Livre III
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La portionll X qui pénètre dans la bouche a de petites glandes [ganglions parotidiens]mm A dans la planche I des muscles à l'endroit de ses premières divisions ; ce sont les glandes inférieures dans la gorge, que nous recenserons dans le sixième livre comme étant le troisième genre de glandes. Ces glandes qui sont préposées à la distribution des vaisseaux dispensent de petites branches reçues de la partie interne de la veine jugulaire externe ; des branches dignes d'attention sont également distribuées au larynx et aux glandes qui y sont attachéesnn L dans la planche VI des muscles [glandes thyroïdiennes], aux muscles de l'os hyoïde, à la langue et à toute la région de la gorge ; la plus grande d'entre ces branches chemine sous la langue sur toute sa longueur, se divisant en une multitude de petites veinesoo elles sont visibles quand la langue est relevée qui courent çà et là. À côté de la grande branche entrant dans le crânepp E dans la fig. chap. 14 et λ dans la dernière fig.
q g dans les fig. 2 et 3, chap. 12, livre I
par le foramenqcreusé à l'arrière du processus mastoïde, cette portion de veine jugulaire envoie d'autres branches dans le palais et dans la tunique recouvrant la cavité nasale ; à partir de ces dernières, d'autres ramifications,rr sous le 9 ; et aussi μ dans la dernière fig. et G,H dans la fig. du chap. 14 qui ne sont pas négligeables, atteignent le crâne. L'une d'elles pénètre dans le crâne en passant par le foramen [fissure orbitaire supérieure]ss G dans les fig. 1 et 3, chap. 12, livre I fait pour la deuxième paire de nerfs crâniens et disperse un grand nombre de petites veines dans la dure-membrane ; une deuxième ramification se présente à la dure-membrane, entrant dans le crâne par le plus grand des foramina [lame cribrée]tt I dans la fig. 3, chap. 12, livre I creusés dans le huitième os de la tête [ethmoïde] en vue des odeurs[122]. Dès que ces ramifications entrent dans le crâne, elles donnent de fins rameaux à l'oeil, et se dispersent parfois dans la peau du front. La partie externeuu Y de la veine jugulaire externe passe toujours par les parties externes de la tête. Comme la partie interne, dont nous avons déjà décrit la disposition, elle reçoit également de petites glandes préposées à sa distribution, qui sont situées à l'endroit où la mandibule est articulée avec la mâchoire supérieure. Elle se divise en deux entre ces glandes, et envoie une branchexx Z [veine faciale] aux joues, aux ailes du nez et au front dans diverses directions, l'autre aux tempeszz æet à la régionyy 9 des oreilles[123]. Cette dernière branche se divise à son tour en deux branches principales, et présente l'une à la tempe de son côté, de manière complètement instable et erratique, et l'autre derrière les oreilles dans la peau de l'occiput. Mais les branches de la veine jugulaire externe réparties dans la face et dans la peau de la tête ont ceci de particulier, que les veines du côté droit se mêlent à celles du côté gauche et se réunissent, plus particulièrement dans la face et au vertex, et surtout au front ; la veine du front est généralement formée de petites branches des deux veines jugulaires qui se dirigent en haut à travers les angles internes des yeux. En outre, à travers les petits foraminabb ∫,∫ dans la fig. 4, chap. 12, livre I et les sutures des os du vertex, de petites veinescc F,F dans la fig. 1, livre VII très fines s'avancent dans le crâne de la même manière que d'autres émergent de l'intérieur du crâne dans la peau [du crâne], comme je le dirai quand nous traiterons en particulier la disposition de vaisseaux du cerveau. Mais il vaudra mieux réserver cela pour un peu plus tard, quand nous aurons terminé de décrire l'entrée des artères dans le crâne, parce que les connexions des veines et des artères du cerveau sont très complexes et qu'il serait difficile de les comprendre tant que l'on ignore la distribution des artères dans le crâne. Mais n'importe qui peut facilement entreprendre la lecture du septième chapitre à partir de celui-ci, qui sera consacré aux vaisseaux du cerveau, ou bien tout de suite, ou bien en suivant l'ordre des chapitres.

Chapitre VIII. La disposition de la veine axillaire et de la veine de l'humérus dans le membre supérieur

