[Ms BIU Santé no 2007, fo 48 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Utenbogard, docteur en médecine à Utrecht.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Je n’ai pas encore reçu ce paquet que vous avez confié à M. Vander Linden [2] pour qu’il me l’envoie, je l’attends pourtant de jour à autre. Je ne sais pas ce qu’il contiendra, mais vous en remercie néanmoins. N’y a-t-il pas ce Fernel de nouvelle édition, avec des notes de Heurnius, la première partie des Epistolæ de Saumaise ? [1][3][4][5] Quoi que j’y trouve, croyez bien que je vous en serai très reconnaissant, et pour votre bienveillance et pour l’affection sincère dont vous m’entourez. Le mois dernier, trois anciens de notre Compagnie sont passés de vie à trépas, savoir M. René Moreau, très savant homme que toute la France doit pleurer en raison de ce remarquable talent qui le faisait régner sur l’art de remédier ; [6] le deuxième fut Charles Guillemeau, médecin du roi ; [7] le troisième, Charles Le Clerc, [8] honnête et bel esprit.
Omnia transibunt, nos ibimus, ibitis, ibunt,
Ignari, gnari, conditione pari. [2][9]
Tandis que d’autres s’en iront avant d’être vieux, puissiez-vous bien vous porter et ne pas partir ; mais en attendant, aimez-moi, moi qui suis plein de zèle pour vous. Ne publiera-t-on pas chez vous d’autres lettres de savants que celles de Claude Saumaise ? Que font votre Voetius et Mme Schurman, cette savante jeune fille de votre pays ? [10][11] Dernièrement est ici mort le très distingué M. Dupuy, homme remarquable, garde de la Bibliothèque royale. [12][13] Un calcul de vessie tourmente le pape Alexandre vii ; il devra endurer une nouvelle opération de la taille, qu’il a déjà subie en 1642 à Cologne, quand il y était légat pontifical. [14][15] Pour l’état perturbé des affaires entre les rois de Suède et de Pologne, tout est ici incertain et douteux. [3][16][17] Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.
Votre Guy Patin en tout.
De Paris, ce vendredi 24e de novembre 1656.