Livre III
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QVeine [veine scapulaire dorsale] cheminant à l'arrière du thorax et distribuée dans la partie concave de la scapula et dans les muscles voisins. Tout près d'elle se trouvent de petites veines qui courent vers la glande de l'aisselle, et dont l'une est représentée ici entre P et R.
RBranche [veine thoracique latérale] se dirigeant vers le bas le long des côtés du thorax, et principalement distribuée dans le muscle qui forme la partie arrière du creux de l'aisselle et qui porte le bras en arrière et en bas [muscle grand dorsal].
SVeine jugulaire interne qui disperse de fines branches au côté de la trachée et aux nerfs qui passent à cet endroit. Le reste de cette veine, à part quelques branches, court dans le crâne où elle se divise en plusieurs rameaux, comme je l'exposerai en décrivant la disposition des vaisseaux cérébraux.
TVeine jugulaire externe ou superficielle. Mais certains appellent « veines jugulaires » (que les Grecs nomment sphagitides) celles qui sont produites par la division de la veine cave sous le sommet [manubrium] de l'os de la poitrine [sternum] dans la cavité thoracique. D'autres veulent appeler « veines jugulaires » non pas les veines entières, c'est à dire les troncs résultant de cette division, mais seulement leur partie visible insérée dans le cervix [nuque] au-dessus des clavicules. Nous lisons chez les traducteurs des Arabes que les veines jugulaires ont été appelées : Guidez, Guades et par corruption du terme grec : grandes [veines], sphragitides,[veines] juvéniles, veines « pensiles »[44], veines organiques[45], subétiques[46], veines du vertige, veines apoplectiques,et veines du sommeil[47]. Et ilsnomment ainsi aussi bien les veines jugulaires internes qu'externes. Les dernières sont dites « visibles », mais les autres « immergées » et « occultées » [c'est-à-dire profondes].Vous avez ici le dessin de la distribution de la veine jugulaire externe, telle que je l'ai vue le plus souvent : une seule veine court sur le côté du cou, en dispersant quelques branches seulement dans les régions voisines.
VDivision de la veine jugulaire externe en deux branches près de la gorge.
XBranche de la veine jugulaire externe, pénétrant à l'intérieur de la bouche ; elle se distribue de différentes façons dans le larynx, dans les muscles de l'os hyoïde, dans la langue, le palais, la cavité nasale[48]et enfin, elle envoie trois branches dans le crâne, ainsi que quelques-unes dans les yeux.
YBranche externe résultant de la division de la jugulaire externe près de la gorge ; elle envoie un grand nombre de veines dans les muscles et dans la peau de la face, ensuite dans les tempes, les oreilles et enfin dans toute la peau du crâne.
Z,9, oe,*Z est une partie de la branche marquée Y, qui s'étend dans la face [veine faciale antérieure]. 9 indique la veine du front, æ la portion ascendante depuis les tempes, et * indique la veine qui se porte derrière les oreilles jusqu'à la peau de l'occiput. Par ailleurs le reste des veines dans la tête concerne les vaisseaux du cerveau : c'est pourquoi je n'ai pas inscrit de caractères ici, puisque la figure propre à ces vaisseaux sera expliquée au début du quatorzième chapitre. Mais si on veut marquer cette représentation de la veine cave avec des caractères typographiques, qu'on le fasse selon la manière dont nous avons représenté la figure qui devra être placée à la fin de ce livre et qui est destinée à montrer les veines en même temps que les artères : on pourra placer un premier caractère sur le côté droit pour indiquer le sinus que j'appellerai sinus du côté droit [sinus latéral droit][49]ou premier sinus de la dure-membrane [dure-mère] du cerveau, qui forme ici comme un demi-cercle. On pourrait inscrire le deuxième caractère sur le sinus du côté gauche [sinus latéral gauche] ou deuxième sinus de cette membrane qui se trouve sur le côté gauche et qui est également en forme de demi-cercle. On