Livre II
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que nous avons attribué au troisième muscle, bien que moins fort. Mais dissertant en second lieu de la fonction de ce muscle, il dit : « Si vous tirez ce muscle vers sa tête, la jambe semble se porter en arrière et en dedans, avec la cuisse. » Ensuite, quelques lignes plus bas, il ajoute : « La flexion du poplité ou de la jambe doit être considérée comme de faibles actions de la jambe, c'est pourquoi la Nature a confié cette flexion à des muscles qui ne sont ni grands ni nombreux, mais, (dit-il), j'ai suffisamment dit que parmi les muscles mentionnés, un seul, insinué dans la tête du muscle internehh Φ planche XII du mollet[506]est l'auteur de la flexion de la jambe, comme je l'ai dit, bien qu'il semble moins la fléchir que la mettre en abduction vers la région interne. Ce muscle donne un mouvement léger et plus ou moins obscur au genou. » Plus loin Galien met en cause d'autres anatomistes qui ont attribué la flexion de la jambe à un autre grand muscle qui regarde le mouvement de la cuisse, lorsqu'il dit : « Il ne tire pas du tout la jambe, ou alors très peu, puisque sa terminaison n'entre pas du tout dans le tibia. Mais ils sont obligés de dire qu'il est l'auteur de la flexion du poplité, parce qu'ils ignorent qu'un autre muscleii Γ planche XIV est dissimulé sous l'articulation, il peut la fléchir par lui-même, ou il en a le plus grand pouvoir. Mais on ne peut pas le voir avant d'avoir ôté les muscles du tibia qui forment la jambe. » Ensuite, en abordant les muscles de l'articulation de la hanche, il décrit en premier celui dont il assure qu'il a été considéré à tort par les autres anatomistes comme le muscle fléchissant l'articulation du genou. D'après de telles opinions, nous pouvons facilement comprendre quelle confiance nous devons accorder à son anatomie, malgré son excellence en ce domaine, et dont il se vante partout, et comment, en le lisant, nous avons pu bien apprendre la fabrique du corps humain, et combien notre discours serait plus clair si nous ne devions si souvent contredire Galien. Mais achevons le travail commencé en continuant à fixer les yeux sur la très grande autorité de Galien. Donc ce muscle que Galien décrit comme le cinquième muscle constitue une quatrième têtekk δ planche XII ; la tête est cachée sous λ , μ , ν , planche XI (et non pas la troisième comme il l'affirme) originaire de l'appendice de l'os coxal. En effet il y a ici un autre musclell Ψ planche XI ; δ , δ planche II ; u planche IX ; ϖ , ϖ planche X; ξ planche XII; V, V planche XVI
m μ planche XI
que Galien a oublié, qui est la troisième têtem tirée de cet appendice et, comme je le dirai dans peu de temps, qui se dirige vers l'avant du tibia en étant placée sous le troisième muscle. Donc ce musclenn Ξ planche XII
o dans la planche XII, le début nerveux est marqué δ , la partie charnue ε , ε
que Galien a compté comme le cinquième naît par un débuto solide et très épais sous celui qu'il a oublié de noter ; à l'arrière, son début est très nerveux, mais il est plus charnu et large à l'avant. Ce début est accru par de la chair, et par sa masse forme un très grand muscle ; avant d'atteindre la moitié de la longueur du fémur, il commence à devenir plus fin, et se termine, un peu au dessus des têtes inférieures du fémur, en un tendonpp [ η ] planche XII rond, extrêmement fin par rapport à la taille du muscle. Ce tendon s'insère à la baseqq K dans fig. 1, chap. 30, livre I de la tête interne du fémur sur le côté interne de cette tête [épicondyle médial], il est contigu au début du premier muscle moteur du piedrr ϖ , ρ du muscle φ , planche XII [m. gastrocnémien, tête médiale], originaire de la tête interne du fémur. Ce cinquième muscle de Galien n'est joint à aucun muscle, ni à l'arrière ni sur les côtés, sauf par la connexion fibreuse habituelle par laquelle les muscles couchés les uns sur les autres adhèrent les uns aux autres, comme nous le savons. Mais sur la face antérieure, là où il fait face au fémur, il lui est continu et attaché par toute la substancess Φ , ε , planche VIII ; Σ planche XII ; Π , Σ planche XIII
