Livre III
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si ce sang descend là et s'y accumule. Ensuite, cette branche interne diffuse une veinegg χ qui mérite l'attention : elle entoure le côté droit de la vessie chez les humains de sexe masculin, se scinde en plusieurs petites branches, qui se dirigent au col de la vessie ou au pénis et s'y dispersent en très nombreuses petites veines[149]. Cette disposition est toujours faite de telle manière que les branches se dirigeant au col de la vessie soient plus épaisses et plus grandes que celles qui vont à sa base. Chez les femmes cette veinehh y dans la fig. 25, livre I [V] émise par la branche interne est supportée par une épaisse membrane[150] ; certaines de ses petites branches vont à la vessie, mais elles sont plus nombreuses à courir vers la partie inférieure du fond de l'utérus ; d'autres, peu nombreuses mais remarquables, se dispersent aussi dans le col de l'utérus [veines utérines].Les veines d'où s'écoule, croit-on, le sang menstruel des vierges C'est par ces petites branches que les purgations des menstrues[151]se font chez les vierges et chez quelques femmes dans les premiers mois de leur grossesse, selon l'opinion des professeurs d'anatomie, bien que pour ma part, je considère que chez les autres femmes [c’est-à-dire qui ne sont pas enceintes] aussi une grande quantité de ce sang continue à s'écouler par l'orifice de ces petites veines. Plusieurs Arabes ajoutent que cinq petites veines se diffusent au milieu du col de l'utérus, et enseignent que les orifices des veines à droite se joignant aux orifices des veines à gauche forment l'hymen des jeunes filles[152] ; ils appellent cette abondance de veines qui se rassemblent à cet endroit un cento (comme on le lit dans les livres des traducteurs des Arabes)[153]. Ce qui reste de la branche interneii ρ du tronc gauche résultant de la division faite au-dessus du sacrum s'étend en direction de l'os du pubis et s'adjoint une veine provenant de la branche externe [veine obturatrice]kk ϖ provenant de ϛ du tronc de la veine cave ; cette veine rejoint celle qui reste de la branche interne et forme avec elle une veinell ει La veine qui passe par le foramen de l'os du pubis en direction du fémur qui traverse d'abord le péritoine, puis le dixième muscle moteurmm F,G,H dans la planche XVI des muscles de la cuisse [muscle obturateur interne], passe par un foramenn r dans les fig. 1,2,3, chap. 29, livre I de l'os pubis et émerge dans la jambe ; elle réclame pour elle une fossette individuelleoo ∫ dans les mêmes fig. dans la partie supérieure de ce foramen, qu'elle traverse avec son artère partenairepp ϛ dans la fig. du chap. 12 et un nerfqq chiffre 66 dans la fig. 2, chap. 11, livre IV
r b dans la planche XIV des muscles
; elle traverse la membrane [membrane obturatrice]r de ce foramen ainsi que le neuvième muscle moteur de la cuisse [muscle obturateur externe]ss Ψ dans la planche VIII des muscles en envoyant des branches aux muscles qu'elle parcourt. Quand elle atteint le membre inférieur, elle se distribue dans les muscles originaires de l'os pubis, c'est-à-dire dans la partie supérieure du deuxième musclett Δ dans la planche XVI moteur du tibia[154], originaire de la symphyse des os du pubis. La partie inférieure de ce muscle reçoit des branches [veines fémorales profondes]uu de ϗ de la très grande veine [veine fémorale] qui va à la jambe. Depuis la veine qui passe à travers le foramen de l'os du pubis [veine obturatrice], des branches se dispersent dans la partie du cinquième muscle moteur de la cuisse [muscle grand adducteur]xx Φ,c dans la planche VIII originaire de l'os du pubis, ensuite dans le huitième muscle moteur de la cuisse [muscle vaste]yy ρ dans la planche VI
z H, K dans les fig. 1,2, chap. 49, livre II
et aussi dans les muscleszdu pénis ; de ces branches partent de très fins vaisseauxaa α(inversé) qui s'avancent dans la peau de la partie interne de la cuisse dans la région de l'aine. Outre ces branches qui s'étendent à ces muscles et à la peau, une autre branchebb près de ει accède à l'articulation de la hanche, et entre dans l'acétabule de l'os de la hanche par une fossette individuellecc h dans les fig. 1 et 2, chap. 29, livre I Bien que cette veine cheminant dans le membre inférieur envoie un nombre considérable de branches, elle avance rarement au-delà de la moitié de la cuisse, mais il arrive parfois que sa branche principale, dispensée au cinquième muscle moteur de la cuisse, s'unissedd à ϗ
e 2
ff ϛ
