À Sebastian Scheffer, le 12 février 1660, note 11.
Note [11]

« fripons de Saint-Côme » (v. note [1], lettre 591) ; avec jeu de mots sur Cosmianus, adjectif qui se rapporte à Cosmus, parfumeur en renom à Rome : Cosmianis ipse fusus ampullis [lui qui s’est aspergé des flacons de Cosmus] (Martial, Épigrammes, livre iii, 82, vers 26). Guy Patin a ailleurs surnommé les chirurgiens de Paris « carabins de Saint-Côme » (lettre du 23 novembre 1657 à Charles Spon).

V. note [5], lettre 593, pour Pierre Lenglet, professeur royal d’éloquence latine, qui était alors recteur de l’Université de Paris. Sa plaidoirie est transcrite pages 50‑57 de l’Arrêt d’audience du Parlement (Paris, 1660, v. infra note [12]). C’est un tissu d’injures pseudo-cicéroniennes contre les chirurgiens, mais je n’y ai pas vu la locution rapportée par Guy Patin. Cet extrait s’en rapproche néanmoins (page 55) :

Quid tunc Opus æstimes viro dignum educato liberaliter, instituto ad laudem, capillum attundere, contrectare barbulas, versare calamistrum, capita perfricare unguentis, fucum oribus delicatis appingere, omnem corporum illuuiem exceptare, sedere ad Tonstrinam totos dies lucellum turpiculum aucupantes ? Tunc ad Oratorum, ad Philosophorum conditionem admittas homines ad seruile ministerium projectos ? Non sunt eo de genere, fateor, nonnulli Aduersariorum qui objectis nouacula, speculo pigmentis uni sese Chirurgiæ addixerunt, et hoc mihi videntur infeliciores, quod quibiscum societatem inierunt, eorum sordes veluti contagione participant, cum pristinam dignitatem retinere potuissent. His verumtamen ignoscimus, probis maximam partem, neque ineruditis plane, eos quinimo amplectemur si hoc facient modo, quo se approbent nobis, quo redire in gratiam nobiscum velle haud obscure significent, si cogentur in Ordinem, si Togas et galeros amittent, si Cosminiarum Ædium fronte titulum ventosum decipient, si Nomina Baccalaureorum ejurabunt, si ad Scholas Medicorum sese conferent audituri ; eos modum in paternum ad has voces agnoscemus.

[Quel noble besoin aurais-tu donc d’un homme honnêtement éduqué et que son instruction destine à la gloire pour tondre les cheveux, tailler les barbes, tourner les fers à friser, frotter les têtes d’onguents, farder les lèvres délicates, décrasser toutes les parties du corps, rester tous les jours assis dans son échoppe à l’affût d’un minable profit ? Admettrais-tu à la condition d’orateurs ou de philosophes des hommes abandonnés à un servile office ? Certains de nos adversaires, j’en conviens, ne sont pas du genre à brandir des poignards pour s’attribuer d’eux-mêmes l’image d’un faux semblant de chirurgie ; mais ceux-là me semblent infortunés parce que leurs confrères contribuent, comme par contagion, à leur bassesse, quand ils auraient pu préserver leur dignité d’antan. Cependant nous pardonnons en très grande partie ces honnêtes gens qui ne sont pas tout à fait ignorants, nous les serrerons même dans nos bras s’ils se comportent de manière à recevoir notre approbation, avec la volonté non dissimulée de retrouver notre faveur, s’ils rentrent dans le rang, s’ils oublient toges et bonnets, s’ils ôtent le titre fumeux qui figure au fronton des maisons de Saint-Côme, s’ils renient leurs grades de bacheliers, s’ils viennent suivre les cours des Écoles de médecine : nous tendrons alors une oreille paternelle à leurs plaintes].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 12 février 1660, note 11.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1164&cln=11

(Consulté le 29/04/2024)

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