À Charles Spon, le 16 novembre 1649

Note [2]

Les deux récipiendaires avaient déjà exercé la surintendance des finances : Claude de Mesmes, comte d’Avaux, de 10 juin 1643 au 16 juillet 1647, et Michel i Particelli d’Émery, du 16 juillet 1647 au 9 juillet 1648. Cette double nomination (v. note [5], lettre 205) avait une haute valeur politique.

Journal de la Fronde (volume i, fo 129 ro, novembre 1649) :

« Le 6 du courant, la charge de surintendant des finances fut donnée à MM. d’Avaux et d’Émery pour l’exercer conjointement, et le premier fut nommé devant celui-ci dans la commission pour contenter M. le duc d’Orléans qui s’opposait à la réception de M. d’Émery porté par M. le Prince, Son Altesse Royale n’ayant point voulu se relâcher qu’à condition que M. d’Avaux l’exercerait aussi. Les deux ou trois jours précédents le sieur d’Émery avait été ici incognito et s’en était retourné à Saint-Cloud, d’où il revint en cette ville le 7 après que son affaire fut faite. Il reçut en même temps quantité de visites et notamment de tous les partisans, lesquels furent se conjouir avec lui de son retour. Les secrétaires de la chancellerie y furent aussi et l’on remarqua qu’il leur dit qu’il avait été obligé ci-devant, par les intérêts de l’État, de leur faire du mal, mais qu’ils connaîtraient à l’avenir, avec tout le monde, qu’il avait des bons desseins pour eux, et qu’il voulait mettre bon ordre aux affaires et tâcher de contenter un chacun. Il promet de bien faire payer les rentes de la Ville et de faire venir du blé à Paris en abondance. L’on dit même qu’il offre de rendre compte de son administration pour l’avenir et qu’enfin, il promet merveille. Le 8 il fut au Palais-Royal où il fut reçu et commença d’entrer au Conseil. Il a proposé quantité de moyens pour faire venir de l’argent dans les coffres du roi, entre autres de permettre à tous les évêques et abbés de France d’élire un coadjuteur pour leurs bénéfices à condition d’en donner à Sa Majesté une année de revenu payable dans deux ans, savoir la moitié comptant et l’autre moitié l’année suivante ; et quant à ceux qui ne voudront point de coadjuteur, que le roi en nommera un qui payera par avance la première année du revenu du bénéfice qu’on lui assurera. L’on parle encore d’une autre proposition qui est à remarquer, savoir de faire revivre une ordonnance du roi Charles v, laquelle obligeait tous les meuniers à rendre le même poids de farine qu’ils avaient reçu du blé pour moudre, et par ce moyen le roi en prenait 8 sols de chaque setier, ce qui ce se pratique encore en quelques endroits du royaume ; mais toutes ces propositions ont déjà été faites il y a longtemps. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 novembre 1649, note 2.

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(Consulté le 26/04/2024)

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