BARLET (Cyril)

Clinique et position nosographique de la catatonie, des origines à nos jours

Texte intégral Tome 1 (PDF 2,64 Mo)

Résumé

Kahlbaum, s’inspirant de la notion ancienne de mélancolie stuporeuse, créé en 1863 le concept de catatonie pour décrire une maladie autonome principalement caractérisée par l’immobilité, les postures figées, la stupeur, le mutisme, la conservation des postures imposées, la raideur musculaire, le négativisme, le maniérisme, les stéréotypies et la verbigération. Au début du XXe siècle, Kraepelin puis Bleuler intègrent la catatonie dans leur concept de dementia præcox/schizophrénie, influençant en cela la plupart des classifications psychiatriques jusqu’à une date récente. De nombreux travaux réalisés dans la première moitié du XXe siècle montrent pourtant que les tableaux catatoniques se rencontrent également dans les psychoses affectives et dans de nombreuses affections somatiques, ou encore isolément. De son côté, l’école de Wernicke, Kleist et Leonhard développe sa propre conception de la catatonie comme forme de schizophrénie. Bien que l’on croie constater entre 1930 et 1970 une franche diminution de la fréquence de la catatonie, les études conduites dans les années 1970 démontrent sa forte prévalence, son évolution généralement favorable, et son caractère ubiquitaire. La découverte dans les années 1980 de l’efficacité spécifique des barbituriques, des benzodiazépines et de l’ECT sur les états catatoniques éveille par ailleurs de grands espoirs thérapeutiques. Dans ce contexte, les années 1990 et 2000 sont le théâtre d’un vif débat nosographique où s’affrontent les tenants de la catatonie comme maladie autonome, comme forme de schizophrénie et comme syndrome transnosographique. La clinique fondamentale des états catatoniques n’en est pas pour autant remise en cause. Aujourd’hui, le développement du concept de continuum psychotique et l’émergence de l’approche diagnostique dimensionnelle des psychoses permet de concevoir la catatonie comme une dimension psychopathologique autonome, ouvrant par là une nouvelle voie de recherche dans ce domaine.

Discipline : Médecine
Université de médecine et de pharmacie de Besançon