Livre IV
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de la même façon que les nerfs émergeant des vertèbres thoraciques et lombales, mais il n'y a aucun nerf qui sorte du coccyx humain. Aussi, ne faut-il pas s'étonner si je m'écarte beaucoup de l'opinion de Galien dans le livre des Os et de son compte de paires de nerfs, puisqu'il a décrit les nerfs des singes plutôt que ceux des hommes, en se fiant à ses dissections ; contrairement à ses livres de l'Utilité des parties dont plusieurs passages sont des compilations d’opinions d'autrui, comme on s’en rend compte en comparant ces passages entre eux, et une dissection de singe avec une dissection humaine. Les nerfs émergeant à l'arrière des cinq dernières paires de nerfs du sacrum sont envoyés principalement aux muscles qui occupent l'arrière du sacrum et de l'ilium ; à cette catégorie, sur la droite du corps, appartiennent le onzième muscle [muscle long dorsal du thorax]h et le treizième muscle [muscle multifide du rachis]ii T dans la planche XIV moteurs du rachis, le début membraneux du muscle [muscle grand dorsal]kk Θ (O) dans la planche IX menant le bras en arrière et en bas, et le quatrième des muscles moteurs du thorax ; et aussi les quatre premiers musclesll Π dans la planche IX, Σ dans la planche X, Σ et Φ dans la planche XI moteurs de la cuisse[146], et enfin la peau recouvrant les fesses, qui reçoit également quelques rameaux de ces nerfs. Mais les nerfs antérieurs sont disposés de manière plus variée. Les trois nerfs supérieurs se dirigent uniquement dans la jambe comme ceux de la première paire (comme je l'expliquerai dans le chapitre suivant). Les deux nerfs inférieurs, issus de la sixième et de la septième paires[147], vont dans les muscles de l'anus ; ils envoient en outre beaucoup de petits nerfsmm ε, μ dans la fig. 2, chap. 2 dans le col de l'utérus, et chez les hommes, dans le col de la vessie ou dans le pénis. En effet la base de la vessie et celle de l'utérus reçoivent beaucoup de fins nerfs issus des branches qui proviennent de la sixième paire de nerfs crâniens et qui s'étendent vers les racines des côtes sous la tunique qui recouvre celles-ci. La terminaisonnn 56 dans les fig. 2 et 3 de la moelle spinale [filum terminale] émerge du sixième os du sacrum ; je ne l'ai jamais vue avoir la disposition d'un nerf, même si je n'ignore pas que certains l'appellent « le nerf sans partenaire ». Cependant chez un homme qui avait un sacrum de cinq os seulement, la terminaison de la moelle dorsale émergeait de l'os en émettant de chaque côté un rameau unique, remplaçant ainsi la sixième paire de nerfs du sacrum[148].

Chapitre XVII. Explication de la disposition des nerfs dans la cuisse, dans la partie inférieure de la jambe et dans le pied

