L. 1016.  >
À Charles Spon,
le 1er février 1672

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er février 1672

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1016

(Consulté le 05/12/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Après vous avoir salué de toute mon affection, je vous dirai que je vous ai écrit le 23e d’octobre dernier pour vous prier de me renvoyer le paquet que vous avez à moi des œuvres de Thomas Erastus. [2] Hoc unum mihi satis erit si ad me revertantur[1] J’ai ici un homme en main qui me fait espérer d’en entreprendre l’édition quelque jour, si paulo meliora et mitiora nobis recurrant tempora[2] Pour le présent je ne m’en étonne point, dies enim mali sunt, et durissimi, quæque boni omnes experiuntur, per iniquitatem sæculi ; [3] on dit que c’est la Chambre de justice [3] qui en est cause. Pour le paquet de livres, vous prendrez et choisirez qui il vous plaira, savoir est le messager de Lyon, à qui on paiera le port, ou quelque libraire qui fît balle pour Paris ; en adressant le paquet à M. Jean Du Bray, marchand libraire, aux Espics meurs, rue Saint-Jacques[4][5] sans que j’y sois nommé en aucune façon. [4] Je pense que vous savez bien que M. le chancelier [6] est mort à Saint-Germain, [7] le jeudi 28e de janvier à neuf heures du soir, âgé de 84 ans, et près de 85 car il était du mois de mai. On parle de lui faire ici de grandes, pompeuses et précieuses funérailles qui coûteront, à ce que l’on dit déjà, plus de 60 000 écus ; sed hæc sunt vivorum solatia, non mortuorum subsidia[5] C’est en lui que les carabins qui sont sortis de la braguette du P. Ignace [8][9] ont fait la perte d’un grand patron et les jansénistes, [10] d’un grand et puissant persécuteur. Nous avons ici depuis peu de jours un ambassadeur d’Espagne, dit le comte de Molina. [11] Quid petat adhuc nescitur, sed hic fortiter agitur de bello in Batavos ; [6] et même, M. le prince de Condé [12] se dispose de partir bientôt pour commander une belle et grande armée en Allemagne. On dit que l’impératrice [13] est nouvellement accouchée d’un fils : voilà la Maison d’Autriche fortifiée d’une tête, modo superet atque perennet, nosti versiculum vulgarem : Bella gerant alii, tu, felix Austria, nube[7] Marie de Bourgogne [14] et Jeanne de Castille, [15] qui ont été deux riches héritières, ont heureusement enrichi des petits cadets de Frédéric iii[8][16] Plura mihi non suppetunt quæ scribam. Vale cum tuis, et me ama.

Tuus ex animo, Guido Patin[9]

1er février 1672.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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