Livre III
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se divise en deux troncs, dont l'un [veine azygos] se dirige aux racines des côtes sur le côté droit, l'autre à celles sur le côté gauche [veine hémi-azygos].

Nous avons dessiné dans ces figures deux dispositions de la veine azygos, différant l'une et l'autre de celle indiquée sur la représentation de la veine cave entière. A indique ici le tronc de la veine azygos, B sa branche qui va sur la gauche et qui se divise en plusieurs petites branches, et C dans la figure du bas indique une portion de la veine cave.

[Illustrations]

Parfois vous observerez cependant une grande veine sortant du côté gauche de la veine azygos, à peu près dans la même région ; elle est semblable à la veine [veine mésentérique inférieure]dd S dans la fig. du chap. 5 et γ dans la fig. 4 du livre V qui est de loin la plus grande de toutes les veines issues de la veine porte abordant la membrane inférieure de l'omentum. En effet dès que cette veine a traversé le corps de la vertèbre vers laquelle elle s'étend, elle se divise en deux branches, dont l'une chemine vers le haut, l'autre vers le bas le long des racines des côtes, envoyant chacune des ramifications aux espaces intercostaux sur leur côté propre. Cela se passe comme si la Nature avait quelquefois préféré diriger ici une seule grande branche de la droite vers la gauche, plutôt que porter un seul rameau, fin et ténu, sur chaque vertèbre. Je suis cependant persuadé (même si je ne l'ai jamais vu) que parfois une veine est produite du côté gauche du tronc de la veine cave, là où elle arrive à la gorge, qu'elle se dirige vers le bas en longeant le côté gauche des vertèbres et qu'elle présente des branches aux côtes sur le côté gauche, tandis que celle que nous appelons veine azygos nourrit les côtes sur le côté droit. Et qu'une veine de ce genre puisse être originaire non seulement de la gorge mais aussi d'un peu plus bas est attesté chez l'agneau dans lequel j'ai une fois observé pareille chose. À mon avis, ceux qui étudient l'Anatomie devraient regarder cette disposition extrêmement rare des veines avec la même attention que lorsqu'ils voient parfois un sixième doigt à la main ou tout autre étrangeté. Mais s’il m’arrive d'en observer dans des dissections publiques, je les passe sous silence comme si elles n’existaient pas, de crainte que les étudiants dans notre art ne pensent qu’on les observe dans tous les cadavres[106]. Et j’ai considéré que je devais agir ainsi, non seulement pendant les dissections mais aussi dans ma description de l’homme général, avec d’autant plus de vigilance que l’expérience m’a plus d’une fois appris que les étudiants ont l’esprit toujours attiré par des singularités ; alors qu’ils souffriraient davantage si, pour une dissection complète, ils recevaient ce genre de cadavre, parce qu'il présente plusieurs différences par rapport au canon de l’homme, sauf si, par hasard, ils avaient souvent assisté à des dissections de cadavres correspondant au modèle général et dépourvu de particularités, en ayant toujours à l’esprit le précepte de Galien qui nous a été donné à la fin du premier livre des Procédures anatomiques .Passages où ma description est en désaccord avec l'enseignement de Galien . Livre VII des Procédures anatomiques Je dois ajouter ici que je n'ai rien omis dans l'être humain, mais celui qui lit fidèlement les enseignements de Galien pourrait penser le contraire et commencer par me questionner au sujet du cinquième lobe[107]du foie, qui supporterait la veine cave dans l'intervalle entre le diaphragme et l'enveloppe du cœurdddd Vous pourriez regarder ici les fig. 3,4,5,6 du livre VI et la dernière fig. du livre III [péricarde], selon l'opinion de Galien. Évidemment, puisque Galien avait trouvé ce lobe chez les singes, il a injustement accusé tous les autres maîtres en anatomie de négligence, comme