À Charles Spon, le 26 mars 1652, note 15.
Note [15]

Journal de la Fronde (volume ii, fo 46 vo) :

« La cour étant arrivéee à Tours, {a} les évêques qui y étaient, au nombre de 8 ou 9, eurent audience de Leurs Majestés le 12, où l’archevêque de Rouen {b} fit une belle harangue en faveur du cardinal Mazarin, dans laquelle il n’y épargna pas le Parlement de Paris, dont il qualifia les arrêts donnés contre le cardinal Mazarin de téméraires et de barbares, et compara le Parlement à Caïn après qu’il eut tué son frère Abel ; ce qui fut reçu avec applaudissement de tous les mazarins. Il voulut ensuite faire imprimer cette harangue, mais ses confrères ne le voulurent pas souffrir. Pendant les deux jours que la cour y demeura, l’on remarqua que le cardinal Mazarin et M. de Châteauneuf s’entrevisitèrent 2 fois, mais qu’ils ne tinrent que des discours de compliment ou autres indifférents, sans parler d’affaires du tout. Il y arriva des députés d’Orléans, lesquels y apportèrent la lettre que Son Altesse Royale leur avait écrite, suivant la teneur de laquelle ils assurèrent le roi qu’il serait le très bienvenu dans Orléans, et le supplièrent de n’y point mener le cardinal Mazarin à cause de la grande aversion que le peuple avait contre lui, qui pourrait (disaient-ils) donner sujet à quelque rumeur, de n’y mener point aussi des troupes ; mais on leur répondit que le roi y voulait entrer sans aucune condition. Leurs Majestés en partirent {c} le 12, comme vous avez su, et en passant à Amboise, y laissèrent le sieur d’Ortis, lieutenant aux gardes, pour y commander avec deux compagnies des gardes, une française et l’autre suisse. Étant arrivés à Blois, elles étaient disposées à en partir le 17 au matin, mais cette résolution fut changée sur ce que la ville d’Orléans y envoya derechef des députés pour le même sujet qu’elles avaient fait auparavant ; ce qui obligea le cardinal Mazarin d’envoyer à Orléans M. Le Gras, maître des requêtes, pour y négocier son entrée ; mais Son Altesse Royale en ayant eu avis, y envoya le comte de Fiesque et M. de Gramont pour y tenir les esprits dans cette disposition de ne recevoir ni cardinal, ni troupes. »


  1. Le 10 mars 1652.

  2. François ii de Harlay de Champvallon.

  3. Partirent de Tours.

La cour avait séjourné à Amboise du 12 au 15, pour se rendre à Blois où elle demeura jusqu’au 27, sans aller à Orléans (Levantal).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 26 mars 1652, note 15.

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(Consulté le 06/05/2024)

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