Quatre nerfs vont dans la jambe [membre inférieur] Quatreaa 57, 60, 66, 71 dans la fig. 2 ; &,γ,ζ,ι dans la dernière fig. nerfs[149] se présentent au début de la cuisse à partir des paires de nerfs émergeant de la moelle dorsale contenue dans les vertèbres lombales et dans le sacrum : ils émergent d'une sorte de plexus réticulaire [plexus lombo-sacré] de la même manière que celle décrite précédemment pour les principaux nerfs se dirigeant dans le bras[150] ; toutefois le plexus dans la nuque montre plus de variations que celui dans les lombes et dans le sacrum. Ces quatre nerfs n'ont pas tous la même grosseur, et leur disposition et leur distribution sont très peu uniformes. Ceux qui seront comptés comme le premier et le troisième nerfs sont fins ; le deuxième est plus gros que les précédents, bien qu'il soit quelquefois fin aussi, et le quatrième dépasse en grosseur les trois précédents réunis.Disposition du premier nerf Le premier nerf [nerf cutané latéral de la cuisse]bb 57 dans la fig. 2 ; & dans la dernière fig. est originaire de la partie supérieure du plexus de nerfs cheminant vers la jambe [membre inférieur], là où la branche antérieure de la troisième paire de nerfs lombaires (ou de la vingt-deuxième paire dans la liste) va se mêler avec la vingt-troisième paire. Couchécc Θ,Ξ dans la planche VIII des muscles sur les chairs[151] des lombes et sous le péritoine, ce nerf avance dans la cuisse en s'étendant sur le côté latéral du tendon du sixième muscledd Θ avec Λ dans la planche VIII des muscles moteur de la cuisse [muscle grand psoas], avec le septième muscle moteur de la cuisse [muscle iliaque] qui passe à cet endroit au-dessus de l'os de la hanche [ischium] et qui s'étend au petit processsusee a dans les fig. 1 et 2, chap. 30, livre I du fémur [petit trochanter]. Dès qu'il a atteint la cuisse, mais pas encore le genou, ce nerf envoie une brancheff 58 dans la fig. 2 ; α dans la dernière fig. à la peau qui recouvre l'avant et le coté externe de la cuisse. La plus grande partiegg 59 dans la fig. 2 ; β dans la dernière fig. de ce nerf [nerf fémoral] est située en profondeur et envoie quelques rameaux au premier musclehh Σ dans la planche III des muscles moteur du tibia [muscle sartorius, autrefois muscle couturier], originaire de la partie antérieure de l'appendice de l'os iliaque, et ensuite au septième muscleiiii Λ à partir de ν dans la planche V moteur du tibia [muscle vaste latéral], originaire de la racine du plus grand processus du fémur [grand trochanter], et enfin au neuvième[152]musclekkkk Φ dans la planche IV moteur du tibia [muscle droit antérieur]. La plus grande partie du premier nerf continue vers le bas avec ces deux muscles, et se termine un peu au-dessus de l'articulation du genou.Disposition du deuxième nerf L'origine du deuxième nerf [nerf fémoral]llll 60 dans la fig. 2 ; y dans la dernière fig. est située un peu bas que celle du premier, dans la région de la vingt-deuxième paire de nerfs spinaux ou de l'articulation entre la troisième et la quatrième vertèbres lombales. Ce nerf s'étend également sous l’arrière du péritoine, et chemine dans le membre inférieur avec une veinemmmm d dans la dernière fig. du livre III et une artère [veine et artère iliaques externes] qui se dirigent dans la cuisse à travers l'aine ; il émet immédiatement sur son côté interne une branche [nerf saphène]nnnn 61 dans la fig. 2 ; δ,δ dans la dernière fig. qui descend jusqu'au pied et à l'hallux en compagnie de la veine [veine saphène]** m dans la dernière fig. du livre III qui avance depuis l'aine, en passant sous la peau par la région interne de la cuisse, par l'articulation du genou et par la région interne du tibia jusqu'au boutoooo 62 dans la fig. 2 du pied, comme nous l'avons mentionné auparavant. Au cours de son cheminement, cette veine [veine saphène] disperse de nombreux rameaux à la peau qui lui est adjacente, et la branche du deuxième nerf [nerf saphène interne] qui chemine dans le membre inférieur fait de même : elle est adjacente à la partie antérieure de cette veine sur tout le trajet et dirige des rameaux partout à la peau. Elle présente le plus grand de ces rameauxpppp 63 dans la fig. 2 à la région antérieure du genou, qui se disperse dans la peau de cette région en un grand nombre de petits nerfs. Il faut prêter une oreille attentive à la description de ce nerf qui longe la partie antérieure de la veine, de telle sorte qu’en ouvrant cette veine, ce que nous faisons couramment, immédiatement sous le genou ou près la malléole interne, nous retenions la pointe du scalpel en arrière

×Il s'agit des muscles grand fessier (m. gluteus maximus), moyen fessier (m. gluteus medius), petit fessier (m. gluteus minimus) et muscle pyramidal du bassin (m. piriformis).
× Il s'agit en fait de nerfs de la cinquième et sixième paires.
×Ce nombre de six vertèbres sacrées est récurrent dans la Fabrique. Dans le livre I, p. 76, Vésale mentionne comme une variation rare un sacrum de cinq vertèbres : il s'agit probablement du même sujet qu'ici.
×Le premier nerf est le nerf cutané latéral de la cuisse qui n'a pas de territoire moteur ; le deuxième est constitué de branches du nerf fémoral ; le troisième est le nerf obturateur ; le quatrième est le nerf sciatique.
×Cf. supra chapitre XIV.
×Vésale nomme ici le muscle « chair », suivant en cela Aristote. Cf. Fabrique II, chapitre 38.
×Le texte latin porte manum, qui n'a aucun sens ici. Nous suivons la correction de Richardson qui propose de lire nonum, en s'appuyant sur la référence marginale : Φ planche IV (W.F Richardson et J. B. Carman, On the fabric of the human body. Book III, Norman Publishing, Novato, 2002, p. 261.