Livre III
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longe l'arrière du cœur et son côté gauche, de telle manière qu'elle ceint la base du cœur comme une couronne [grande veine du cœur ou veine coronaire] et qu'elle disperse des branchesnn E,E dans la fig. 6, livre VI en bas en direction de sa pointe [apex] ; les branches principales sont celles qui gagnent la substanceoo Voyez la fig. 11, livre VI du cœur là où elle est la plus épaisse, d'où vient que nous rencontrons des veines plus nombreuses sur le côté gauche du coeur et là où se trouve le septum entre les cavités [ventricules] du coeur. Cette veine est parfois double, avec une grande veine originaire de la région à l'arrière de l'orifice de la veine cave, et une petite provenant de l'avant.Livre 7 des Procédures anatomiques Mais on observe beaucoup plus souvent une veine unique, même si Galien a écrit qu'elle est toujours double. Avant de gagner les parties supérieures, la veine cave [veine cave supérieure] s'amincit depuis la base du coeur[97], elle perfore son enveloppe et, se dirigeant progressivement vers le centre du corps, elle repose sur la grande artèrepp F au-dessus de H dans les fig. 4 et 5 du livre VI. Voyez aussi la dernière figure, livre III [aorte] ; elle ne peut pas aller en arrière pour s'appuyer sur les corps vertébraux, déjà occupés par l'œsophage, sur lequel s'appuie aussi la trachée ; devant celle-ci se trouve une partie considérable de l'aorte sur laquelle enfin vient reposer la veine cave[98]. Puisque la veine cave est si loin des vertèbres, c'est au moyen d'un admirable artifice qu'il fallait leur présenter une veine pour leur procurer du sang, ainsi qu'aux côtes[99].Pourquoi la veine sans pair [azygos ] devait provenir de la veine cave[100] En effet, puisque le diaphragme empêche la veine cave de distribuer des branches groupées aux vertèbres et aux côtes à l'endroit où elle s'étend en-dessous du foie et dispense des branches aux reins,qq ζ, θ,ι et puisque la base du coeur est située si haut par rapport aux vertèbres, et que les vaisseaux qui se dispersent dans les poumons élèvent la veine si loin des vertèbres au point qu'elle ne peut leur envoyer aucune branche, le Créateur du monde a fait sortir une grande ramification [veine azygos]rr F,F ; o dans la dernière fig. ; G dans la fig. 5, livre VI de la veine cave, après que cette dernière a transpercé l'enveloppe du coeur [péricarde] et dépassé la connexion de la partie droite du poumon avec la gauche (à l'endroit où cette connexionss Voyez la fig. 12 du livre VI est réalisée par les vaisseaux pulmonaires) et l'a conduite plus à l'arrière du corps qu'à l'avant. Cette branche ou veine [veine azygos][101]originaire du côté droit de la veine cave s'incurve vers le bas en direction du corps de la quatrième vertèbre thoracique, et, descendant le long du côté droit des vertèbres, elle se terminett G inférieur
u q dans la planche VII des muscles
avec l'aorte[102]sous le diaphragmeuet rejoint quelques vertèbres lombales. Sur toute sa longueur, cette veine exerce la fonction de la veine cave[103], là où la terminaison de cette dernière n'a pu atteindre les vertèbres comme elle le fait dans la région des reinsxx Q dans la fig. 20 du livre V ; g dans la fig. 22 ni présenter de branches aux vertèbres ou à cette partie du rachis. En outre, cette veine sans pair tire d'elle-même une veine suffisamment grande pour pouvoir produire, comme l'aorteyy i dans la fig. du chap. 12
z G,G
des branches [veines intercostales postérieures]z, en direction des espaces intercostaux de chaque côté du corps, comme je le dirai tout-à-l'heure ; elle ne les disperse pas depuis ses bords, mais depuis le milieu de sa partie postérieure, là où elle s'appuie sur les vertèbres. Parce qu'elle n'a pas de symétrique, car aucune branche semblable n'est produite par la veine cave sur l'autre côté du corps, les Grecs l'ont appelée veine azygos, et nous « veine sans partenaire » et « veine sans pair ». Elle est originaire du côté droit de la veine cave plutôt que du côté gauche, parce qu'elle devait se déployer le long du côté droit du rachis, le côté gauche et le milieu étant plus ou moins occupés par l'organe très important qu'est la grande artère [aorte]. Elle n'est pas non plus originaire de l'avant de la veine cave, pour éviter de faire inutilement un trajet plus long qu'elle ne le fait maintenant, si elle avait dû se retourner sur la droite pour accéder ainsi à l'épine dorsale. Et elle ne pouvait pas non plus être originaire de l'arrière de la veine cave, parce que cette région repose sur d'autres organes, et que de là, son trajet eût été plus dévié vers la droite que maintenant. Cette veine [v. azygos] produit de chaque côté des branches coudées [veines intercostales