Livre II
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et la divisent comme s'il y avait trois sillons creusés pour les trois tendons de ce muscle. Lorsque les tendons ont dépassé cette échancrure, ils se rassemblent et se terminent en un unique tendon qui s'implante dans le sinushh R dans fig. 1, chap. 30, livre I [fosse trochantérienne] du grand processus du fémur en même temps que le neuvième muscle. Lorsque vous examinerez ces trois tendons recouverts de chair sur leur partie externe, vous en déduirez facilement qu'ici la Nature a voulu donner plus de force au dixième muscle : s'il avait été complètement charnu, il aurait été déchiré en étant comprimé par la dureté de l'os, en état de tension ou bien de flexion. En fait, un ligament - ou une membrane épaisse et solide- est attaché à cette fosse, pour éviter que le contact de l'os n'endommage le muscle en flexion. En outre, ce ligament est très lisse, enduit d'une humeur visqueuse et onctueuse pour faciliter le mouvement du muscle autour de la fosse : nous imitons parfaitement cet art de la Nature dans les poulies et les gonds, de telle sorte que non seulement le mouvement est accéléré mais que la corde qui tourne autour de la poulie est visiblement moins vite usée par le frottement. En outre, de même que nous n'entrons pas la corde seulement dans la gorge de la poulie mais que nous affermissons la poulie dans une trochile[521]ou par une petite fourche[522](pour éviter que la corde ne glisse hors de la gorge), de même la Nature ne s'est pas contentée d'une fosse dans les os, mais elle a fait venir un muscle [m. jumeau supérieur] de la partie supérieure de la fosse, et un autre [m. jumeau inférieur] de la partie inférieure, qui progressent ensembleii Le premier est marqué ι planche XI, β planche XII , x planche XIII et f planche XIV ; le second est marqué κ , γ , z, g dans les mêmes planches
k d dans fig. 2, chap. 29, livre I
avec le dixième muscle et l'empêchent de dévier de son chemin.Des parties charnues sont attachées au dixième muscle Donc, un muscle charnu [m. jumeau supérieur], originaire du processus pointuk de l'os de la hanche, est attaché à la partie supérieure du dixième muscle jusqu'à son insertion. Ensuite de l'appendice de l'os de la hanche, un autre muscle [m. jumeau inférieur] s'avance, charnu et fin comme le premier, s'étendant sur la partie inférieure du dixième muscle jusqu'à son insertion. Tous deux font leur insertion sur la fosse du grand processus du fémur en même temps que le dixième muscle et concourent avec lui à la rotation de la cuisse. Par ailleurs, vous observerez fréquemment que non seulement ces muscles sont attachés à la surface supérieure et inférieure de la courbure, mais que dans la région interne, là où le muscle cesse de s'incurver vers le fémur, il y a aussi une substance charnuell y planche XIII [m. obturateur interne], issue de l'os de la hanche, comme si ces trois tendons, après la courbure, s'inséraient dans la substance charnue née de l'os de la hanche, et étaient ainsi enveloppés par elle sur leur chemin vers le grand processus du fémur.Le nombre de muscles moteurs de la cuisse Donc, à votre guise, ou bien vous joindrez ces muscles[523]- ou la masse charnue recevant les tendons- au dixième muscle, et vous compterez ainsi dix muscles intrinsèques de la cuisse ; ou bien, si vous préférez, vous regarderez chacun d'eux comme distinct et vous en compterez douze. Et en plus, si vous divisez le cinquième muscle en trois, il y aura quatorze muscles en tout. Dans notre bilan, le dixième muscle, accompagné des deux muscles fins, fait tourner la cuisse en-dehors, et le neuvième en dedans, tout à fait comme si vous teniez un bâton entre vos deux mains étendues et que vous le fassiez tourner alternativement en avant et en arrière. Le neuvième et le dixième muscles correspondent aux mains, et vous pourriez sans absurdité assimiler la cuisse au bâton.

Chapitre LVII. Procédure de dissection des muscles moteurs de la cuisse

Commencez la dissection des muscles affectés aux mouvements de la cuisse avec les muscles extenseurs, en utilisant le même membre dans lequel vous avez disséqué les muscles de la jambe.La dissection du premier muscle Prenez donc un rasoir fait dans un fer assez résistant pour ne pas être endommagé lors d'un heurt éventuel avec l'os, et essayez de séparer la tête du premier muscleaa Π planche IX (du moins si vous ne l'avez pas enlevée pendant que vous disséquiez les muscles moteurs de la jambe) du coccyx et du dos de l'ilium, en faisant des incisions transverses, jusqu'à ce que vous rencontriez le deuxième muscle. Quand vous aurez détaché de l'os le début de tout le muscle [m. grand fessier] à l'aide du rasoir, vous pourrez le retourner, et avec vos mains seules (sauf si vous voulez aussi utiliser le rasoir) le détacher des parties sous jacentes en allant jusqu'au grand processus [trochanter] du fémur. Quand vous aurez fait cela, observez sa longue insertionbb κ dans la jambe gauche, planche X qui descend loin sous la base du grand processus du fémur. Il faut la regarder avec un soin particulier, comme la forme, la substance, la direction des fibres et la fonction du muscle, en raison des abcès que nous incisons fréquemment dans la cuisse et principalement dans ce tendon près du grand processus [grand trochanter] du fémur.[La dissection] du deuxième muscle Le deuxième musclecc Σ planche X [m. moyen fessier] doit être séparé de l'ilium de la même manière, au moyen d'un rasoir, en prenant garde à ne pas enlever en même temps le début du troisième muscle : en effet leurs origines sont continues, séparées seulement par une ligne, et les deux muscles peuvent facilement être enlevés en même temps. Lorsque vous aurez peu à peu rabattu le début du deuxième muscle en arrière, en faisant une série d'incisions transverses au dos de l'ilium jusqu'au début du troisième muscle, il vous faudra récliner tout le muscle et le séparer du troisième, avec vos mains, sur toute sa longueur jusqu'à son insertion.[La dissection] du troisième et du quatrième muscles De la même manière, le troisième muscledd Σ planche XI [m. petit fessier] devra être séparé du dos de l'ilium, après le deuxième : quand le troisième muscle aura été détaché jusqu'à son insertion, détachez le quatrième [m. piriforme] des côtés du sacrum au moyen d'un scalpel ; prenez-le en mains et détachez-le de l'articulation de la hanche et du ligament sur lequel il s'appuie, jusqu'au grand processus du fémur . Après avoir disséqué le premier muscle, la dissection des autres est très facile ;

×Le trochile est un terme d'architecture désignant un ornement en creux d'un pilier ou d'une colonne (Dict. De lexicographie. cnrtl.fr). Voir Fabrique I, chapitre XXIII, p. 105 (trochlée humérale)www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01106&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=24
×Probablement petite fourche à deux dents (voir table et instruments, chap. VII de ce livre).
×Il s'agit des 2 derniers muscles cités, les muscles jumeaux supérieur et inférieur.