Livre III
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disséquant ou en les ayant interceptés par un lien enserrant le bras, lorsque nous coupons une veine ; on pourra ainsi apprécier combien nos Esculapes (si je peux m'exprimer ainsi) se trompent lourdement pendant leurs phlébotomies, lorsqu'ils se ridiculisent en débattant gravement s'il faut couper la veine de l'humérus, la veine commune ou la veine axillaire dans le même bras, et qu'ils pensent ouvrir la veine de l'humérus, toutes les fois qu'ils ouvrent la veine entre le pouce et l'index, et la veine axillaire toutes les fois qu'ils coupent la veine entre l'annulaire et le petit doigt, ou celle entre le médius et l'annulaire, comme d'autres préfèrent. Mais qui ne voit pas que ces gens, quelle que soit la veine qu'ils décident d'ouvrir dans l'avant-bras, n'ouvrent en fait aucune autre veine que la branche [veine médiane cubitale]mm t de la veine axillaire qui s'étend dans la veine commune ?La disposition des veines est très variable Par ailleurs, de même que la disposition des veines dans la peau de la main est très variable même chez un seul individu, cette distribution est également variable dans l'avant-bras[136]. En effet, parfois, la réunion des deux veines médianesnn h,t, vers α pour former le début de la veine commune ne se fait pas au pli du coude, mais beaucoup plus bas, non loin de la moitié de la longueur de l'avant-bras. Quelquefois, la branche issue de la veine du bras qui forme la veine commune est cachée, mais la branche de la veine axillaire est bien visible à cet endroit. Parfois c'est le contraire. Il arrive plus d'une fois que la branche de la veine axillaire, qui se porte vers la veine commune, soit beaucoup plus fine, ou au contraire, plus volumineuse que la branche de la veine de l'humérus [veine céphalique], et parfois l'une ou l'autre est double. Tantôt (et cela arrive souvent) au lieu d'aller à la face externe de l'avant-bras, la troisième brancheoo i de la veine de l'humérus est totalement absente, et elle est suppléée par de petites branches qui courent de la veine communepp a à la peau et sont parfois issues de la branche de la veine axillaire qui s'étend sur toute la longueur de l'ulna.

Chapitre IX. Disposition de la veine cave et de ses branches sous le diaphragme [veine cave inférieure]

