Livre II
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partie que la nature a façonnée concave et rugueuse, pour que l'insertion du tendon se fasse plus facilement et plus commodément. Comme le calcanéus est proéminent par rapport à la ligne verticale du tibiaii Observez cela dans les figures 2 et 3 à la fin du livre I et que le quatrième muscle est allongé sur le tibia et la fibula sur presque toute sa course, le tendon s'écarte un peu du tibia avant son insertion et forme un espace creuxkk τ planche XIII triangulaire, dont la base, proéminente par rapport à la ligne verticale du tibia, est constituée par le côté long du tendon ; les deux autres côtés du creux sont formés, l'un par le tendon à l'avant, l'autre par la face postérieurell Δ , Ξ , planche XIV des muscles qui, dissimulés sous le quatrième muscle, occupent la région postérieure de la jambe, comme nous le dirons.Et cet espace est celui à travers lequel Achille a passé une corde à travers la jambe d'Hector quand il a traîné son corps autour des murailles de Troie en l'ayant attaché à son char, comme l'a chanté Homère[531]. Nous observons que les bouchers font de même lorsque, pour transporter des bœufs ou des moutons qu'ils ont abattus, ils passent un bâton en travers de cet espace sous ce tendon. À l'endroit où les deux premiers muscles sont couchés sur lui, le quatrième muscle apparaît de couleur sombre sur sa face externe comme le premier et le deuxième muscles, surtout là où ils font face à ce quatrième muscle. Sur la face interne, le quatrième muscle n'est pas aussi sombre et son tendon est nourri par une substance beaucoup plus charnue à l'avant qu'à l'arrière. En effet la distance entre la fin de cette substance charnue et l'os du talon chez les hommes n'est pas bien grande, mais mérite d'être remarquée. Chez les singes ce quatrième muscle est encore plus ou moins charnu quand il s'insère sur le talon. En faisant cette observation, Galien incrimine d'autres anatomistes[532], alors qu'en fait ses critiques injustes à leur égard montrent clairement qu'ils ont soigneusement disséqué des cadavres humains et pas seulement des cadavres de singes comme lui ; il mériterait que nous le désignions à la censure[533]et que établissions une liste de ses erreurs (si son autorité et le respect que nous lui devons ne s'y opposaient), au chef principal qu'à l'encontre de ces anciens, il nous a imposé la description de ses singes au lieu de l'anatomie de l'homme.Le cinquième muscle Le cinquième musclemm D, E et aussi c planche XIV ; μ planche I ; ρ planche II ; φ planche III ; x planche VIII ; k planche XIV ; ∫ planche XVI
n Λ , Ξ planche XIV
o n, o, p, q planche XIV
[m. tibial postérieur] moteur du pied se trouve également à l'arrière de la jambe, encore dissimulé sous deux musclesn qui servent à la flexion des orteils, comme nous l'enseignerons. Avant de pouvoir voir le cinquième muscle, il faut avoir enlevé les quatre muscleso du pied déjà mentionnés ainsi que les deux muscles fléchisseurs des orteils. En effet le cinquième muscle est couché juste sous le ligament membraneuxpp T entre S et R planche XV [membrane interosseuse], étendu sur toute la longueur de la jambe, qui relie le tibia à la fibula. Le débutqq D planche XV du cinquième muscle est originaire du tibia et de la fibula, à l'endroit où ces deux os commencent à s'écarter l'un de l'autre, et dès son origine il est charnu et large, gardant la même largeur sur toute sa progression jusqu'à l'appendice inférieur du tibia. Sa largeur suffit à recouvrir l'arrière de ce ligament membraneux et aussi une grande partie de l'arrière du tibia ; il est attaché au ligament et au côté interne de la fibula, prenant d'eux une forte origine tout au long de sa progression. Dès qu'il atteint l'appendice inférieurrr E planche XV du tibia, et qu'il est encore aussi large qu'à la moitié de la longueur de la jambe, il fait partir de son côté médial un tendon rond qui semblerait commencer quelque part dans la substance charnue du muscle. Dépourvu de toute chair, ce tendon se dirige vers le bas, restant dans un sillonss m dans fig. 2 et 4, chap. 31, livre I ; chiffre 1 planche XV creusé à l'arrière du processus de l'appendice du tibia qui forme la malléole interne [médiale]. Dans ce sillon un ligament transverse recouvre le tendontt d [∫] planche XVI qui, de là, entre obliquement dans le pied. Il s'avance quelque peu sous tous les musclesuu ρ planche XIII ; et aussi Θ , λ , μ et tendons δ , δ planche XIV ; et L planche XV
x chiffre 3 dans fig. 1, 2, 12 et 13, chap. 33, livre I
occupant la partie inférieure du pied, jusqu'à ce qu'il s'implante avec force dans la face inférieure de l'os du tarsex [os naviculaire][534]contigu à celui qui ressemble à un cube ou à un dé [cuboïde], et dont nous avons dit dans le premier Livre qu'il ressemble tout-à-fait à un coin avec l'os qui lui est joint[535] ; cet os a un processus particulieryy θ dans fig. 13, chap. 33, livre I qui ne sert qu'à ce muscle. Ce cinquième muscle est l'un de ceuxaa Λ , Ξ planche XIV ; O, P planche XV dont la substance charnue ne devient pas plus étroite, mais qui émettent un tendon rond d'un côté seulement et ressemblent à une très grande hache de boucher. Et il est aussi l'un de ceux qui utilisent un sillon et un ligament intrinsèques : entre le talon et la malléole médiale,on trouve trois ligaments spéciaux de ce genre, et trois sillonsbb chiffres 1, 2, 3 planche XV préparés pour les trois tendons. Le ligament qui est le plus près de la malléole est compté comme le ligament intrinsèque du tendon du cinquième muscle du pied, comme nous venons de le dire. Les deux autres ont été créés pour les musclescc Λ , Ξ planche XIV qui sont couchés sur le cinquième muscle et qui font mouvoir la dernière phalange [phalange distale] des doigts, comme nous le mentionnerons.Le sixième muscle Le sixième muscledd Ψ planche III ; z planche I ; φ planche II ; chiffre 4 planche IV ; g planche XVI [m. tibial antérieur] moteur du pied est logé à l'avant de la jambe, c'est le plus antérieur de tous ceux de cette région, et il a la forme d'un muscle parfait. Il est originaireee θ planche III de la partie antérieure de l'articulation du tibia avec la fibula, prenant une petite partie de son origine de chacun d'eux et de leur ligamentff Y dans fig. du chap. 1 commun. Le muscle a une origine en forme d'angle aigu, il s'élargit immédiatement et montre un ventre un peu plus large que profond. Avant de dépasser la moitié de la longueur de la jambe, il devient progressivement plus étroit et se termine, bien au-dessus du pied, en un tendongg [ η ] planche III rond, qui descend sur l'avant du tibia et passe sous le ligament transversehh δ planche I ; Δ ou Λ planche II étendu du tibia à la fibula ; dès qu'il a franchi ce ligament, il descend vers l'intérieur du pied, et voyage dans un sillon peu ouvert,

×Voir note précédente.
×Voir en particulier les accusations portées par Galien contre Lycos dans L'anatomie des muscles, éd. Garofalo-Debru, Paris, Les Belles Lettres, 2005, passim.
×L'expression est forte et se réfère à la subscriptio censoria chez les Romains qui consistait à faire noter par un censeur la cause d'un blâme ou d'une punition sous le nom d'une personne.
×Il s'agit de la face latérale de l'os naviculaire ou scaphoïde.
×Voir Fabrique I, chap. XXXIII, p. 147.www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01148&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=34