postérieures], chacune d'elles se dirigeant vers un des espaces entre les neuf côtes inférieures ; celles qui passent dans les espaces entre les vraies côtes s'étendent jusque dans la régionaa A,B dans les fig. 1 et 3 du chap. 19, livre I où les côtes se terminent en cartilages ; celles dans les espaces entre les fausses côtes présentent des ramifications qui s'étendent plus loin que les cartilages et qui sont même entrelacées aux muscles de l'abdomenbb E dans la fig. 1, livre V . Au cours de leur progression dans les espaces intercostaux, ces ramifications en distribuent d'autres qui se dispersent dans les muscles de la région thoracique qu'elles parcourent. Ensuite, de la veine azygos des branches s'étendent en direction de chacune des vertèbres que la veine azygos longe, elles courent dans les corps vertébraux, la moelle spinale et les muscles qui reposent sur ces parties. Ensuite, cette veine présente aussi des branches aux membranes divisant le thorax,cc H,H dans la fig. 1, livre VI, ou G,G,I,I dans la fig. 2 à l'endroit où elles sont continues avec le rachis. Ensuite, on doit prendre en considération qu'une branche est aussi issue des côtés de cette veine, dès qu'elle a quitté son origine et se dirige vers les vertèbres ; cette branche se divise en fins rameaux, passe sur les côtes supérieures de son côté, et là elle se distribue en nombreux vaisseaux, mais très fins, dans la membrane recouvrant les côtes. Ces rameaux ne suivent pas le trajet des côtes selon une disposition rectiligne et ordonnée, comme les branches distribuées aux côtes inférieures, mais ils se dispersent de manière irrégulière.Disposition alternative de la veine azygos Cette disposition irrégulière est fréquente chez les humains (parce que la nature leur a donné un thorax beaucoup plus court qu'aux quadrupèdes)[104], au point que sur une seule année nous avons vu à Padoue, lors d'une dissection publique, un homme et une femme dont toutes les côtes thoraciques étaient nourries [par les rameaux de la veine azygos]. Et à Bologne également, comme je commençais à diriger une dissection (pour ne rien dire des dissections en privé) et qu'une dispute assez violente s'était élevée au sujet de la saignée en cas de douleur latérale[105], il nous est arrivé en même temps pour cette même démonstration trois cadavres d'hommes, dont toutes les côtes thoraciques étaient nourries par des branches de cette veine, ce que personne dans une si grande assemblée d'érudits ne put nier. Comme cela a été quelquefois observé, vous verrez aussi que lorsque la veine azygos a presque rejoint la neuvième vertèbre thoracique, elle

×La conception de Vésale faisant de la veine cave supérieure un prolongement de la veine cave inférieure trahit là encore une conception erronée du sens du flux veineux.
×Cette superposition de vaisseaux est vue du dessus, cadavre allongé sur le dos.
×La phrase annonce un développement sur la providence de la nature.
×En fait la veine azygos se draine dans la veine cave et non l'inverse.
×Le dessin de la veine azygos est nettement grossi.
×Crosse de la veine azygos qui s’abouche dans la veine cave supérieure droite, n’a pas sa symétrique gauche, et draine par un système veineux complexe les veines intercostales. La description de la veine azygos, à laquelle Vésale s'est beaucoup intéressé, dans le contexte des saignées, mais aussi au point de vue anatomique, est claire et fluide.
×Vésale décrit ici la fonction de suppléance donnée à la veine azygos. La veine azygos a pour but de recueillir le sang des parois thoraciques pour le ramener au cœur, usage auquel les veines caves se trouvaient impropres en raison de leur éloignement de la colonne vertébrale. À la fin du chapitre IV de l'édition de 1555 de la Fabrique, p. 443, Vésale fait allusion aux membranes situées à l'embouchure des veines, et donc à celle de la veine azygos également. C'est une observation faite par plusieurs médecins de cette époque, Canano, Lusitanus, Estienne et Sylvius, mais sans conséquence sur la physiologie. Fabrizio d'Acquapendente montrera ces replis dans le corps même des veines De venarum ostiolis, Patavii, ex typographia Laurentii Pasquati, 1603, p. 2, en expliquant qu'elles empêchent le sang de s'accumuler aux extrémités et de dilater les veines.
×L'affirmation fondée sur l'expérience prépare le lecteur à la controverse avec Galien , qui suit le paragraphe.
×Allusion aux démonstrations anatomiques faites à Bologne en 1540 et à la violente dispute avec Curtius. Voir Introduction à l'Epitome (trad. J. Vons et S. Velut), Paris, les Belles Lettres, 2008, p. XL-XLIII. Sur les relations entre Vésale et Curtius, voir l'Introduction à La Lettre sur la saignée (1539) https://www3.biusante.parisdescartes.fr/vesale/pdf/saignee.pdf