Livre II
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Les quatre muscles adducteurs des quatre orteils en direction de l'hallux, numérotés 19, 20, 21 et 22 C'est pourquoi chez l'homme, en plus du dix-huitième muscle, il y a seulement quatre autres musclesoo λ , μ planche XIV ; N planche XV qui mènent les orteils vers l'intérieur[545]. Ils sont semblables à ceux de la main, et s'étendent à partir des tendonspp θ et ν , planche XIV qui fléchissent la troisième phalange des orteils. Cependant sur ce point les muscles du pied diffèrent de ceux de la main, parce qu'ils ne sont pas originaires de l'enveloppe de ces tendons, comme ceux de la main, mais proviennent de l'os calcanéen. Un corps musculeux naît en effet des ligaments attachant les os du tarse aux os à l'arrière du pied dans la plante du pied, corps qui se divise ensuite en quatre muscles fins et s'insère sur le côté interne [médial] des quatre doigts. Ainsi si vous avez regardé toute cette masse comme quatre muscles, le nombre total des muscles des orteils chez l'homme est vingt-deux. Si vous aviez compté ce corps comme un seul un muscle, il seront dix-neuf seulement. Vous augmenterez ce total, selon le nombre de muscles que vous aurez compté en divisant le corpsqq Ω planche VI qui, comme je l'ai dit, conduit l'hallux et les trois orteils voisins sur le côté externe [latéral].

Chapitre LXI. Les ligaments reliant l'ilium au sacrum, l'os de la hanche à l'articulation du genou, et tous les autres ligaments dans la jambe et dans le pied

Les ligaments du sacrum et des autres os qui lui sont attachés Le ligament[546]reliant l'ilium au côté du sacrum est un ligament** Nous n'avons dessiné qu'un petit nombre de ligaments ; en effet, comme ils sont membraneux, on doit déduire leurs formes de celles des os robuste et membraneux, entourant toute la jonction. Cependant une petite partie s'insère au milieu à l'endroit où les os sont joints l'un à l'autre ; elle est si solide et si épaisse qu'elle ressemble à la nature d'un ligament cartilagineux : par son intermédiaire et aussi l'intervention d'un cartilage, l'ilium est très solidement au sacrum. L'ilium est aussi joint au sacrum par l'intermédiaire d'un cartilage et d'un ligament qui entoure entièrement la commissure de la même manière que les os du pubis sont joints l'un à l'autre. En plus de ces ligaments du sacrum, un autre ligamentaa o planche XIII [ligament sacro-épineux] est originaire du côté de l'articulation de la cinquième vertèbre sacrée avec la sixième ; il est rond et s'insère sur le processus pointu de l'os de la hanche [épine ischiatique]. Un autre ligamentbb δ planche X [ligament sacro-tubéral] est originaire du même côté du sacrum et va à l'appendice de l'os de la hanche [tubérosité ischiatique] ; avec le précédent, il relie plus fermement les os entre eux et forme également un support pour le rectum et ses muscles.La membrane occupant le foramen de l'os du pubis Enfin une membranecc b planche XIV [membrane obturatrice] est visible dans le foramen de l'os pubis, tout à fait semblable à celledd V entre S et T, planche VII qui relie le radius à l'ulna sur toute la longueur de l'avant bras. Sa substance lui correspond entièrement, et est constituée de fibres s'avançant obliquement vers le bas sur le côté.Les ligaments reliant le fémur à l'os de la hanche Les ligamentsee P, P, dans la figure du chapitre 1 attachant le fémur à l'os de la hanche sont considérés comme particulièrement importants. L'un d'eux [ligament ilio-fémoral] entoure l'articulation sur son pourtour, de la manière commune à toutes les articulations, mais pour éviter que la tête du fémur ne se luxe toutes les fois où le fémur fait divers mouvements en supportant une grande masse corporelle, ce ligament est très épais et très robuste, et ne le cède en épaisseur à aucun autre ligament entourant les articulations. Les Grecs ont pensé que ce ligament était d'une telle importance et d'une si grande efficacité qu'ils n'ont pas hésité à l'appeler ischion du nom de toute l'articulation. Bien plus, ce ligament entourant l'articulation est non seulement d'une épaisseur et d'une dureté uniques, mais il a ceci de particulier qu'il ne s'insère ni sur la tête du fémur ni sur le sourcil[547]de l'acétabule de l'os de la hanche, et qu'il n'en émane pas non plus : en effet il entoure complètement le col du fémur en ne lui étant attaché nulle part excepté à la base du grand processus du fémur [grand trochanter], le reste étant sans connexion. Ensuite il n'est pas attaché au sourcil de l'acétabule mais seulement à l'os de la hanche un peu au-dessus de la base du sourcil. Et ici avec prévoyance la Nature s'est détournée de la fabrique des autres ligaments entourant une articulation. En effet si elle l'avait attaché aux sourcils comme les autres ligaments le sont, la longue tête du fémur n'aurait jamais pu bouger librement. Vous verrez cela très clairement quand vous essayerez de rapprocher les fémurs au cours de votre dissection et ensuite de les écarter à nouveau. Il est étonnant de voir comment la tête du fémur est portée loin en avant hors de sa cavité, quand nous plaçons le talon d'un pied, comme une ligne perpendiculaire, contre le milieu du côté interne [médial] de l'autre pied, dans la position qui est connue dans les danses[548]comme un « double simple » et notée par la marque ∫∫[549]. En plus, outre le fait que le sinus [acétabule] de l'os de la hanche est très concave, un autre ligament est encore attaché autour du sourcil de l'acétabule, qui augmente sa profondeur et participe de la nature des ligaments qui sont cartilagineux. Mais il n'augmente pas seulement sa profondeur, il évite aussi que le sourcil ne soit rompu dans les mouvements véhéments du fémur, car il est fragile. Par sa dureté naturelle le ligament résiste au choc, et par sa mollesse, il l'absorbe. Il y a encore un autre ligamentff O dans la figure du chap. 1 particulier à l'os de la hanche [ligament de la tête du fémur], il est rond et si dur que certains l'ont appelé un nerf cartilagineux. Il est originaire du milieu de la tête du fémur, ne s'insère pas au centre de l'acétabule mais sur son côtégg g dans fig. 1 et 2, chap. 29, livre I inférieur, là où il est bordé par de la graisse et non plus par du cartilage. C'est comme si la Nature avait craint que les luxations du fémur n'aient lieu en priorité au sommet

