Livre IV
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qu'ils affirment être les organes olfactifs. Mais vous pourrez apprécier la justesse de ces opinions au moyen de la dissection, en commençant par examiner la structure et la forme des deux ventricules [latéraux] droit et gauche du cerveau, et le septième livre vous apprendra, par Hercule, combien cette structure est différente de celle que les autorités en anatomie ont donnée jusqu'à aujourd'hui.Disposition des ventricules antérieurs du cerveau Puisque les ventricules ne peuvent pas être larges dans la région postérieure [du cerveau] et comme ils deviennent nécessairement encore plus étroits en progressant vers l’avant, c'est donc de là qu'ils produisent les organes olfactifs ; mais ils n'évacuent pas la pituite dans la région de ces organes et ceux-ci sont encore moins des sortes de canaux qui font passer la pituite du cerveau à cet endroit (car telle est l'opinion de Galien).Livre VIII de l’utilité des parties En réalité ces ventricules du cerveauee voyez les fig. 5,6,7,8 dans le sens de la dissection, livre VII sont disposés sur toute la longueur du cerveau : ils sont amples dans leur partie supérieure et ils ne deviennent pas plus étroits à l'avant, où ils sont même plus larges que dans leur partie médiane. Ils sont également amples à l'arrière : mais à cet endroit ils descendent à travers la substance du cerveau en faisant une espèce de corne, se dirigent à nouveau vers l'avant et perdent de leur ampleur sur leur trajet jusqu'à ce qu'ils atteignent la partieff 1,2,3 dans la fig. 1 ; ou à côté de M,P,Q dans la fig. 13, livre VII
A ; et aussi E,F dans la fig. 16, livre VII
du cerveau qui repose sur la région de la petite glandeg recevant la pituite du cerveau [hypophyse] et sous laquelle les plus grandes branches de l'artère soporale [carotide] perforent la dure-membrane cérébrale et commencent à monter en direction des ventricules [latéraux] cérébraux.

[Illustration]

Voici à quoi ressemble la disposition des ventricules [latéraux] gauche et droit : A et B indiquent le haut du ventricule, A à l'avant, B à l'arrière. C marque la région qui descend en avant vers D qui indique la terminaison et la fin du ventricule. Mais cela est bien plus clair dans les planches du septième livre qui représentent le cerveau, principalement dans la quatrième planche et dans les quatre autres qui lui succèdent. Je suppose qu'il n'échappe à personne que sur cette figure nous voyons le ventricule en plan latéral.

