À Charles Spon, le 22 mars 1648
Note [33]
« à moins d’un Deus ex machina [que Dieu ne me soit apparu comme en sortant d’une machine]. »
Deus ex machina : « c’est proprement l’intervention d’un dieu descendu sur la scène au moyen d’une machine et au figuré, le dénoûment plus heureux que vraisemblable d’une situation tragique. Dans les tragédies antiques, il arrivait fréquemment que la catastrophe se dénouait tout à coup, a la complète satisfaction des spectateurs, au moyen d’un dieu qu’une machine faisait subitement descendre du ciel sur le théâtre. Dans nos pièces modernes, le notaire qui apporte un héritage, l’oncle d’Amérique revenant juste à temps pour tirer d’embarras son neveu ou sa nièce, voilà ce qui remplace le Deus ex machina » (G.D.U. xixe s.).William Harvey, dans sa Seconde réponse à Jean Riolan (De Motu cordis, pages 211‑214 ; v. note [12], lettre 177) a fait un usage fort heureux de l’expression dans le débat sur la circulation du sang :
« pour ce qui concerne les esprits, leur nature, leur corps, leur connaissance, leur union ou leur séparation avec le sang et les parties solides, il y a tant d’opinions et elles sont si variées qu’il ne faut pas s’étonner que, par un subterfuge de commune ignorance, on explique tout par les esprits dont on ne connaît nullement la nature. En effet, les ignorants, lorsqu’ils ne savent pas expliquer un phénomène, disent aussitôt qu’il est produit par les esprits et introduisent partout les esprits comme agents universels. Ils font comme les mauvais poètes qui, pour le dénoûment et la catastrophe finale de leurs pièces, font venir en scène le Deus ex machina. »