×C'est-à-dire vers l'axe médian du corps.
×Il s'agit des ligaments sacro-iliaques antérieur, interosseux et postérieur. Seuls sont envisagés ici les ligaments du membre inférieur. Le deuxième chapitre de l'Epitome, consacré aux muscles, se termine par un récapitulatif de toutes les variétés de ligaments dans le corps, voir Epitome, éd. Vons-Velut, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 56-58.
×Voir Fabrique I, chap. XXIX, p. 129.www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01130&a1=f&v1=00302_1&c1=34
×Le choeur antique est formé de danseurs dirigés par un coryphée.
×Ces deux lettres ∫∫ notent un pas simple (en 2 mouvements : pied gauche en avant, joindre le droit au gauche ; pied droit en avant, joindre le gauche au droit) de la « basse danse », danse lente, majestueuse en vogue dans les bals de cour aux XVe et XVIe siècles. Nous ignorons d'où Vésale tenait cette notation, décrite en 1455 par Domenico da Piacenza et dans le Manuscrit des basses danses, dit de Marie De Bourgogne (Bruxelles, 1547-Bruges, 1482), épouse de Maximilien Ier d'Autriche (ms 9085, Bibl. Royale de Belgique ; fac-similé éd. par E. Closson, 1912). Les quelques pas nécessaires aux danses y sont notés par leur initiale. Voir à ce sujet Marie-Joëlle Louison-Lassablière, « La codification chorégraphique dans les manuels techniques de danse du XVe au début du XVIIIe  siècle », dans Le livre technique avant le XXe siècle. À l'échelle du monde, Liliane Hilaire-Pérez, Valérie Nègre, Delphine Spicq et al. (dir.), Paris, CNRS, 2019, p. 83-94.