Nous avons ici un honnête homme bien affligé, c’est M. de La Mothe Le Vayer, [2] célèbre écrivain et ci-devant précepteur de M. le duc d’Orléans, âgé de 78 ans. Il avait un fils unique d’environ 35 ans, [1][3] qui est tombé malade d’une fièvre continue, [4] à qui MM. Esprit, [5] Brayer [6] et Bodineau [7] ont donné trois fois le vin émétique, [8][9] et l’ont envoyé au pays d’où personne ne revient. J’ai aujourd’hui été à nos Écoles pour entendre la harangue de M. Le Conte [10] pour l’acte du sieur de Bourges. [2][11] Il est fort savant et fort sage, mais il devient vieux ; tout ce qu’il a dit est l’ouvrage d’un esprit qui vieillit, c’est une pitié que d’en venir là. La vieillesse est une grande dame, qui ne vient jamais sans grand train. Il vaudrait mieux n’être pas si savant et < n’>être < pas > déréglé ; [3] et néanmoins, à tout prendre, c’est un abîme de science et d’érudition. Je ne sais quel remède on apportera à un grand désordre qui est de deçà : jour et nuit on vole et on tue ici alentour de Paris ; on dit que ce sont des soldats du régiment des gardes et des mousquetaires ; [12] mais pourquoi tuer des gens qui vont et qui viennent, des boulangers, des paysans, des marchands et des gens qui s’en retournent dans leur pays ? Nous sommes arrivés à la lie de tous les siècles.
Mme la duchesse d’Orléans [13] s’est trouvée mal à Villers-Cotterêts. [4][14] Son médecin l’a mise au lait d’ânesse. [15] Elle est fluette et délicate, et du nombre de ceux qu’Hippocrate [16] dit avoir du penchant à la phtisie. [17] Les Anglais sont sujets à leur maladie de consomption [18] qui en est une espèce, une phtisie sèche ou un flétrissement de poumon, ex morbis materiæ [5] dans Fernel. [19] Vale. [6]
De Paris, ce 26e de septembre 1664.