Livre II
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descend vers le bas et tourne vers l'arrière de la fibula. Ce tendon n'est cependant pas couvert par celui du septième muscle, mais il est proéminent et s'étend vers l'avant du septième tendon, couché dans un sillon à l'arrière de l'appendice de la fibula et entouré par un ligament transverse. De là il descend vers l'avant et s'insère très solidement sur le processuskk ρ dans fig. 2, chap. 33, livre I de l'os du pied joint à l'os cuboïde et soutenant le petit orteil [base du cinquième os du métatarse]. Comme d'autres tendons décrits jusqu'ici, il ne fait pas une insertionll chiffre 6 en-dessous du 8, planche VI unique, mais peu avant son insertion, il se sépare en deux et s'implante sur l'os susdit par une double insertion. Mais, contrairement à ce que l'on pourrait croire en faisant confiance à Galien, le muscle que nous avons mentionné comme le sixièmemm Ψ planche III ne se divise pas en deux tendons. En effet, chez les hommes, le sixième muscle est tel que je l'ai décrit, il diffère de celui que l'on observe chez les singes, chez qui on voit non seulement un double tendon, mais en fait deux muscles séparés bien visibles, dont l'antérieur est plus petit que le postérieur, qui sont implantés tous deux sur l'os placé devant l'hallux. Mais ces propos hors sujet (même s'ils aident à comprendre Galien) ne font qu'interrompre notre exposé qui décrit les choses vraies, aussi ajoutons maintenant le neuvième muscle à ceux qui ont déjà été décrits.Le neuvième muscle On pourrait considérer ce neuvième musclenn Ω planche IV ; β planche I ; en-dessous de ω planche II ; & planche V ; κ planche IX [m. troisième fibulaire] comme un muscle à part entière ou bien on pourrait dire avec raison qu'il est une partie d'un autre muscleoo ψ planche IV selon que l'on prête attention à son mouvement et à son insertion, ou à ses connexions et à son origine. En effet, du muscle logé à l'avant de la jambe et extenseur des quatre orteils, une petite partie charnuepp Ω à partir de Ψ planche IV [m. troisième fibulaire] prend naissance à environ la moitié de la jambe sur son côté externe. Elle se dirige vers le bas et devient[538]un tendon qui passe sous le ligament transverseqq δ planche I à l'avant de la jambe, s'étend vers la partie supérieure [dorsale] du pied et s'attache par des liens fibreux aux musclesrr Ψ planche V
s chiffre 13, planche IV
sous jacents, puis se divises en deux parties, qu'elle insère sur l'os du pied [base du cinquième os du métatarse] supportant le petit orteil, non loin du sommet de l'os attaché à l'os cuboïde. Rien n'empêche de considérer ce muscle comme une partie du muscle extenseur des orteils, ou de le distinguer des muscles extenseurs des orteils en le comptant à part comme un neuvième muscle, de telle sorte que les muscles comptés jusqu'ici et servant aux mouvements du pied soient au nombre de neuf.La fonction des neuf muscles moteurs du pied Le premier, le deuxième et le quatrième muscles qui forment principalement le mollet ou le ventre de la jambe et qui sont logés à l'arrièrett τ , τ , ψ planche XIII de la jambe, forment ensemble ce qui est probablement le tendon le plus résistant du corps et sont les auteurs les plus robustes du mouvement du pied. Ils tirent le talon vers le haut en arrière, stabilisent le pied sur le sol, le fléchissent en arrière ou vers le bas ; le cinquième muscleuu D, E, planche XV les assiste, en donnant également au pied une assise ferme sur le sol, et le ramène quelquefois en arrière pour que nous puissions nous dresser sur les orteils. Et il n'est pas nécessaire de faire un grand éloge de l'office du tendon inséré dans le talon, car, à part la mort, beaucoup de peuples considèrent qu'il n'y a pas pire châtiment infligé à l'homme que la section de ce tendon. Je ne peux pas non plus dire avec certitude quelle est la fonction attribuée au troisième musclexx Φ planche XIII [m. plantaire] moteur du pied ; en effet il ne produit pas de large tendon dans le pied et a si peu de force qu'il ne paraît pas avoir une fonction dans l'extension du pied comparable à celle des quatre grands muscles. Mais toutefois, si quelqu'un pensait qu'il fût capable d'une telle action, il faudrait assurément ajouter qu'il assiste le mouvement du pied en oblique et en dedans, mouvement que les muscles déjà mentionnés font également selon que ceux-ci ou ceux-là seuls sont contractés ou relâchés, comme cela a été dit des muscles moteurs du poignet. Par ailleurs le sixièmeyy Ψ planche III
z Φ planche VI
a Ψ planche VI
b Ω planche IV
et le septièmez muscles, le huitièmea et le neuvièmeb sont responsables du mouvement opposé quand ils s'étendent ensemble. Ils fléchissent le pied vers le haut en direction de l'avant de la jambe, par un mouvement qui n'est ni aussi fort ni aussi important que celui des muscles postérieurs. S'ils se contractent alternativement avec les muscles occupant la loge postérieure de la jambe, ils bougent le pied latéralement. Ainsi ceux qui sont les auteurs de la flexion et de l'extension accomplissent aussi les mouvements sur les côtés de manière tout à fait opportune.

Chapitre LX. Les muscles moteurs des orteils

Les mouvements des orteils Les orteils ont exactement les mêmes mouvements que les quatre doigts de la main que nous avons décrits. En effet la première phalange de l'hallux (qui n'a que deux phalanges) fléchit de la même manière que la première phalange des autres orteils, mais il n'est pas mis en adduction vers les autres doigts par un mouvement opposé, contrairement au pouce dans la main. Cette flexion de la première phalange se fait soit dans l'axe, soit légèrement inclinée sur un des côtés, comme nous l'avons décrit pour la première phalange des quatre doigts. La deuxième phalange de l'hallux, les deuxième et troisième phalanges des autres doigts ont un simple mouvement de flexion et d'extension et ne s'inclinent pas latéralement par leur propre mouvement (pas plus que les doigts de la main). Cependant, la première phalange dans le pied a un mouvement d'adduction et d'abduction non moindre que dans la main. Par ailleurs l'explication du mouvement des doigts dans la main et dans le pied étant quasiment la même,

×Le verbe latin degenerare (« changer de genre, se transformer ») est bien adapté à cette observation faite par Vésale  à propos de la transformation d'un muscle (dont la substance est charnue) en un tendon plus nerveux. Sur le sens de cet adjectif, voir introduction.