L. 1015.  >
À André Falconet,
le 22 janvier 1672

Monsieur, [a][1]

Je viens d’apprendre du jeune Vander Linden [2] que M. Gronovius [3] est mort à Leyde. [4] Il restait presque tout seul du nombre des savants de Hollande, il n’est plus dans ce pays-là de gens faits comme Joseph Scaliger, [5] Baudius, [6] Heinsius, [7] Salmasius [8] et Grotius. [9] Je viens aussi d’apprendre par des lettres de Bruxelles [10] que M. Plempius, [11] célèbre professeur en médecine, est mort le 12e de décembre dernier. Adieu la bonne doctrine en ce pays-là, Descartes [12] et les chimistes [13] ignorants tâchent de tout gâter, tant en philosophie qu’en bonne médecine. Ce M. Plempius était un savant homme, hollandais de nation et huguenot, [14] qui se fit catholique [15] pour être professeur à Louvain. [16] Il dit un jour à M. Riolan [17] qui me le redit, Si Messieurs des États me veulent donner une de leurs charges de professeur en médecine à Leyde, je me referai huguenot et irai demeurer chez eux. Que ne ferait-on pas aujourd’hui pour gagner sa vie ? C’est qu’il était dès ce temps-là mal payé de ses gages, et je crois que c’est encore pis à présent à ceux qui restent. Le roi [18] a fort bien reçu M. de Pomponne [19] qui a fait serment de sa charge, qu’il exerce déjà avec beaucoup d’honneur. [1] Le choix que le roi en a fait me semble presque miraculeux, parmi tant de compétiteurs qui s’y présentaient en foule. Je suis, etc.

De Paris, ce 22e de janvier 1672.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 22 janvier 1672

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(Consulté le 10/12/2024)

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