À Charles Spon, le 14 juillet 1662, note 5.
Note [5]

« sur le cœur » :

Triumphus Nobilissimo Visceri Cordi post felicissime tandem obtentam Duce Celeberrimo Anatomico Thoma Bartholino ex totali Hepatis Clade Victoriam primum quidem Hafniæ an. m dc liv erectus jam vero Basileæ repetitus a Georgio Segero, Thorunensi, Philos. et Med. et querimonia cordis repetitus.

[Triomphe pour le très noble viscère qu’est le Cœur, après la victoire que Thomas Bartholin, très célèbre meneur des anatomistes, a enfin fort heureusement remportée : il l’a établi pour la première fois à Copenhague l’an 1654 sur la ruine complète du foie, {a} et Georgius Segerus, philosophe et médecin de Thorn, {b} l’a maintenant confirmé à Bâle]. {c}


  1. Sic pour le livre de Thomas Bartholin, paru pour la première fois à Copenhague en 1653 (v. note [18], lettre 322), où il célébrait les « funérailles du foie » (hepatis exsequiæ), comme organe déchu de sa fonction centrale dans le mouvement et la production du sang.

  2. Georgius Segerius (Georg ou Jerzy Seger, Nuremberg 1629-Dantzig, 1678) avait étudié la médecine dans plusieurs universités allemandes, puis à Copenhague auprès de Bartholin, et enfin à Bâle où il avait reçu le bonnet doctoral en 1660. Il exerça à Thorn (v. note [30], lettre 547) puis à Dantzig, à partir de 1675. On lui attribue le mérite d’avoir été le premier à décrire la mucoviscidose en 1673.

  3. Bâle, Joannes König, 1661, in‑4o de 44 pages.

L’épilogue du livre complète son titre, sous la forme d’une inscription lapidaire, que j’ai transcrite en prose ordinaire et ponctuée :

Cordi, nobilissimo visceri, principi corporis nostri parti, grato animæ vitæque solio, summo calidi innati throno, iucundo spiritus vitalis architecto, limpido gratiosi liquoris fonti, vero vasorum sanguiducorum principio, unicæque sanguinis officinæ ;
et honorum cordis vindici, incomparabili primoque vasorum lymphaticorum inventori, Thomæ Bartholino, Professori Regio, anatomicorum principi, cuius ductu auspiciisque hepar sanguificationis laudem, quam per bis octo secula obtinuerat cordique iniuste eripuerat, deposuit, cordi reddidit et in perpetuum eius ius iterum concessit ;
Tabulam hanc triumphalem humili animo dicant inque sempiternam rei bene gestæ memoriam devota manu affigunt veritatis clientes interprete Georgio Segero Thorunensi

[Par la voix de Georgius Segerus, < médecin > de Thorn, les adeptes de la vérité dédient humblement cette inscription triomphale, en scellant dévotement l’immortel souvenir d’une bienfaisante action,
au Cœur, le plus noble des viscères, la toute première partie de notre corps, le généreux siège de l’âme et de la vie, l’éminent trône de la chaleur innée, {a} l’heureux architecte de l’esprit vital, la source limpide du précieux liquide, la véritable origine des vaisseaux qui conduisent le sang et l’officine exclusive de sa production ; et à celui qui a revendiqué la gloire du cœur, Thomas Bartholin, professeur royal et prince des anatomistes, l’incomparable et tout premier inventeur des vaisseaux lymphatiques, car c’est sous sa conduite et ses auspices que le foie a été dessaisi de l’honneur de la sanguification, {b} qu’il avait possédé pendant deux fois huit siècles {c} et injustement dérobé au cœur, et c’est lui qui a rétabli le cœur en son bon droit pour l’éternité]. {d}


  1. V. première notule {a}, note [14], lettre 150.

  2. Triste omission de Jean Pecquet, sans qui le rôle physiologique des conduits chylo-lymphatiques seraient demeurés dans l’ombre (v. note [26], lettre 152).

  3. Cela renvoie au début de l’ère chrétienne, en omettant les erreurs d’Hippocrate et d’Aristote sur le sujet aux ve et ive s. qui l’ont précédée.

  4. Hélas pour le lyrique Segerus ! les siècles suivants ont montré que la sanguification (hématopoïèse) appartient à la moelle osseuse (v. note [1], lettre 404).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 14 juillet 1662, note 5.

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(Consulté le 05/05/2024)

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