Livre III
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Hippocrate appelait aussi la veine axillaire de l'avant-bras droitss La veine axillaire gauche est annotée par r,u « la veine hépatique », du nom qu'il donnait à la veine cave près du cœur. En outre, les branches de la veine cave courant dans le corps du foie se trouvent par-dessus les branches de la veine porte,ff Z au-dessus de Y dans la fig. 13, livre V et les extrémités des petites ramifications de l'une et de l'autre s'unissent les unes aux autres par de petites bouches [abouchements ou anastomoses] ; ainsi, les branches de la veine cave peuvent transporter très rapidement et très aisément le sang élaboré par le foie dans les branches de la veine porte et purgé du sang bourbeux[88]et de la bile jaune, et ensuite l'amener comme nourriture aux différentes parties du corps entier. C'est pourquoi la jonction des veines issues du foie et constituant la veine cave ne se fait pas au milieu de la partie convexe du foie, selon la croyance ridicule du commun des Anatomistes, mais, comme je l'ai déjà rappelé auparavant, elle se fait dans la région du foie qui est la plus proche du côté droit de l'épine dorsale. Il en résulte qu'on ne voit absolument aucune substance du foie recouvrir la partie postérieure de la veine cave, à l'endroit où elle fait face au rachis. Et, contrairement à ce que Galien et tous les professeurs d'anatomie ont cru jusqu'à présent, les branches de la veine cave qui sortent du foie ne forment pas la veine cave de la manière dont la veine porte a été décrite comme résultant d'une collectionuu Dans la fig. du chap. 5, B est constitué de A,A et de 1,2,3,4,5
x l'une d'elles est marquée A
de branches, ou comme nous voyons des racines s'étendre vers la base d'un tronc d'arbre.

La présente figure montre l'arrière de la partie convexe du foie. A et A indiquent le haut de cette partie convexe, qui est en contact avec le septum transverse [diaphragme] à l'avant ; tandis que B et B indiquent sa partie inférieure. C est inscrit sur la partie de la veine cave à l'endroit où elle perce le septum et étire des branches en sa direction. D et E indiquent la région où la veine cave est attachée à la substance du foie. H indique une petite portion de la veine porte. Les autres lettres renvoient à d'autres chapitres que celui-ci.

[Illustration]

Cette figure expose à la vue une portion de veine cave s'étendant à l'arrière du foie. Je l'ai coupée en faisant une longue incision à l'arrière de la veine, puis je l'ai ouverte, de telle sorte qu'on puisse voir les foramina des petites ramifications que la veine cave disperse dans le foie ou qui forment la veine cave. Un A indique l'orifice du vaisseau distribué par la veine cave dans la partie gauche du foie, un autre A indique le vaisseau même. Les deux B indiquent les branches qui se dispersent à travers la partie droite du foie. Les C, de très petits vaisseaux qui se répandent aussi dans la substance du foie depuis la veine cave, en plus des deux très grands vaisseaux. Je ne verrais aucune différence en disant que ces vaisseaux et ces ramifications sortent du foie et forment la veine cave ou qu'ils se diffusent dans la substance du foie à partir de la veine[89]. Par ailleurs D indique la région de la veine cave à l'endroit où elle perce le septum et lui envoie des ramifications.

[Illustrations]

En effet, cette veine est constituée par des branches de la veine cave [inférieure][90], comme si ces dernières entraient dans la veine qui chemine plus ou moins vers le bas à l'arrière du foie et est attachée seulement à une espèce de sinus dans le foie. Ce sont deux très grandes branchesxqui, à proximité du sommet du foie, entrent dans la partie antérieure de la veine cave, mais pas sur ses côtés, ni dans la partie postérieure, et qui ne sont en aucun cas comparables à l'amplitude de la veine cave. En effet, si, comme moi, vous n'avez pas juré une allégeance absolue aux paroles de Galien, et si vous avez gardé foi en vos yeux, vous affirmerez sans aucun doute que la veine cave descend du cœur à l'arrière du foie, et que de la partie antérieure du foie se dispersent deux grandes veines [veines hépatiques], répandant de nombreuses ramifications dans la substance du foie. En plus des veines que la veine cave présente au foie en descendant du cœur pour s'attacher à la substance du foie, vous verrez, sur le reste de son trajet (qui est vraiment très court)yy a descendant sur l'arrière du viscère, de petites branches qui s'étendent également depuis l'avant de la veine cave dans la substance du foie, et qui ne sont jamais en nombre égal chez tous les êtres humains. Et tout cela s'offre si clairement aux yeux de celui qui fait une dissection soigneuse de l'être humain, que quiconque, regardant aujourd'hui la disposition de la veine cave, ne pourrait nier qu'on doive commencer à décrire la veine cave à partir du cœur, parce que cela concerne sa disposition et non pas le flux du sang, et qu'ensuite on expose son trajet vers le haut et le bas[91]. Mais puisque j'admets que le sang contenu dans la veine cave est fabriqué par le foie, j'ai entrepris de décrire la distribution des branches de la veine cave à partir du foie ; je décrirai d'abord la partie de la veine qui se trouve au-dessus du foie, puis celle qui descend vers les parties sous le foie, en remettant à plus tard toutes les controverses concernant l'origine de la veine cave. Cependant, j'exhorte vivement les étudiants à n'accorder aucune foi aux autorités et à disséquer par eux-mêmes, avec soin, non seulement le foie d'un être humain, mais aussi celui de singes et de chiens, chez lesquels la forme du foie est différente tout comme la disposition des branches de la veine cave dans le foie ; ils pourront alors examiner la progression de la veine cave près du foie et du cœur, à condition aussi qu'ils trouvent du plaisir dans cette partie de l'Anatomie qui n'a aucune utilité[92]. J'enseignerai comment faire cela en partie à la fin du cinquième livre et en partie à la fin du sixième livre.

×Le sang dit faeculens est le sang bourbeux, « terreux », trouble, contenant encore de la lie. L'image rappelle le processus de fermentation du vin longuement décrit par Galien  : « Il vaudrait mieux comparer le suc (chyle) conduit par les veines de l'estomac dans le foie, non pas à des aliments secs, mais à une humeur liquide (chyme) ayant déjà subi une élaboration préalable et une coction plus complète. C'est un vin récemment exprimé des grappes, versé dans un tonneau, mais travaillant, déposant, bouillonnant et fermentant encore par sa chaleur naturelle ». La lie ou résidu tombe au fond du vase, la fleur ou partie légère et volatile surnage. Galien poursuit : « Pour suivre la comparaison que j'ai choisie, imaginez que le suc versé de l'estomac dans le foie, par suite de la chaleur du viscère, fermente et bouillonne comme le vin doux et se transforme en un sang pur. Dans cette fermentation les éléments terreux et épais du résidu se déposent tandis que les éléments ténus et légers surnagent comme une écume à la surface du sang », De usu partium IV chap. 3 (trad. Daremberg), Paris, Gallimard, 1994 (t. 1, p. 57-58).
×Nouvel exemple du scepticisme de Vésale.
×On remarque l'absence de références aux planches pour la quasi totalité de cette page 277.
×Affirmation récurrente de Vésale qui suit ici Aristote et considère que la veine cave est originaire du cœur, et nouvelle remise en cause du système galénique.
×Contre pied très ironique au livre de Galien , Utilité des parties, et en même temps affirmation d'un statut scientifique de l'anatomie, indépendant d'applications pratiques éventuelles.