t de p à q dans fig. 2, chap. 29, livre I
musculeuse, née avant le début de ce muscle, et qui va de l'appendicet de l'os coxal à la commissure des os du pubis. Je décrirai comment se fait l'insertion de cette substance musculeuse sur le fémur, avec la nature des fibres quand nous aurons décrit les mouvements de la cuisse. Je compterai ce cinquième muscle de Galien avec cette substance comme un seul muscle, auteur des mouvements de la cuisse. Mais pour le moment il faut seulement ajouter que la terminaison inférieure de l'insertion de cette substance musculeuseuu Π , Σ planche XIII ne se fait pas très loin de têtes inférieures du fémur. Et je pense que c'est de cela que Galien a parlé quand il accusait les autres anatomistes et qu'il affirmait qu'ils avaient à tort considéré que ce muscle pouvait être l'auteur du mouvement de la jambe. Pour le moment, admettons que ce que nous avons appelé substance musculeuse soit considéré comme le muscle que Galien compte comme le premier des muscles moteurs de la hanche, et celuixx Ξ planches XII et XIII dont j'ai dit qu'il insère un tendon à la base de la tête interne du fémur, comme le cinquième muscle moteur de la jambe de Galien. À moins que vous ne prêtiez pas allégeance aux livres de Galien,Livre 2 des Procédures anatomiques et que vous ne préfériez dire en un mot et beaucoup plus correctement qu'il a tort de regarder comme étant un même muscle le premier muscle moteur de la cuisse et le cinquième muscle de la jambe. Quoi que vous ayez décidé, repassez en esprit pendant une dissection les passages de Galien et les miens ici, et examinez avec soin s'il faut compter ce cinquième muscle de Galien parmi les muscles moteurs de la jambe. Pour moi il sera plutôt considéré comme le cinquième muscle moteur de la cuisse, et je me refuserai à dire qu'il donne par lui-même un mouvement à la jambe, même très faible, et qu'une quelconque insertion notable du tendon de ce muscle se fasse dans les ligaments du genou. Quant au sujet de ce muscleyy Γ planche XIV dissimulé dans le poplité, j'en dirai quelques mots dans un chapitre qui lui sera consacré plus particulièrement, à la fin de ma description des autres muscles moteurs de la jambe ; pour le moment je vais continuer comme j'ai commencé, en me référant à la disposition et au nombre de muscles établis par Galien. Donc puisqu'il a été décidé de ne plus compter le cinquième muscle de Galien parmi les auteurs des mouvements de la jambe, mais parmi les muscles moteurs de la cuisse, j'ajouterai à mon discours comme cinquième muscle, celuizz Ψ planche XI ; δ , δ planche II ; u planche IX ; ϖ , ϖ planche X; ξ panche XII qui a été oublié par Galien, comme je l'ai dit précédemment. Sous les têtes du troisième [m. semi-tendineux] et du quatrième [m. biceps du fémur, chef long] muscles originaires de l'appendiceaa n dans fig. 2, chap. 29, livre I de l'os coxal, et avant la tête du muscle compté comme le cinquième par Galien, naît un autre débutbb ν en-dessous de λ , μ , planche XI nerveux ;

×Le terme latin sura désigne le mollet ; son aspect ventru est à l'origine de son nom en grec γαστροκνημία (« ventre de la jambe »), d'où le nom des muscles gastrocnémiens. Voir Jacques André, Le vocabulaire latin de l'anatomie, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. 112.