Livre III
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Je décrirai les organes propres au fœtus dans le cinquième livre ; vous y apprendrez que le fœtus est contenu dans l'utérus par trois tuniques ouaa Voyez dans l'ordre les petites planches sur la fig. 30, livre V enveloppes, dont la plus externe est appelée chorion par les Grecs, « secondine » ou « secondes » par les Latins, parfois aussi « petits lieux »[182], comme l'utérus lui-même. Pendant qu'un enfant [sic] est porté dans l'utérus, les veines et les artèresbb n,y dans la fig. 25 du livre V qui cheminent vers le fond de l'utérus se terminent dans cette enveloppe [placenta][183]formant pour ainsi dire de nouvelles veines et artères qui s'y dispersent en une multitude de vaisseaux.Origine de la veine et des artères ombilicales Les veines et les artères comprises dans cette multitude de vaisseaux se rassemblent progressivement ici, et devenant moins nombreuses, elles se joignent mutuellement, les veines avec les veines, les artères avec les artères. Ces branches ainsi jointes forment progressivement de nouvelles branches, moins nombreuses et plus amples, jusqu'à ce que toutes les veines finissent par n'en former que deux, et de même pour les artères. Les veines et les artèrescc N dans la fig. 30, livre V ainsi formées à partir de l'enveloppe externe [placenta] pénètrent les deux autres tuniques entourant le fœtus ; ces tuniques reçoivent aussi de petites branches qui cheminent à travers leur corps membraneux.Cheminement de la veine ombilicale Lorsque les veines se sont avancées jusqu'à l'ombilic, elles s'unissent rapidement pour n'en former qu'unedd F dans la fig. 2, livre V seule[184] ; et en effet, parfois on ne voit qu'une seule veine sortir de l'enveloppe externe [placenta]. Elle pénètre l'ombilic et s'attache au péritoine ; elle chemine vers le haut et s'insèreee G dans la fig. 2, livre V ; M dans la fig. 12 et D dans la fig. 20 sur la large incisure du foie, située chez les humains à droite du cartilage ensiforme [processus xiphoïde du sternum], à l'avant du foie ; la veine de l'ombilic passe dans cette incisure comme à travers un foramen ou un canal, et est conduite à travers la substance du foie vers la cavitéff D vers G dans la fig. 20, livre V
g I dans la même fig.
du foie non loin de l'origine de la racinegde la veine porte. Vous devez examiner cela soigneusement au cours d'une dissection, car si vous regardez trop rapidement l'entrée de la veine dans le foie, vous pourriez penser qu'elle s'insère à mi-chemin entre la partie concave et la partie convexe du foie, et vous auriez une fausse idée de cette incisure du foie (qui n'existe que chez l'être humain). Chez quelques animaux, chez les chiots par exemple, il arrive qu'une branche, ou parfois deux, se dirige au centre du mésentèrehh L,L dans la fig. 10, livre V
F dans la fig. 2, livre V
en provenance de cette veineiavant que celle-ci n'atteigne le foie. C'est pourquoi je voudrais que vous notiez cela avec soin, à cause de certains passages dans le livre deGalien, La formation du fœtus , où il dit que le foie est formé par le cours de cette veine avant le cœur.Cheminement des artères Par ailleurs, les artèreskk ρ dans la fig. du chap. 12 ; K,L dans la fig. 2, livre V insérées sur l'ombilic continuent vers le bas sur les côtés du fond de la vessiell n dans la fig. 2, livre V
m entre ξ et ϛ dans la fig. du chap. 12
et se joignent aux branches [artères utérines]mde la grande artère [aorte] résultant de la division principale de l'artère au-dessus du sacrum. Les artères qui entrent dans l'ombilic s'unissent avec les branches de la grande artère [aorte] qui descendent dans la jambe à travers le foramen des os du pubis, comme nous l'enseignerons.Fonction de la veine et des artères ombilicales Le fœtus se nourrit par la veine ombilicale et sa chaleur innée est restaurée par les artères. Quand l'enfant est né, les sages-femmes coupentpp S dans le quatrième schéma, fig. 30, livre V immédiatement ces vaisseaux, tout près du ventre, en même temps que le canal urinaire [ouraque]nn M dans la fig. 2, livre V qui transporte l'urine depuis la vessie du fœtus entre l'enveloppe intime [amnios]oo entre O,O et M,M dans la troisième planche, fig. 30, livre V ,et la seconde enveloppe du fœtus [chorion], tandis que les animaux privés de raison coupent les enveloppes du fœtus avec leurs dents et les mangent la plupart du temps. Ce qui reste de ces vaisseaux dans le corps finit par se dessécher avec le temps, redevient membraneux, et se rétracte à la manière d'une corde. Je vous détaillerai dans le cinquième livre la procédure de dissection au moyen de laquelle vous pourrez observer tout ceci non seulement dans des corps de fœtus mais aussi de vieillards, quand j'expliquerai la dissection des organes de la nutrition et de la génération. Mais j'ai décidé de rappeler ici ce que devient la veine de l'ombilic chez les adultes pour qu'on ne m'accuse pas de l'avoir oubliée : donc la veine s'étend de l'ombilic au foie et s'insère dans le foie comme nous l'avons dit. Après la naissance, tous ces vaisseaux deviennent secs et pour ainsi dire nerveux, ils sont enveloppés d'une couche de graisse, mais dans les fœtus, ces veines ne se différencient en rien des autres veines. À présent il est temps d'aborder la disposition de la grande artèreqq Fig. du chap. 12 [aorte]. Je reporterai donc l'exposé sur la veine artérieuserr Fig. 1, chap. 15 [tronc pulmonaire], jusqu'à ce que je puisse traiter de l'artère veineusess Fig. 2, chap. 15 [veine pulmonaire] en même temps ; car il conviendra de les décrire ensemble.