Il a été dit auparavant que deux veines originaires de la veine cave se propagent dans le bras [membre supérieur], l'uneaa I vers m avant que la veine cave ne dépasse la cavité thoracique [veine axillaire], l'autre [veine céphalique]bbbb a,a
cc T
à partir de la veine jugulaire externe,cà l'endroit où cette dernière a légèrement dépassé la clavicule et le sommet du sternum. Cette veine qui progresse sous l'acromion et la claviculedd sous λ et Q dans les dernières fig. du livre I jusque dans la partie externe du bras est appelée « veine du bras »[124][veine céphalique] puis « veine externe de l'avant-bras ». Celle qui chemine par l'aisselle dans la région interne du bras est appelée « veine axillaire » et « veine interne de l'avant-bras ». Et bien que ces deux veines se ramifient en de nombreuses branches[125], les unes superficielles et sous-cutanées, les autres, profondes et circulant entre les muscles recouvrant les os, la veine axillaire, beaucoup plus grande et plus volumineuse que la veine du bras se distribue en vaisseaux plus fréquents et plus nombreux. La veine du bras [veine céphalique][126]est originaire du côté externe [latéral] de la veine jugulaire externe après une distanceee entre I et a à côté de T beaucoup plus petite qu'on ne le pense habituellement, elle provient parfois même du tronc commun [veine sous-clavière]ff comme sur le côté gauche de la dernière fig. de cette veine avec la veine axillaire, à l'endroit où ce tronc dépasse la première côte thoracique ; dispersant les branchesgg b,c,d,d que nous avons recensées dans le chapitre précédent, elle contourne la partie dorsale de la clavicule, et avance sous l'acromionhh entre P et Δ dans la planche III des muscles par une ligne de L à Q entre le côté interne du muscle supportant le bras [muscle deltoïde] et le solide tendon du muscle [muscle grand pectoral] portant le bras vers la poitrine. Ensuite, supportée par la membrane charnue sous-cutanée, elle se dirige vers le bas ; son trajet est visible chez tous les êtres humains, sans même disséquer, sauf chez ceux qui ont de très fines veines ou qui sont obèses. Elle s'avance donc vers le bas par la face antérieure de l'avant-bras (mais plus par le bord latéral) le long du bord externe [latéral] du muscle fléchisseur de l'avant-brasii Θ dans la planche VI des muscles le plus antérieur [muscle biceps brachial].Disposition de la veine du bras [veine céphalique] à l'articulation du coude Au cours de son trajet en direction de l'articulation du coude, elle dispense seulement de fines brancheskk e,e,e symétriquement à la peau adjacente et dans la région antérieure [loge ventrale] du premier muscle fléchisseur de l'avant-bras ; ces fines branches, les unes verticales, d'autres en diagonale, d'autres transversales, courent dans la peau, et semblent parfois s'étendre vers la région interne du bras jusqu'aux branchesllll ∫ de la veine axillaire distribuées dans la peau, et s'unir avec elles. Quand la veine du bras [veine céphalique]mmmm f rejoint l'articulation du coude, à l'endroit du tubercule externe de l'humérusnnnn fig. 1,2, chap. 23, livre I [épicondyle latéral], elle se divise en trois branches :

×Fabrique I, p. 32, www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01033&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=7
×Sur cet ensemble de veines superficielles et profondes affluentes de la veine jugulaire externe, voir Epitome (trad. J. Vons et S. Velut), p. 72 et p. 128, notes 124 et 125.
×(Vena) humeraria est une traduction du grec ὠμιαία signifiant veine « de l'épaule », utilisée pour la première fois, semble-t-il, par Guinter d'Andernach dans la traduction qu'il donna en 1528 du traité galénique De anatomicis administrationibus (lib. III, cap. 5), Paris. Voir Ch. Singer et C. Rabin, A prelude to Modern Science, Cambridge University Press, 1946, p. 7. Ce que Vésale appelle la « veine du bras », correspond à une partie du trajet de la veine céphalique. Celle-ci naît à la face dorsale du pouce et draine le réseau dorsal de la main. Elle passe par le poignet, contourne le bord latéral de l'avant-bras, chemine à sa face ventrale, jusqu'à la fosse cubitale où elle reçoit la veine céphalique médiane issue de la veine antébrachiale. Au bras, elle suit la face latérale et perfore le fascia brachial à son tiers proximal, chemine ensuite dans le sillon delto-pectoral puis traverse le fascia clavi-pectoral. Elle se termine dans la veine axillaire, en décrivant une crosse (voir « veine céphalique » dans https://anthropotomia.univ-tours.fr/v2/glossaire/glossaire-les-veines.html). Sur l'origine et l'interprétation de l'adjectif « céphalique » voir note 132 et items de la grande figure p. 272-273 [372-373].
×Vésale regroupe sous ce nom l'ensemble des veines brachiales.
×L'origine de l'adjectif céphalique dans ce contexte est discutée. En dépit de son apparence, le terme ne semble pas avoir été introduit en latin directement du grec κεφαλὴ (la « tête »). Une première mention a été relevée dans une traduction du livre X du traité galénique De anatomicis administrationibus établie par Hubaish b. al-Hasan au IXe siècle, au sens de « veine de la tête ». Les traductions latines d'Haly Abbas par Étienne d'Antioche, natif de Pise (1127), celles d'Albucasis et d'Avicenne par Gérard de Crémone (ca. 1170), un compendium de médecine arabe référencé comme une Anatomia vivorum Galeni (c. 1225) permirent la diffusion de l'adjectif. Voir Ch. Singer et C. Rabin, A prelude to Modern Science, Cambridge University Press, 1946, p. 7. ; voir aussi R. Abdellatif, Y. Benhima, D. König, E. Ruchaud, Acteurs des transferts culturels en Méditerranée médiévale, Ateliers des Deutschen Historischen Instituts Paris, Munich, 2012.