À Charles Spon, le 13 juillet 1649

Note [6]

Guignon : « malheur, accident dont on ne peut savoir la cause, ni à qui s’en prendre. Tous les joueurs qui perdent disent toujours, qu’il y a quelqu’un qui leur a porté guignon » (Furetière).

Quel guignon, en effet ! Les Allemands étaient les Weimariens d’Erlach (v. note [5], lettre 168).

Journal de la Fronde (volume i, fo 56 vo, 5 juillet 1649) :

« Ledit jour on apprit par un courrier envoyé à Son Altesse Royale {a} que l’archiduc Léopold s’étant présenté avec 14 mille hommes devant les lignes de Cambrai, le 3 du courant au matin, fit ranger le gros de son armée en bataille contre l’un des deux postes gardés par les Allemands ; et cependant {b} envoya attaquer en même temps le quartier de M. de Villequier et celui de M. de La Ferté-Imbaut pour les amuser. Les Allemands voyant que les ennemis attaquaient un de leurs postes, dégarnirent l’autre pour défendre celui qu’on attaquait ; dont l’archiduc ayant eu avis fit aussitôt entrer dans Cambrai 2 000 chevaux, avec chacun leur fantassin en croupe, par le poste que les Allemands avaient dégarni ; après quoi il se retira. Le comte d’Harcourt perdant espérance de pouvoir venir à bout de cette entreprise, leva le siège pour s’en revenir vers la frontière ; mais comme il y avait environ 60 pièces de canon, il ne put faire si diligemment sa retraite avec un si grand attirail qu’il ne fût obligé d’en laisser quelques pièces. En sortant de là il fut loger avec son armée à Crèvecœur sur l’Escaut, quatre lieues en deçà de Cambrai, digne logement d’un chef qui venait de manquer son entreprise. Néanmoins on n’en attribue point la faute à sa conduite, car le siège était en bon ordre, mais on croit que les Allemands nous ont vendus en cette occasion, et il y en a même qui veulent que l’archiduc leur ait donné une grosse somme d’argent pour cela. Ils étaient commandés par le colonel Ohem en l’absence d’Erlach qui était allé aux eaux de Spa. L’on avait promis à M. d’Hocquincourt de lui donner le gouvernement de Cambrai pour celui de Péronne, qu’il avait promis par ce moyen à M. le cardinal, lequel voulait faire sa créature de M. d’Hocquincourt en le faisant outre cela maréchal de France ou duc et pair. »


  1. Le duc d’Orléans.

  2. Pendant ce temps.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 13 juillet 1649, note 6.

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(Consulté le 26/04/2024)

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