À Charles Spon, le 20 décembre 1652
Note [39]
« Je crains pourtant que ces menaces ne soient que des menaces, et qu’un brillant coup d’éclat. »
Journal de la Fronde (volume ii, fos 188 vo et 189 ro, 20 décembre 1652) :
« Messieurs les curés de Paris s’étant assemblés là-dessus sur les quatre heures, résolurent d’aller trouver M. l’archevêque, son oncle, pour s’en condouloir avec lui {a} et recevoir ses ordres ; et y ayant trouvé le chapitre de Notre-Dame, il y fut arrêté qu’on exposerait dans toutes les paroisses le Saint-Sacrement pour ce sujet, et de retourner tous en corps trouver ce matin l’archevêque pour l’accompagner au Louvre ; où il est allé à onze heures avec une suite de cent carrosses, qui ont passé le long du pont Notre-Dame, par les rues Saint-Denis et Saint-Honoré ; et y étant arrivé et < ayant > attendu plus d’une heure l’audience, pendant lequel temps, M. Le Tellier l’ayant rencontré, lui dit qu’il s’étonnait de ce qu’ils venaient en corps sans avoir auparavant demandé audience, et que néanmoins, il allait voir si on la leur voudrait donner. Peu après, l’on le fit entrer dans la chambre de la reine où il a demandé au roi, au nom de tout le clergé de Paris, la liberté de son neveu pour faire la fonction de sa charge, à laquelle il ne pouvait pas vaquer à cause de son âge caduc et de son indisposition ; à quoi M. le Chancelier a répondu que le roi, portant le nom de très-chrétien, avait toujours beaucoup de révérence et d’estime pour les ecclésiastiques, et principalement pour ceux qui occupaient les premières dignités de l’Église tant qu’ils s’employaient aux fonctions de leur charge ; mais que quand ils quitteraient l’autel pour se mêler des affaires qui n’étaient pas de leur fait et pour brouiller l’État, Sa Majesté userait du pouvoir temporel que Dieu lui a donné contre ceux qui troublaient la tranquillité publique, dont eux-mêmes n’étaient pas exempts puisqu’ils étaient ses sujets ; que Sa Majesté croit que les prières et le vœu qu’ils faisaient pour la prospérité de sa personne et de son État avaient fait que Dieu lui avait inspiré cette résolution de s’assurer de la personne de M. le cardinal de Retz ; qu’elle ne laissait pas d’avoir agréable les instances que leur zèle et leur piété les avaient incités de faire ; après quoi, Leurs Majestés ont mené M. l’archevêque dans le cabinet, lui en particulier. Cette après-dînée, la Sorbonne et l’Université s’étant assemblés sur ce même sujet, ont résolu d’aller demain au Louvre demander la liberté de ce cardinal. On assure que le duc de Brissac, qui était fort son ami, est parti pour aller en Bretagne. La cour a envoyé dès hier un gentilhomme à Blois pour informer Son Altesse Royale de cette détention. ».
- Partager sa douleur.