De nombreuses et grandes branches sont issues de la partieqq ζ et aussi Q dans la fig. 20, livre V ; g dans la fig. 22 ; P dans la fig. 25 de la veine cave qui s'étend le long des vertèbres lombales sous le foie. Cette disposition est la suivante.Une veine se porte à l'enveloppe du rein gauche Dès que la veine cave [inférieure] s'est avancée vers le bas en longeant l'arrière du foie et qu'elle ne lui est plus attachée, elle se porte un peu en diagonale en dedans depuis les parties du corps qui sont plus ou moins à la droite du milieu du rachis, et là elle émet depuis son côté gauche une brancherr η, et aussi de X à V dans la fig. 20, livre V [veine rénale et veine surrénale][137], pas très grande, qui se disperse par un très grand nombre de vaisseaux essentiellement dans la tunique grasse et membraneuse du rein gauche ; cette tunique est originaire du péritoine, elle recouvre le rein et le maintient ainsi attaché au rachis. Cette veine a parfois un rameau provenant du côté droit du tronc de la veine cave.[Une veine se porte à l'enveloppe] du rein droit La veine [veine surrénale]ss κ et aussi Y dans la fig. 20, livre V qui parcourt la grasse tunique du rein droit et les régions adjacentes au péritoine ne provient pas du début de la veine cave mais de la région supérieure de la veine [veine rénale droite]tt θ par laquelle le sang séreux[138]est porté au rein droit. Parfois encore la veine qui se disperse dans la tunique du rein gauche au moyen de nombreuses ramifications est originaire de celle qui s'avance vers le rein gauche, quand celle qui se présente à la tunique du rein droit provient du côté droit de la veine cave.Les veines rénales À l'endroit où elle prend appui sur la région du milieu du rachis[139], la veine cave [inférieure] émet symétriquement une veine très volumineuseuu θ, ι et aussi a,b dans la fig. 20, livre V et m,n dans les fig. 22,23 qu'elle distribue dans les reins, la veine droite au rein droit et la gauche au rein gauche. Comme la disposition des reins est très variable, l'origine de ces veines sur chacun des côtés de la veine cave n'est pas exactement en vis-à-vis l'une de l'autre. En effet, comme le rein droit est généralement situé plus haut que le rein gauche, l'origine de la veine du côté droit est située plus haut que le début de la veine à gauche. Mais si le rein gauche est situé plus haut que le rein droit (ce qui arrive plus souvent que ne le disent les professeurs d'anatomie)[140], la veine qui entre en lui pour ainsi dire transversalement en provenance de la veine cave [inférieure] a une origine située plus haut que la veine du côté droit. C'est pourquoi les origines de ces veines ne sont jamais situées l'une en face de l'autre, comme je le rappellerai dans le cinquième livre qui traitera de la fonction des reins[141]. Car l'exposé actuel doit être consacré essentiellement à la distribution des branches de la veine cave [inférieure]. Les veines qui s'étendent aux deux reins sont très volumineuses ; dès qu'elles atteignent la partie concave [hile] des reins humains, elles se divisent en deux branchesxPour ceci, voyez la partie concave des reins dans les fig. 20,22,23,25, livre V et se dispersent ensuite dans la substance des reins d'une manière très subtile que tous les Anatomistes ont ignorée jusqu'à présent ; j'expliquerai dans le cinquième livre comment cela a lieu.Disposition de la veine séminale gauche [veine génitale, testiculaire gauche][142] Par ailleurs, une veine provient de la partie inférieurezz λ,λ et approximativement du milieu de la course de la veineyy i qui va au rein gauche [veine rénale gauche] : elle chemine tout entière jusqu'au testicule gauche des hommes, si on excepte de fines petites veinesaa g à partir de e dans la fig. 20, livre V. Voyez aussi les fig. 22 et 23 pour la disposition de cette veine qu'elle dirige au péritoine, à l'endroit où elle passe, et aux membranes ou tuniques qui entourent le testicule gauche et ses vaisseaux séminaux. En effet, cette veine [veine testiculaire gauche] est attachée au péritoine, à l'endroit où il repose sur les chairsbb Θ,Ξ dans la planche VIII des muscles des lombes[143], et se dirige vers le bas sur l'os du pubis ; lorsqu'elle l'a franchi et qu'elle sort de la grande cavité du péritoine, elle forme différents gyri et circonvolutionscc ν, ou bien voyez de δ à ε dans les fig. 22, 23, livre V ou N,O dans la figure 23 [plexus pampiniforme], dont la base est attachée à la partie supérieure du testicule, distribue de fines veines dans la tunique proximale de la substance du testicule, et se disperse au moyen d'autres veines très nombreuses à travers toute la substance du testicule, comme cela sera développé dans le cinquième livre où je traiterai des organes de la génération. La veine qui va au testicule gauche reçoit quelquefois une veine provenant du début de la veine cave, sous l'origine de la veine

×Vésale aligne ici une série de variations morphologiques. Il faut rappeler que son public était composé d'étudiants en médecine mais aussi de chirurgiens chargés de saignées.
×La veine surrénale principale (également appelée veine capsulaire moyenne) gauche est afférente à la veine rénale. Pour Vésale, il n'y a qu'une seule veine émergeant de la veine cave inférieure, avec deux veines qui en dérivent : la veine surrénale et les veines génitales (spermatique ou ovarienne) gauches.
×Le même adjectif serosus est utilisé dans l'Epitome, au chapitre VI consacré à la génération (trad. J. Vons et S. Velut), p. 109.
×En fait, les veines rénales viennent s’aboucher sur les faces latérales de la veine cave inférieure au niveau de la première vertèbre lombale.
×En fait le rein droit est situé plus bas (L1-L3) que le gauche (T12-L2). Cette observation de Vésale placée entre parenthèses, tirée de son expérience, sera développée dans le cinquième livre de la Fabrique.
×Vésale revient sur ces variations morphologiques dans le livre V, chap. 10, p. 515, mais les illustrations de ce chapitre se réfèrent à des reins canins. On considère généralement aujourd'hui que le rein droit est légèrement plus bas L1-L3) que le rein gauche, 5T12-L2).
×Vésale ne précise le sexe que lorsqu'il décrit des organes féminins. Le modèle de référence reste le masculin.
×Il s'agit du muscle grand psoas et muscle carré ou quadratus des lombes. Le terme de « chair » est emprunté à Aristote qui nommait ainsi les muscles, cf. Fabrique II, p. 231.