Guibourt et les quinquinas : Autour de la collection Guibourt
Accueil Des quinquinas à la quinine
(XVIIe – XIXe siècle)
Un quinonologue illustre :
Gaston Guibourt (1790-1867)
Autour de la collection « Guibourt »
Bibliographie

AUTOUR DE LA COLLECTION « GUIBOURT »

C’est grâce à la constitution d’un vaste réseau de correspondants français et étrangers que Gaston Guibourt est parvenu à rassembler une impressionnante collection de drogues d’origine végétale. Héritier direct de cette belle collection, le Musée de matière médicale de la Faculté de pharmacie de Paris conserve actuellement environ 600 échantillons d’écorces de quinquina, correspondant à 33 espèces botaniquement authentifiées.

Gustave Planchon, Des quinquinas [Cote BIUP : 49719]

Gustave Planchon. Des quinquinas. Thèse d’agrégation (1864) [Cote : 49719].
Avec une dédicace manuscrite du Dr. Planchon datée du 30 janvier 1869.

Gustave Planchon. Des quinquinas. Thèse d’agrégation (1864)
[Cote : 49719].
Avec une dédicace manuscrite du Dr. Planchon datée du 30 janvier 1869.

Gaston Guibourt : entre héritage et transmission

Parmi les savants, proches de Gaston Guibourt, à s’être intéressés aux quinquinas, il faut citer le nom de Noël-Etienne Henry (1769-1832). Reçu maître en pharmacie en l’an VIII (1800), Noël-Etienne Henry remplit successivement les fonctions de directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux de Paris (1803-1832) et de professeur-adjoint de chimie à l’Ecole de pharmacie (1804-1826). En tant que directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux, il rassembla de riches collections d’objets de botanique, de minéralogie et de zoologie pour l’instruction de ces élèves, dont Gaston Guibourt fit partie.
Noël-Etienne Henry compta également parmi les neuf pharmaciens nommés membres titulaires de l’Académie royale de médecine, lorsque celle-ci fut rétablit par l’ordonnance du 27 décembre 1820. Secrétaire de la commission des remèdes secrets, il fut l’un des plus zélés rédacteurs du Codex medicamentarius. On lui doit deux ouvrages principaux : un Manuel d’analyse chimique des eaux minérales, médicinales et destinée à l’économie domestique (1825) et la Pharmacopée raisonnée ou Traité de pharmacie pratique et Théorique [Cote : 11040], ouvrage publié avec Gaston Guibourt en 1828.
Les recherches de Noël-Etienne Henry ont porté sur des domaines très divers, allant de la chimie alimentaire à la chimie extractive. Dans ce domaine, il fit des essais sur différentes substances, et notamment sur « l’action exercée par la kinine et la cinchonine sur les matières colorantes du vin rouge ».
Noël-Etienne Henry, décéda du choléra en 1832, l’année où Gaston Guibourt fut nommé professeur d’Histoire naturelle des médicaments à l’Ecole de pharmacie de Paris.