s'ils ne l'avaient pas vu ; alors qu'assurément ce lobe lui aurait également échappé, s'il avait entrepris de disséquer des cadavres d'hommes plutôt que de singes ! En effet, chez l'homme il n'existe aucun espace entre le diaphragme et l'enveloppe du cœur sur le chemin de la veine cave, mais, comme je l'ai enseigné plus haut, à cet endroit les deux organes se rejoignent, et un seul et même foramen leur donne passage ; aucun lobe pulmonaire ne peut supporter cette veine à cet endroit, à moins que l’on soit si ignorant en anatomie au point d’imaginer que cet espace serait caché dans l'enveloppe du cœur (ce qui est complètement absurde). Mais chez les singes à queue, et encore plus chez les chiens, on rencontre un grand espace entre le septum transverse [diaphragme] et la pointe [apex] de l'enveloppe du cœur, et à cet endroit il y a un espace vide entre les membranes divisant le thorax à travers lequel la veine cave s'avance ; en-dessous de cette membrane, il y a un lobe du poumon qui, grâce à l'admirable talent de la Nature, soutient le début de la veine comme s'il le tenait par la main.Livre 6 des Doctrines de Platon et d’Hippocrate ; La dissection des veines ; livre 7 des Procédures anatomiques et livre 2 des Commentaires sur le Régime dans les maladies aiguës d'Hippocrate. Par conséquent si vous comparez la description de Galien pour les chiens et la nôtre pour les hommes, vous reconnaîtrez qu'elles sont vraies toutes les deux[108] ! Mais l'opinion de Galien ruse avec la vérité, lorsqu'il enseigne que les veines distribuées dans les membranes divisant le thorax proviennent toujours de la veine cave avant que celle-ci n'atteigne le cœur, puisque ces membranes acceptent des veines provenant en partie des branchesee L et aussi M,N,Q dans la fig. 1 du livre VI qui cheminent vers elles depuis la gorge, comme vous l'apprendrez, et en partie de la veine azygos. Lorsque la veine cave chemine en direction du cœur, elle ne peut pas toucher les membranes divisant la cavité thoracique, et encore moins leur présenter des ramifications suffisamment fines pour être distribuées en elles. Celui qui veut suivre attentivement Galien dans son livre La dissection des veines pourra s'étonner qu'avant de traiter le trajet de la veine cave au-dessus du cœur, je n'aie pas écrit que la veine faite comme une artère [tronc pulmonaire] est envoyée dans les poumons par la veine cave dès que celle-ci arrive au cœur, car c'est ce que Galien enseigne. La continuité des vaisseaux prouve que cela [= ma description] est conforme à la vérité : puisque nous ne pouvons pas dire qu'une chose naît d'une autre si elle n'est pas en contact avec elle ou tout au moins attenante, et qu'on ne pourrait jamais soutenir que la veine artérieuse [tronc pulmonaire] est originaire de la veine cave. En effet, outre le fait qu'elle a un corps six fois plus épaisgg B,C dans la fig.1 du chap. 15 que la veine cave, elle n'est jamais au contact de la veine cave, car une portion conséquente de la substance du cœur se trouve entre le bord supérieur de l'orifice de la veine cave et le bord droit de l'orifice de la veine artérieuse [tronc pulmonaire]. L'orifice de cette veine

×Voir Jacqueline Vons, « Variations anatomiques et philologiques chez André Vésale », Histoire des sciences médicales, 2012, 46 (4), p. 425-434. Accéder à l'article.
×Sur les lobes du foie, voir Epitome (trad. par J. Vons et S. Velut), p. 126 n. 899 et Fabrique V, p. 506-507.
×Vésale montre que l'erreur de Galien vient du fait qu'il a décrit la veine azygos chez des mammifères. Selon Sylvius (Jacques Dubois), Galien a décrit l'origine de la veine azygos au-dessous du cœur parce que les hommes de son époque avaient un thorax plus long car le sternon était alors composé de 7 os, dans Introduction sur l'anatomique partie d'Hippocrate et de Galien , trad. J. Guillemin, Paris, J. Hulpeau, 1555, p. 65v.