pourrait appliquer le troisième caractère sur le troisième sinus de la dure-membrane [sinus longitudinal supérieur] qui commence à l'endroit où le premier et le deuxième sinus, c'est-à-dire les deux sinus en forme de demi-cercle, se réunissent et où un autre sinus en forme de demi-cercle émerge de ces deux précédents et s'étend en haut ; on voit sa partie postérieure qui a été ombrée près de l'occiput, alors que sa partie antérieure qui se dirige vers le front est claire[50]. Le quatrième sinus [sinus droit] de la dure-membrane qui commence à la partie antérieure de la réunion des trois sinus mentionnés ci-dessus [pressoir d'Hérophile ou confluent] et qui descend verticalement comme vous l'apprendrez en temps utile, n'a pas été dessiné ici. Mais dans la figure placée à la fin de ce livre, il est indiqué par y. En outre ces trois caractères pourraient être suivis d'un quatrième, placé au début du premier sinus de la dure-membrane, pour indiquer l'entrée de la veine marquée N, puis l'entrée de la branche de la jugulaire interne qui pénètre dans le crâne à travers le foramen destiné à la sixième paire de nerfs crâniens. Un cinquième caractère marquerait la branche de la jugulaire interne courant à travers son foramen individuel sur les côtés de la dure-membrane du cerveau. Un sixième annoterait la branche de la jugulaire externe qui entre dans le crâne à travers son foramen individuel [foramen mastoïdien], situé à la base et à l'arrière du processus mastoïde des os temporaux. En plus de ces caractères, on pourrait en inscrire un sur les petites veines qui se dirigent en dessous de la veine du front indiquée par 9 et qui sont ici ombrées, pour indiquer les veines qui cheminent à travers la partie du crâne [lame criblée] sur laquelle reposent les organes de l'odorat, et entrent dans le crâne à travers le foramen servant à la deuxième paire de nerfs crâniens [nerfs oculomoteurs]. Et j'aurais assurément ajouté tous ces signes ici si je n'avais pas eu l'intention de les disposer sur une plus grande figure au quatorzième chapitre. Il aurait été presque impossible d'aborder la disposition des vaisseaux du cerveau sans les artères,
×Nous n'avons pas retrouvé d'autre exemple dans le contexte anatomique de cet adjectif signifiant littéralement « suspendu à » .
׫ Veine organique » désignait en ancien français la trachée, selon Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881-1902, tome X, p 241. André Du Laurens appellera encore les deux jugulaires les veines organiques sans expliquer la raison de l'adjectif dans Œuvres complètes trad en français, par Raphael du petit Val, Rouen, Paris, 1621, (chapitre « La lèpre », p. 23). Grévin les appellera « veines goselières » ; voir mon article : « Traduire et dire les mots du corps en français au XVIe siècle. Les portraicts anatomiques de toutes les parties du corps humain de Jacques Grévin ( 1538-1570) », Le français pré-classique, 20, Paris, Champion, 2018, p. 137-159.
×Venæ subeticæ , parfois subetales ou subethales, traduisant le mot arabe subāt chez Avicenne (Canon lib. I,1), voir Ch. Singer et C. Rabin, A Prelude to Modern Science, Cambridge, Cambridge University Press, 1946, p. 15 ; Paulo Fontoura, « Neurological practice in the Centuriæ of Amatus Lusitanus », Brain 2009, p. 296-308 [303] analyse le terme dans la XVIIe Centuria, en parallèle avec les termes de lethargia, cataphora et coma, caractérisant un état pathologique de sommeil profond, avec absence de parole, et présence de fièvre légère.
×Voir Fabrique p. 296-297[396-397] : les noms des artères carotides internes.
×X et Y. Il s’agit ici des collatérales de la veine jugulaire externe : veine occipitale, auriculaire postérieure, temporale superficielle, rétro-mandibulaire.
×Dit aussi « Sinus transverse sigmoïde ». Sur les sinus veineux de la dure-mère, cf. Fabrique VII, p. 626, qui renvoie à la description du livre III. Accéder à l'article
×Traduction pour lucidus = clair, c'est à dire sans ombre.