A l’autre extrémité de la vie de Gaston Guibourt, la figure de Gustave Planchon (1833-1900) mérite également toute notre attention. Reçu docteur en médecine en 1859, puis professeur agrégé à la Faculté de médecine de Montpellier en 1860, Gustave Planchon fut également reçu pharmacien de 1ère classe en 1864, et agrégé à l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris la même année.
C’est Gaston Guibourt qui l’appela à Paris pour le suppléer dans ses fonctions d’enseignant. Gustave Planchon sera nommé, le 15 décembre 1866, professeur-adjoint à la chaire d’histoire naturelle des médicaments, avant d’en devenir le titulaire le 15 février 1872. Sa brillante carrière ne s’arrêta pas là ; il sera nommé directeur de l’Ecole supérieure de pharmacie à partir de 1886 jusqu’à sa mort, en 1900.
Gustave Planchon est l’auteur de divers mémoires touchant à la physiologie végétale et à la phytopaléontologie. Il consacra, par ailleurs, de nombreuses recherches aux drogues végétales. Sa thèse d’agrégation, datée de 1864, traitait déjà Des quinquinas [Cote : 49719]. Lorsqu'en 1876, Gustave Planchon se chargera de revoir et d’augmenter la 7e édition de l’Histoire naturelle des drogues simples de Gaston Guibourt, il s'appuiera sur sa thèse pour actualiser et enrichir le chapitre abordant l'histoire des quinquinas.
De manière générale, Gustave Planchon suivit la trace de son illustre prédécesseur. Il insista dans son enseignement sur la nécessité de l’étude anatomique, et pas seulement morphologique, des organes végétaux pour leur identification et le rejet des falsifications. Gaston Guibourt avait été l’initiateur de cette conception de l’enseignement de la matière médicale, que Gustave Planchon prolongea et accentua, contre l’orientation essentiellement « chimiste » illustrée par Joseph Pelletier et ses continuateurs.

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Les correspondants étrangers de Gaston Guibourt

Au-delà du petit cercle de ses collaborateurs immédiats, Gaston Guibourt était parvenu à constituer un véritable réseau de savants qui, en mission aux quatre coins du monde, lui envoyaient des échantillons d’écorce de quinquina. Le nom de ces scientifiques figure, avec des bribes de correspondance, à l’intérieur mêmes des pots où sont conservées les drogues. Parmi les noms de botanistes étrangers les plus connus, citons ceux de Carl Friedrich Philipp von Martius, Daniel Hanbury et José Jérónimo Triana.

Carl Friedrich Philipp von Martius (1794-1868) est un explorateur et botaniste allemand de renom. Après des études de médecine à l’Université d’Erlangen et l’obtention de son titre de docteur en 1814, il se consacre entièrement à l’étude des plantes. En 1817, il se rend au Brésil pour explorer, trois années durant, le bassin de l’Amazone. A son retour en Europe, il est nommé conservateur du jardin botanique de Munich et professeur de botanique (en 1826). Il publie alors plusieurs ouvrages ayant trait aux espèces qu’il avait pu étudier lors de son voyage au Brésil. En 1840, il commence la publication de sa Flora Brasiliensis [Cote : 380] qui est constituée d’une série de monographies sur des ordres variés.

Daniel Hanbury (1825-1875) est l’un des principaux pharmacologues anglais du XIXe siècle. Après avoir suivi de courtes études, il s’initie, en 1841, à la pratique de la pharmacie dans l’officine paternelle. Il n'a alors que 16 ans. Peu après, il est employé dans une pharmacie londonienne située à Bloombury Square. C’est de cette époque que datent ses premières publications scientifiques. Sa notoriété croissante lui vaut d’être élu successivement au Phytological Club (1852), puis à la Pharmaceutical Society (1857) et, dix ans plus tard, à la Royal Society (1867). La même année, il rencontre le professeur Friedrich A. Flückiger avec lequel il écrira son ouvrage le plus fameux : Pharmacographia : A History of the Principal Drugs of Vegetable Origin met with in Great Britain and British India. Cet ouvrage sera traduit, en 1878, par le docteur Jean-Louis Lanessan, sous le titre de : Histoire des drogues d'origine végétale [Cote : 12284]. Pour l'auteur de cette traduction, l'ouvrage de Friedrich A. Flückiger et de Daniel Hanbury est à placer à côté de celui de Gaston Guibourt, dont il est un complément utile. Il s'en explique en ces termes :

