À Claude II Belin, le 17 novembre 1634
Note [5]
Au sens restreint, la Sorbonne avait été un Collège fondé par Robert de Sorbon (Sorbon, près de Rethel, 1201-Paris 1274) en 1253 pour accueillir les étudiants en théologie appartenant au clergé séculier, voulant ainsi s’opposer à la dominance du clergé régulier (dominicains et franciscains) sur la Faculté de théologie (exclusivement catholique) de Paris. Plusieurs autres collèges dispensaient l’enseignement préparatoire aux degrés de cette Faculté (baccalauréat, licence, doctorat, v. note [4], lettre 674) ; le plus renommé était celui de Navarre. Toutefois, à partir de 1554, la Faculté ayant pris l’habitude de siéger dans le Collège de Sorbonne, elle adopta son nom et devint la Maison et Société de Sorbonne, mêlant de manière plus ou moins balancée les deux clergés, régulier et séculier. Cette mixité faisait coexister les deux grands courants de l’Église française : les ultramontains qui se plaçaient sous l’obédience directe de Rome, et les gallicans qui faisaient valoir les intérêts du roi et des évêques de France.
Au sens large, la Sorbonne désignait l’assemblée des docteurs de théologie à Paris (Sacra Facultas theologorum [sainte Faculté des théologiens]). Elle prononçait des avis sur toutes les questions religieuses et philosophiques, et exerçait un pouvoir de censure. Aucun jésuite n’en faisait partie, mais cela n’empêchait pas tout à fait la Compagnie de Jésus d’y exercer son influence indirecte (par l’intermédiaire du pouvoir royal, quand il lui était favorable, et du clergé régulier, soumis à Rome), comme il est notamment apparu lors des querelles sur le jansénisme.Outre celle de théologie, la Sorbonne abritait la Faculté de droit canonique. La Faculté des arts (Quatre-Nations), comme la plus ancienne, dirigeait l’Université de Paris, avec prééminence sur les trois autres facultés qui la composaient (théologie, médecine, droit canon, v. note [8], lettre 679).