à une veine provenant de cette grande veineede la jambe. Quand la veine externeffdu tronc de la veine cave approche en diagonale de la jambe, avant de perforer le péritoine, elle émet de son sommet une veine médiocrement grande [veine épigastrique inférieure]ggg Γ qui se dirige en haut à travers le péritoine en direction de l'avant de l'abdomen et qui communique symétriquement de petites branches au péritoine. Lorsqu'elle s'est ainsi entrelacée dans le péritoine, elle monte vers le muscle droithhhh de e à f dans la planche VI des muscles de l'abdomen, traverse le péritoine et s'insère dans la partie interne ou postérieure de ce muscle, en distribuant en même temps et symétriquement une grande variété de veines dans le muscle transverse de l'abdomen, dans les muscles obliques qui sont couchés sur lui et dans les autres parties proximales, progressant toujours verticalement sous le muscle droit. Lorsqu'elle s'est avancée au milieu de l'abdomen un peu au-dessus de l'ombilic,iiii M sa terminaison se disperse en nombreuses veines faisant face aux petites branches issues de la veine [veine épigastrique supérieure] venant du haut du thoraxkkkk L sous le sternum, comme nous l'avons rappelé. Nous pensons que par l'intermédiaire de cette veine, il y a une communication entre les seins et l'utérus : tous les médecins s'accordent pour dire que c'est par cette veine que le sang des veines des seins est porté dans l'utérus pour nourrir le fœtus, et que, lorsque la femme allaite, il y a révulsion du sang menstruel depuis les veines de l’utérus dans les veines des seins. Tous écrivent que la veine qui se dirige de haut en bas [veine épigastrique supérieure] distribue des branches dans le corps des seins, même si à notre avis, cela ne devrait pas être considéré comme allant de soi[155]. La veine ascendante a son origine pas très loinllll Γ n'est pas loin de χ, ou bien η dans la fig. 25, livre V des veines de l'utérus. Cependant, à son origine, elle a une autre veine,mmmm Δ comme une sorte de partenaire, qui chemine vers les parties génitales. La branche externennnn ϛ du tronc gauche de la veine cave s'avance dans la cuisse en passant par dessus l'os coxal et à travers le péritoine ; ce faisant, elle émet de sa région interne une autre veine qui se dirige vers le milieu des osoooo ϛ dans les dernières fig. du livre I du pubis, là où ils s'unissent par l'intermédiaire d'un cartilage ; cette veine se disperse différemment chez les hommes et chez les femmes. Chez les hommes elle se disperse dans l'enveloppepppp r,∫ dans la fig. 20, livre V du pénis[156]et dans le scrotum[157], chez les femmes dans les collicules des parties génitales et dans les caroncules cuireusesqqqq ε dans la fig. 25, livre V (qu'on appelle nymphe en grec)[158]ainsi que dans les parties voisines, au moyen de très nombreux vaisseaux. En outre la veine qui se dirige vers le haut [veine épigastrique inférieure] sous le muscle droit de l'abdomen n'a aucune veine partenaire pour descendre dans l'utérus (le commun des médecins pense le contraire), mais comme je l'ai indiqué auparavant, elle n'est pas très éloignée de celles qui se dispersent dans l'utérus. De fait, elle est originaire de la branche externe du tronc gauche de la veine cave, alors que ces veines sont originaires de la veine interne de la branche interne de ce tronc et se diffusent dans le col de l'utérus et dans la partie inférieure de sa base.

×Il s’agit de toutes les veines viscérales (vésicales, utérines) et périnéales (pudendales internes) se drainant dans les veines iliaques internes droite et gauche.
×Probablement la couverture péritonéale partielle de l’utérus, organe dont Vésale a bien mis en évidence l’épaisse structure musculaire (myomètre).
×Ce passage est plus développé et modifié dans l'édition de 1555 de la Fabrique, livre V, p 765.
×Cette observation qui remet en question des croyances fausses attribuées à l'hymen sera développée dans l'édition de 1555 de la Fabrique, livre III, p. 476. Voir Daniel H. Garrison et Malcolm H. Hast, The Fabric of the Human Body, Bâle, Karger, 2014, t. II, Appendix B, chap. 15, livre V, p. 1083.
×Un cento à l'origine est un manteau fait de plusieurs pièces de tissu assemblées les unes aux autres. Dès l'antiquité il a désigné des œuvres littéraires ou musicales composées à partir d'éléments antérieurs réutilisés pour faire un texte nouveau.
×Il s'agit du muscle gracilis (ou muscle droit interne). Vésale distingue le membre inférieur (crus), la cuisse (fémur) entre le pubis et le genou et la jambe (tibia) soit la partie du membre inférieur comprise entre le genou et la cheville. Pour éviter les confusions, les muscles moteurs de cette dernière partie sont désignés dans la traduction comme les muscles moteurs du tibia, en accord avec la traduction de l'Epitome.
×La phrase exprime l'attitude sceptique de Vésale qui s'exprimera plus nettement sur la question dans l'édition de 1555, livre V, chap. 15.
×Il s'agit de la vaginale du testicule.
×Scortum (le cuir) est une forme récurrente dans la Fabrique et dans l'Epitome pour désigner le scrotum (la bourse). L’erreur typographique n’est cependant pas certaine. Dans l’énumération des parties du corps dans l'Epitome (trad. J. Vons et S. Velut ) le nom scortum est justifié par son étymologie (inuolucrum quod ex cute paratum scortum dicitur : « l’enveloppe qui est appelée scortum car elle est faite de peau »), p. 210-211 (voir aussi p. 136 note 237). D. R. Langslow, Medical Latin in the Roman Empire, Oxford, University Press, 2000, p. 182-183, mentionne l’origine métaphorique du nom scrotum (scrautum, « sac en peau »). Le terme scrotum est conservé dans la terminologie actuelle.
×Cf. Fabrique V, chap 15, p 535. Voir J. Grévin, Les portraits anatomiques de toutes les parties du corps humain, Paris, A. Wechel, 1569.