé de ce livre, qui me contraint, je recenserais les muscles présents d'une façon différente et de loin plus simple que dans la disposition établie par Galien.Le premier muscle moteur de la jambe Le premier musclecc Σ planche III ; o planche I ; q planche II ; chiffre 1 [2] planche IV ; α planche IX ; L planche XVI
d ∫ planche III
e P dans fig. 1, 2, 3, chap. 29, livre I
[m. sartorius][502]débute par une origined pointue, faite d'une substance nerveuse mêlée à une petite quantité de chair, provenant de la région antérieure de l'épine de l'iliume ou de l'extrémité antérieure de l'appendice de cet os. Peu après son origine, ce muscle devient complètement charnu, et s'élargit modérément, en restant cependant fin : sa largeur est cependant le double (pour ainsi dire) de son épaisseur ou spissitude[503], et le muscle garde cette forme jusqu'à l'endroitff t planche III où il produit un tendon ; il s'avance progressivement depuis l'épine de l'ilium obliquement en dedans et en bas, de manière à parfaitement occuper le côté interne [médial] de la cuisse jusqu'à la moitié de la longueur du fémur. De là, il avance un peu plus en dedans et va progressivement en arrière, et arrivé au genou il se trouve face à la tête internegg E dans fig. 1 et 2, chap. 30, livre I du fémur, qu'il contourne par un mouvement pour ainsi dire oblique, pour descendre vers l'avant, insérant son tendon sur l'avanthh chiffre 1, planche III du tibia. Dès qu'il a produit ce tendon, et qu'il a tourné autour de la tête du fémur vers l'avant, il devient fin et rond. Ce tendon n'est pas large, mais il est parfaitement rond (contrairement à ce qu'affirme Galien qui se fie à ses singes), et s'insère sur le côté interne du tibia le long d'une ligneii γ , γ dans fig. 1 et 3, chap. 31, livre I en relief s'étendant sur toute sa longueur. Ce muscle est compté par Galien comme le premier muscle dans le deuxième livre des Procédures anatomiques, mais comme le neuvième dans ses écrits antérieurs, et dans les deux passages, il considère que c'est au moyen de ce muscle que la jambe est portée en haut en direction de l'aine ou du fémur de l'autre cuisse. Ce mouvement est réalisé non seulement au moyen de ce muscle, mais aussi au moyen des muscles moteurs de la cuisse et de la jambe. En effet, ce mouvement se présente quand la jambe a été fléchie au moyen de ses muscles intrinsèques, et la cuisse portée en dedans et en haut par ses propres muscles. Si elle n'avait pas été fléchie d'abord par ses muscles, la jambe ne pourrait pas suivre le mouvement de la cuisse, et ne pourrait jamais être poussée par ce genre de mouvement sur la cuisse ou sur la jambe de l'autre membre.Le deuxième muscle Le deuxième musclekk Δ planche XVI ; p planche I ; γ planche II ; ε planche III ; χ planche IV ; chiffre 6 planche V ; y planche IX ; s planche X
l N planche XVI
m ϛ dans les planches à la fin du livre I
[m. gracile] est originaire de l'os pubis par un débutl ample et très nerveux. En effet, là où les deux os du pubis sont joints l'un à l'autre par un cartilagem deux débuts de muscles contigus l'un à l'autre sortent sur toute la longueur de la commissure [symphyse pubienne] : l'un se dirige vers le membre droit, l'autre vers le gauche, formant ainsi ce deuxième muscle. La largeur de ce début de muscle est aussi grande que la longueur de la commissure des os du pubis. Peu après son origine, ce début devient moins large et plus épais, et se transforme tout entier en chair, si bien que son épaisseur ne le cède en rien à sa largeur, et que le muscle est presque rond. Comme il descend en passant par le côté interne [médial] de la cuisse, il devient progressivement plus fin, de sorte qu'au niveau de la tête interne [condyle médial] du fémur, non loin de l'articulation du genou, il se termine en un tendonnn chiffre 2 planche III parfaitement rond, qui s'implante sur le tibia dans la même région que le tendon du premier muscle, mais plus à l'intérieur ou en arrière, en proportion de l'épaisseur du tendon du premier muscle. Chez les femmes qui manquent de graisse, ce muscle apparaît comme une sorte de ligament rigide et dur, ou nerveux, ou quelque chose de semblable, parce que chez ces femmes, ce muscle n'a pas de chair mais seulement une substance nerveuse et une mince couverture de graisse. Dans le passage ci dessus, Galien certifie qu'au moyen de ce muscle, la jambe est portée vers l'intérieur, et le compte pour le cinquième dans la série. Mais dans le deuxième livre des Procédures anatomiques, il écrit que la jambe est portée vers le haut et vers l'intérieur au moyen de ce muscle. Cela signifie (du moins si je comprends correctement son opinion) que ce muscle fléchit la jambe en l'inclinant très fortement vers l'intérieur, parce que ce qu'il appelle « être porté vers » implique pour moi qu'il est fléchi. Vous pourriez réaliser ce genre de mouvement si vous placiez l'extrémité de la jambe avec le pied sur l'autre jambe, un mouvement réalisé par les muscles fléchisseurs de la jambe et en même temps par ceux qui fléchissent la cuisse et l'amènent en dedans. Mais si vous gardez les deux membres inférieurs droits, sans aucune flexion, il ne vous sera pas possible, en laissant la cuisse immobile, de plier une des deux jambes sur l'autre, ou, en laissant une jambe raide, de tourner le tibia sur le côté, même avec un mouvement très obscur, sans bouger la cuisse.Le troisième muscle Le troisième muscleoo Φ planche X ; δ [ β ] planche II ; t planche IX ; chiffre 5 [ ϛ ] planche XI ; R planche XVI [m. semi-tendineux] est originaire de la région inférieure de l'os coxal, avec trois autres muscles au minimum. De l'appendicepp De l à q dans fig. 2, chap. 29, livre I [ischion] de cet os (appendice qui pour nous, quand nous nous tenons debout, est situé dans la région inférieure de cet os, mais qui est dans la région externe chez les singes et les chiens lorsqu'ils prennent appui sur leurs jambes antérieures), les têtes de quantité de muscles prennent leur début dans une suite ordonnée, dans laquelle ce troisième muscleqq ν planche X ; λ planche XI est le plus à l'arrière de tous. De la région la plus élevée et la plus postérieurerr m, fig. 2, chap. 29, livre I de cet appendice, sort un début de muscle nerveux et fin : à une petite distance de l'origine, il devient charnu en descendant, formant un muscle plus ou moins rond, bien plus épais qu'à son début. Il s'avance vers le bas en passant par l'arrière de la cuisse, légèrement obliquement, jusqu'à ce qu'il

×Comprendre ici un squelette.
×Tout ce passage qui est un commentaire critique de textes de Galien est caractérisé par une écriture très littéraire, recherchée dans la forme et le lexique.
×Vésale s'attache plus à la fonction du muscle qu'à la topographie car ce muscle sartorius est en fait un muscle essentiellement situé dans la cuisse.
×Dans l'Epitome, éd. Vons-Velut, ce muscle est simplement décrit comme « le plus grêle et en même temps le plus long », Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 50.