L. latine 252.  >
À Thomas Bartholin,
le 18 juillet 1663

[Ms BIU Santé no 2007, fo 148 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Thomas Bartholin, à Copenhague.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je suis en vie et me porte bien, et vous écris, bien que j’aie peu de nouvelles à vous donner depuis la lettre que je vous ai adressée par l’intermédiaire de M. Biermann, [2] le secrétaire de votre ambassadeur. [1][3] Nous avons ici le Cardan complet en dix tomes in‑fo[4] et la nouvelle édition des de Scriptis medicis du très distingué M. Vander Linden. [5] Avant deux mois, nous aurons le Jacobus Hollierus de Morbis internis, in‑fo, avec les commentaires de Louis Duret, Valet et Jean Haultin. [6][7][8][9] Nous attendons de jour à autre le livre nouveau de Fienus de Signis morborum, qu’on imprime à Lyon. [2][10][11] Je vous les enverrai tous deux quand repartira votre ambassadeur. Le roi et la reine se portent bien au décours de leurs rougeoles, [12][13][14] on les a tous deux saignés, lui trois fois, elle cinq fois, par précaution et pour une guérison assurée ; [15] mais la reine mère ne va pas encore bien, [16] les médicastres auliques [17] ont eu le malheur de lui faire prendre de la poudre du Pérou, [18] du vin énétique d’antimoine, qui est un pur poison, etc. [19][20] Nicolas Fouquet [21] croupit encore dans la prison du roi [Ms BIU Santé no 2007, fo 149 ro | LAT | IMG] avec trois trésoriers des parties casuelles, [3][22][23][24] et d’autres concussionnaires. Il est ici question d’une forte guerre à venir entre le roi et le pape, [25][26] puisque nul pacte n’a encore pu être conclu entre eux. Quand donc vos Epistolæ medicinales paraîtront-elles ? Le très distingué M. Plempius [27] prépare une nouvelle édition de sa Methodus particularis[4] elle nous montrera comment s’y prennent les médecins des Pays-Bas espagnols pour mieux repousser les maladies. Dieu veuille que quelque Anglais nous dévoile sa façon de faire. N’avez-vous pas vu une thèse de Leipzig ou de Wittemberg contre cette poudre trompeuse et mensongère, à laquelle on donne vulgairement le nom étranger de quinquina, que Chifflet a appelé fébrifuge ? [28] Je ne l’ai pas vue, mais j’en ai pourtant entendu parler. [5][29] J’ai ici soigné votre ambassadeur, M. Hannibal Sehested, et sa très chère fille unique, [30] qui souffrait de rougeole ; pour la chasser et l’éteindre du même coup, on l’a saignée trois fois des deux basiliques. [31] Tous deux sont aujourd’hui heureusement guéris. [6] Je salue MM. vos très distingués frères, [32] ainsi que M. Wormius, [33] fils aîné du très distingué Olaüs. [34] Vale et aimez-moi.

De Paris, ce jeudi 18e de juillet 1663.

Votre Guy Patin de tout cœur.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Thomas Bartholin, ms BIU Santé no 2007, fos 148 vo‑149 ro.

1.

Précédente lettre de Guy Patin à Thomas Bartholin, datée du 18 mars 1663 : Patin y parlait en effet abondamment de l’entourage de l’ambassadeur danois à Paris, Hannibal Sehested, qu’il voulait solliciter pour faire parvenir ses courriers à Thomas Bartholin ; il y citait son secrétaire, Conrad Biermann, mais sans donner son nom (v. sa note [7]).

2.

V. notes :

3.

V. notes [19], lettre 732, pour Nicolas Jeannin de Castille, [6], lettre 519, pour Macé ii Bertrand de La Bazinière, et [33], lettre 547, pour Nicolas Monnerot, qui étaients les trois trésorier des parties casuelles poursuivis dans le sillage de Nicolas Fouquet.

4.

Quatrième édition, tertium recognita, interpolata, aucta [revue, corrigée, augmentée pour la troisième fois] des Fundamenta medicinæ [Fondements de la médecine (v. note [10], lettre 482)], que Guy Patin appelait ici la « Méthode particulière » de Vopiscus Fortunatus Plempius (Louvain, Hieronymus Nempæus, 1664, in‑4o de 393 pages).

VBibliographie (Bartholin a) pour les première et deuxième centuries des « Lettres médicales » de Thomas Bartholin (Copenhague, 1663).

5.

V. note [5], lettre latine 247, pour cette thèse de Paul Ammann sur le quinquina (Leipzig, 1663).

6.

Après le roi et la reine (v. note [10], lettre 750), la rougeole, maladie hautement contagieuse, frappait d’autres Parisiens.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 148 vo.

Clar. viro Thomæ Bartholino, Hafniam.

Vivo et valeo, Vir Cl. et scribo, quamvis pauca mihi supersint quæ
scribam, ab eo tempore quo scripsi per D. Bierman, Legati vestri Secretarium.
Hîc habemus totum Cardanum x. tomis in folio : et novam Editionem
libri Cl. viri D. Vander Linden, de Scriptis Medicis. Ante duos menses
habebimus Iac. Hollerium de morbis internis, in fol. cum Commentarijs
Lud. Dureti, Valetij et Io. Altini.
Expectamus in dies librum novum
Fieni, de signis morborum : qui currit sub prælo Lugduni Celtorum : utrumq.
ad Te mittam in discessu vestri Legati. Rex et Regina bene se habent
ex morbillis : pro quib. ad cautelam et certam curationem utrique secta fuit vena
ei ter, illi quinquies : sed Regina Parens nondum bene habet : ab aulicis
medicastris male fuit excepta per pulverem Peruvianum, vinum ex stibio
eneticum, merè venenatum, etc. Nic. Fuquetus adhuc latet in regio carcere

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 149 ro.

cum trib. ærarij Quæstoribus, et alijs peculatoribus. Agitur hîc de be[llo] forti
futuro inter Regem et Papam, quum inter utrumque nullum fœdus potuerit
adhuc iniri. Epistolæ tuæ Medicinales quandonam prodibunt ? D. Plempius, vir Cl. parat
Methodum particularem ad editionem proximam. Per eam videbimus quî se gerant
in Belgio Hispanico Medici, in promovenda morborum depulsione. Utinam ali-
quis Anglus idem nobis patefaciat de sua patria. Vidistine Thesim Lipsiensem
aut Witebergensem,
contra pulverem illum mendacem et dolosum, vulgò, Q sed barbaro
nomine Quinquina dictum, quem D. Chiffletius febrifugam nuncupavit : nec enim eum
vidi, sed audivi tamen. Hîc feci Medicinam Legato vestro Danico, D. Annib. Sestedt,
et ejus unicæ filiæ carissimæ, quæ morbillis laboravit, pro quib. subito abigendis
ac extinguendis, ter fuit illi detractus sanguis ex utraque basilica. Uterque
feliciter hodie convalescit. Clariss. viros saluto DD. fratres tuos, ut et D.
Wormium, Cl. viri Olai filium majorem natu. Vale, et me ama. Parisijs,
die Iovis, 18. Iulij, 1663. Tuus ex animo Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Thomas Bartholin, le 18 juillet 1663

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1285

(Consulté le 29/04/2024)

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