« Nous ne possédons en France que deux ouvrages classiques sur les produits végétaux employés en médecine : l’Histoire naturelle des Drogues de Guibourt et le Traité pratique de la détermination des Drogues simples d’origine végétale de M. Planchon. Le dernier de ces ouvrages visant, comme l’indique son titre, un but très limité, ne peut être comparé au livre de MM. Flückinger et Hanbury dont l’objectif est tout à fait différent. Quant au magnifique ouvrage de Guibourt, très riche de détails sur tout ce qui concerne l’histoire, l’origine et les caractères descriptifs des drogues, il laisse peut-être un peu trop de côté, comme le traité de M. Planchon, ce qui est relatif à l’histoire chimique des drogues d’origine végétale, et ne fournit sur les plantes et les organes des végétaux qui les produisent que des renseignements très succincts. Chercheur infatigable, Guibourt a réuni dans son livre, destiné plutôt aux maîtres qu’aux élèves, un grand nombre de produits qui n’ont qu’un intérêt de pure curiosité scientifique et dont la connaissance est peu utiles aux élèves ainsi qu’aux pharmaciens et aux médecins. » (p. VIII)

Les contemporains de Jean-Louis Lanessan ont souvent comparé Daniel Hanbury à Gaston Guibourt. Leur connaissance commune des espèces botaniques, fondée sur l’expérience, a sans doute contribué à un tel rapprochement. Tout comme Gaston Guibourt, Daniel Hanbury entretenait d’importantes correspondances avec des botanistes du monde entier. Cela lui permit de constituer, à l’instar de son correspond français, une riche collection de matière médicale.

José Jerónimo Triana (1829-1890) est, sans aucun doute, le plus grand botaniste colombien de l'époque contemporaine. Après des études de médecine et de botanique à la Faculté de médecine de Bogota, il s’oriente vers l’étude des sciences naturelles, auxquelles il consacre l’essentiel sa vie. A partir de 1851, il réalise une multitude d’expéditions botaniques dans différentes régions des Andes. Ces expéditions lui permettent d’enrichir un herbier composé d’environ 50 000 échantillons correspondant à près de 8 000 espèces. Cet ensemble formera la base à partir de laquelle il travaillera à une Flore de la Nouvelle-Grenade (actuelle Colombie) : Prodromus florae novo-granatensis (1863-1869).
En 1865, José Jerónimo Triana a l’opportunité de travailler, à Madrid, à l’identification et à la révision des planches botaniques constituées par José Celestino Mutis lors de son expédition à Bogota. Deux ans plus tard, il obtient un « Grand Prix » lors de l’Exposition universelle de Paris, où il montre plusieurs espèces médicinales extraites de son herbier. Parmi celles-ci, figurent les fameuses Cattleya qui portent toujours son nom. En 1870, il publie ses Nouvelles études sur les quinquinas [Cote : 12] dans lesquelles se trouvent, en fait, les matières présentées à l’Exposition universelle de 1867, accompagnées de fac-similé des dessins de La Quinologie de Mutis.
En dehors de ses activités scientifiques, José Jerónimo Triana exerça aussi des fonctions politiques. Il fut nommé Consul général de Colombie à Paris, en 1874, fonction qu’il conserva jusqu’à sa mort en 1890. 

Daniel HANBURY. Science papers, chiefly pharmacological and botanical [Cote : 13765]

Daniel HANBURY. Science papers, chiefly pharmacological and botanical. (1876) [Cote : 13765]
Portrait en frontispice

Daniel HANBURY. Science papers, chiefly pharmacological and botanical. (1876)
[Cote : 13765]

José Jeronimo TRIANA., <Nouvelles études sur les quinquinas [Cote : 12]

José Jerónimo TRIANA. Nouvelles études sur les quinquinas. (1870)
[Cote : 12]

José Jerónimo TRIANA. Nouvelles études sur les quinquinas. (1870)
[Cote : 12]

Cinchona Lancifolia [Cote BIUP : 12]

Cinchona Lancifolia
tiré de José Jerónimo TRIANA. Nouvelles études sur les quinquinas. (1870) [Cote : 12]
d'après La Quinologie de Mutis

Cinchona Lancifolia
tiré de José Jerónimo TRIANA.
Nouvelles études sur les quinquinas. (1870) [Cote : 12]
d'après La Quinologie de Mutis

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