À Charles Spon, le 19 juin 1643

Note [15]

« les œuvres de de Thou sont plus copieuses, les miennes sont plus grandes. »

La citation se trouve au 2e paragraphe du Liber Primus (page 3) du livre de Gramond :

Exacti historiam seculi tradidit Thuanus Præses, a Francisco primo, in Henricum iv mihi a Ludovico xiii principium et finis. Thuano sexaginta anni spatium scribendi, mihi triginta tres : sex illi reges, unus mihi cuius tempora memorem : ille plura, ego maiora scribo : illi ab opere, mihi a materie dignitas est ; utrique in patriam amor. At ne comparatione vilescat vir magnus, ire in vestigia præcursoris, quanquam é longinquo, pro magnifico habeo. Mihi studium ingens compilandis memorialibus libris, quo res pure traderem, ut consultæ, ut gestæ. Ceterum nihil odio, nihil per gratiam scribo : una omnium mihi caussa est, neminémque habeo procul, dum omnibus bona fide insisto. Laudo, vitupero, irascor, ut virtus, ut vitia cogunt. Nec mihi iudicium arrogo : opera et stylus mea sunt, cetera actorum.

[Le président de Thou a relaté l’histoire du siècle passé, depuis François ier jusqu’à Henri iv ; pour moi, je suis allé du commencement à la fin de Louis xiii. Ses écrits ont couvert un espace de 60 années, le mien 33 ; pour lui six rois, pour moi un seul dont je raconterai l’époque ; lui a écrit plus de choses, mais moi de plus grandes ; lui tire mérite de son ouvrage, moi de mon sujet, et tous deux de notre amour pour la patrie. Mais pour que la comparaison ne dévalue pas ce grand homme, je me flatte de suivre les pas d’un tel précurseur, même si je m’en tiens fort éloigné. À mon avis, il a mis un zèle immense à piller les mémoires : sitôt étudiés, sitôt emportés, à proprement parler. Je n’écris rien par haine ni par flatterie des autres : je m’intéresse à tous et ne laisse personne à l’écart, je m’attache à tout de bonne foi. Je loue, je blâme, je m’emporte, quand les vertus, quand les vices m’y pressent. Je ne m’arroge pas le pouvoir de juger. Le travail et la plume sont de moi, le reste appartient à ceux dont j’écris les actes].


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 19 juin 1643, note 15.

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(Consulté le 26/04/2024)

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