Index des caractères du dessin de la grande artère [aorte] entière proposé sur la page suivante
AOrigine de la grande artère de la cavité gauche du cœur [orifice aortique]. Aristote [185]a appelé cette artère « aorte », pour dire que sa partie nerveuse que l'on peut voir même chez les morts, est peut-être semblable à la gaine (fourreau) appelée aortè chez les Macédoniens. Mais en la comparant avec la veine cave, il l’a appelée une « veine plus petite». D'autres Grecs l'appellent la grande [artère], d'autres simplement « grosse artère », d'autres « artère droite » ; nous disons « grande artère ». Certains l'ont appelée « veine » par laquelle le sang est diffusé avec force à travers le corps. Certains traducteurs des Arabes l'appellent « une veine audacieuse », d'autres un « nerf ayant un pouls ». En fait on lit tous ces mots corrompus sous l'injure du temps, par exemple chez le traducteur de Haly Abbas qui considère qu' Aristote appelle ce vaisseau aurithia. Chez les traducteurs juifs des Arabes, presque tous les noms des parties venant du grec sont aussi mal transcrits qu'ils sont mal prononcés par les médecins de notre époque.
×Les membranes sont 1. l'amnios limitant la cavité amniotique contenant le liquide amniotique où baignent l'embryon (et ensuite le fœtus) et le cordon ombilical. 2. Il est accolé à la deuxième membrane qui est le chorion, adhérente à la caduque. Le placenta se forme là où le chorion entre en contact avec la muqueuse utérine, il reste en contact avec l'embryon par l'intermédiaire du cordon ombilical. Le placenta est un organe temporaire, dont la formation est achevée vers le cinquième mois, composé d'un réseau de vaisseaux sanguins réunis au niveau du cordon ombilical et reliant la circulation sanguine de la mère et du fœtus ; il amorce le passage d'une vie aquatique vers une vie atmosphérique, et est expulsé dans les trente minutes suivant l'accouchement, d'où le nom ancien de « secondines » ou d'arrière-faix. Vésale distingue trois enveloppes dans l'Epitome (trad. J. Vons et S. Velut), p. 110-112 ; dans la Fabrique V, chap. 17, p. 541-542, Vésale reconnaît que le placenta ne recouvre que partiellement le fœtus et n'est pas constitué d'une membrane comme les deux autres (chorion et amnios) mais d'un tissu spongieux comparable à celui du pénis. S'il ne peut pas expliquer la physiologie des échanges sanguins entre l'utérus et le fœtus, il a observé et décrit la vascularisation du placenta. Nous reportons le commentaire sur les noms des membranes au livre V.
×Ce chapitre est réécrit dans l'édition de 1555, comme plusieurs passages et figures du livre V.
×Ligament rond du foie.
×Jacques Grévin, dans ses commentaires des planches anatomiques des Portraicts anatomiques de toutes les parties du corps humain, Paris, Wechel, 1569, traduira textuellement le passage : «  Aristote nomme ceste veine Aorte, pour autant qu’il disait que la partie nerveuse d’icelle pouvoit apparoistre mesmes aux mors en façon d’une gaine, que paravanture les Macedoniens nommoyent Aorte. Toutefois Aristote l’a nommee petite veine lorsqu’il en faict comparaison auec la veine creuse. Quelques uns des Grecs la nomment Megiste : […] et nous luy donnerons le nom de grande Artere. Il y en a encore quelques uns qui l’ont nommee Vene : pour autant que par icelle le sang est porté impetueusement par tout le corps. Quelques interpretateurs Arabes la nomment veine audacieuse, et les autres Nerf poulsant. Toutefois leurs appelations ont esté toutes corrompues avec le temps, comme nous lisons en l’interpretateur de Haly que Aristote la nommoit Aurithie. Davantage presque tous les noms des parties du corps contenues es livres des interpretateurs Hebraïques qui ont expliqué les Arabes, sont tous corrompus des grecs en la maniere que les medecins de nostre temps les prononcent (Planches p. 65-66).