À André Falconet, le 19 décembre 1671, note 4.
Note [4]

Dans la lettre à sa fille, Mme de Grignan, datée de Paris le 5 janvier 1672, Mme de Sévigné (lettre 232, tome i, pages 408‑409) a relaté l’audience que le roi avait accordée la veille à Pieter de Groot (v. note [3], lettre 1003), ambassadeur des Provinces-Unies :

« Le roi donna hier, lundi 4 janvier, audience à l’ambassadeur de Hollande ; il voulut que M. le Prince, M. de Turenne, M. de Bouillon et M. de Créqui fussent témoins de ce qui se passerait. L’ambassadeur présenta sa lettre au roi, qui ne la lut pas, quoique le Hollandais proposât d’en faire la lecture. Le roi lui dit qu’il savait ce qu’il y avait dans la lettre et qu’il en avait une copie dans sa poche. L’ambassadeur s’étendit fort au long sur les justifications qui étaient dans la lettre, et que Messieurs les États s’étaient examinés scrupuleusement pour voir ce qu’ils auraient pu faire qui déplût à Sa Majesté, qu’ils n’avaient jamais manqué de respect et que cependant, ils entendaient dire que tout ce grand armement n’était fait que pour fondre sur eux, qu’ils étaient prêts de satisfaire Sa Majesté dans tout ce qu’il lui plairait ordonner, et qu’ils la suppliaient de se souvenir des bontés que les rois ses prédécesseurs avaient eues pour eux et auxquelles ils devaient toute leur grandeur. Le roi prit la parole et avec une majesté et une grâce merveilleuses, dit qu’il savait qu’on excitait ses ennemis contre lui, qu’il avait cru qu’il était de sa prudence de ne se pas laisser surprendre, et que c’est ce qui l’avait obligé à se rendre si puissant sur la mer et sur la terre afin qu’il fût en état de se défendre, qu’il lui restait encore quelques ordres à donner, et qu’au printemps il ferait ce qu’il trouverait le plus avantageux pour sa gloire et pour le bien de son État ; et fit un signe de tête à l’ambassadeur, qui lui fit comprendre qu’il ne voulait point de réplique. La lettre s’est trouvée conforme au discours de l’ambassadeur, hormis qu’elle finissait par assurer Sa Majesté qu’ils feraient tout ce qu’elle ordonnerait, pourvu qu’il ne leur en coûtât point de se brouiller avec leurs alliés. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 19 décembre 1671, note 4.

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(Consulté le 30/04/2024)

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