À Charles Spon, le 4 août 1654

Note [14]

Clair-Gilbert d’Ornaison, comte de Chamarande (ou Chamarante) est cité de manière peu flatteuse dans les Historiettes de Tallemant des Réaux (Mme de Broc, tome ii, page 615) :

« Ce galant homme d’évêque est ce même M. d’Auxerre, {a} de chez le cardinal de Richelieu, qu’on accusait d’être amoureux de Chamarande (aujourd’hui premier valet de chambre du roi, et galant de Mme de Beauvais ; on dit qu’il est gentilhomme ; on en fait cas), porte-parasol du feu cardinal. »


  1. Pierre de Broc, évêque d’Auxerre (v. note [16], lettre 490).

Chamarande (1621-1699) était entré dans la Maison de Richelieu au cours du dernier trimestre de 1638, avec traitement de 300 livres par an. Il figurait sur le testament du cardinal pour une somme de 3 000 livres. Il était devenu premier valet de chambre du jeune Louis xiv et confident de ses amours. Plus tard, il fut maître d’hôtel de la dauphine (1679), conseiller d’État (1681) avec une pension de 3 000 livres et gouverneur de Phalsbourg et de Sarrebourg. La terre d’Étampes réunie à celle de Bonnes fut élevée pour lui en comté sous le nom de Chamarande (d’abord Chamarante) par lettres enregistrées au Parlement en 1686. Mêlé à toutes les intrigues de cour, Chamarande recevait chez lui d’illustres personnages et fournit des anecdotes aux mémorialistes de l’époque. Il mourut chevalier de l’Ordre de Saint-Michel et de Saint-Lazare. Il est curieux de voir le renom qu’avait pris sur la fin de sa vie celui qui, à 18 ans, avait éveillé la passion coupable de l’évêque d’Auxerre : Saint-Simon (Mémoires, tome vi, page 93) dit qu’il mourut « universellement estimé, considéré et regretté » et ailleurs (tome ii, page 211) qu’il était « de ces sages que tout le monde révérait pour sa probité à toute épreuve et pour sa modestie ». Il avait épousé Marie-Anne de Trélon et il en avait eu un fils, Louis d’Ornaison, né vers 1660, qui eut la survivance de sa charge et qui mourut en 1737 (Adam et Jestaz).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 4 août 1654, note 14.

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(Consulté le 12/11/2024)

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