En effet ces branches artérielles passent par les terminaisons étroites des ventricules qui se terminent à la base du crâne, comme je l'ai dit auparavant. Telle est donc la disposition des ventricules [latéraux] droit et gauche. De la région où, comme je l'ai dit, se terminent les extrémités étroites des ventricules, proviennent les organes olfactifshh F dans les fig. 1 et 2 ; C,D dans la fig. 12, livre VII ; L,L dans la fig. 13 [tractus olfactif], ou tout au moins les processus du cerveau apportant principalement l'esprit animal à l'organe olfactif, avec les nerfsii G dans les fig. 1 et 2 ; M dans la fig. 13, livre VII optiques.Origine des processus qui constituent l'organe olfactif ou ceux qui le servent principalement En effet, c'est de cette région que provient de chaque côté du cerveau une substance blanche et molle qui est attachée au cerveau sur tout son trajet au moyen de la fine-membrane jusqu'à ce qu'elle atteigne les sinuskk D,D dans la fig. 13, livre VII
l A,B,A dans la fig. 8, chap. 6, livre I
du huitième oslde la tête[38] disposés spécialement pour les organes olfactifs. Ces processus cérébraux blancs quittent le cerveau à l'arrière de ces sinus, et n'étant plus attachés à la fine membrane, ils continuent chacun dans leur sinus individuel : et cheminant encore plus vers l’avant, ils se terminent à la fin des sinus, c'est-à-dire à leur extrémité antérieure, en étant supportés par ces extrémités et se trouvant néanmoins très près du cerveau. De fait, même s'ils ne sont plus fermement attachés au cerveau dans la région des sinus, ils continuent néanmoins à longer le cerveau et lui sont adjacents. Ces processus du cerveau ressemblent à des nerfs par leur trajet, leur couleur et leur forme, bien qu'ils soient beaucoup plus mous que des nerfs et que leur forme soit un peu plus bulbeuse (car ils ont une forme arrondie) qu’allongée. Mais parce qu'ils ne s'avancent pas en dehors de la cavité du crâne ni de la grande cavité de la dure-membrane de la même manière que tous les autres nerfs, Hérophile n'a pas jugé qu'ils méritaient le nom de nerf, pas plus que Marinus ou Galien, bien que plusieurs anatomistes les aient comptés parmi les nerfs, en les considérant comme la première paire de nerfs[39]. Mais pour ce qui regarde la nature de ces processus, il faut examiner attentivement de quelle manière ils sont attachés à la dure-membrane par leurs propres sinus, quels foramina ils traversent depuis la dure-membrane et depuis les sinus des os qui supportent ces processus, jusqu'aux cavités de l'os frontal et de l'os sphénoïde que nous avons mentionnées. Enfin, il faut aussi prendre en compte la nature réelle de l'organe olfactif, en établissant une comparaison avec l'organe auditif, dont les professeurs d'anatomie et de philosophie ont une connaissance trop superficielle. Mais nous traiterons amplement de l'organe auditif, de l'organe olfactif et de ceux des autres sens dans le septième livre[40]. Pour le moment il suffit d'avoir mentionné les processus du cerveau que certains recensent sous le nom de processus « mastoïdes » et « papillaires » : mais ceux qui ont pratiqué des dissections un peu plus sérieusement savent que ces processus proéminents du cerveau en forme de seinsmm L,L dans la fig. 13, livre VII ne contribuent en rien à la structure de l'organe olfactif. Par ailleurs, quand vous examinerez la nature des processus de ce genre, et que vous découvrirez qu'ils sont beaucoup plus grands chez le chien ou le mouton que chez l'homme, il faudra aussi vérifier avec soin le passage où GalienLivre VIII de l'Utilité des parties a écrit que c'est à travers ces processus du cerveau que la pituite descend dans les narines depuis les ventricules antérieurs du cerveau, sans avoir remarqué que ces processus ne sont pas troués, ni que les ventricules eux-mêmes se terminent dans le bassinnn C,C,D dans la fig. 14, livre VII ; F dans la fig. 15 ; B vers A dans la fig. 16 qui reçoit la pituite du cerveau et la conduit comme par un canal [infundibulum] en direction de la glande [hypophyse] placée à cet endroit, à la base du crâne. Mais nous parlerons des trajets de la pituite en lieu opportun[41]. Car pour le moment il convient de décrire en détail la disposition des nerfs[42].

×Il s’agit des orifices dans la lame criblée encastrée dans l’échancrure ethmoïdale de l’os frontal.
×Il est probable que Vésale désigne ici Niccolò Massa, qui considère dans son ouvrage Liber introductorius Anathomiæ (éd. consultée, Venise, 1559, p. 87v), que la première paire de nerfs est celle qui descend aux narines (primum est par neruorum descendentium ad nares) en traversant les processus mamillaires. Massa précise que ce nerf de l'odorat est semblable aux autres nerfs par la couleur, la substance et la forme. La description qu'en donne Vésale est proche de celle de Massa. Le nerf olfactif sera définitivement décrit comme première paire par Willis en 1664.
×Cf. Fabrique VII, chap. 13. En fait, il n’y pas de nouvelle description dans ce dernier livre. Vésale se contente de renvoyer au livre IV.
×Cf. Fabrique VII, chap.11.
×Nous avons gardé la nomenclature anatomique des nerfs telle qu'elle figure dans notre édition de l'Epitome.