À Charles Spon, le 21 avril 1655

Note [9]

L’Histoire des cérémonies du siège vacant, ou la Relation véritable de ce qui se passe à Rome à la mort du Pape. Ensemble la forme et manière de procéder dans le conclave pour l’Élection du nouveau Pape. Suivant les Constitutions et Cérémoniaux. Avec le couronnement et la cavalcade qui se fait à la prise de possession. {a}


  1. Paris, Jean Guignard, 1655, in‑fo de 44 pages (illustré avec les fac-similés des bulletins de vote employés par les cardinaux).

Ouvrage anonyme, attribué à N. de Monstreuil (ou Monstreul) sur la foi de ce qu’en disait ici Guy Patin (Antoine-Alexandre Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes… 1823, volume 2, page 104). Quoi qu’il en soit de l’auteur, il intéresse le lecteur quand il dévoile un peu le dessous des cartes (pages 39‑40) :

« Les factions qui se forment pour l’ordinaire dans les conclaves se réduisent le plus souvent à deux ou trois principales, toutes les autres s’y joignant selon les divers intérêts qu’elles peuvent avoir à l’inclusion ou exclusion des sujets proposés. Les neveux des défunts papes sont chefs ordinaires des factions, ayant dans leur dépendance les créatures de leurs oncles, qui concourent avec eux à l’exaltation des sujets qu’ils affectionnent, et à l’exclusion de tous les autres sujets que des créatures de leurs défunts oncles, principalement quand leur règne leur a donné lieu de faire de nombreuses promotions, pour ne recevoir pas le reproche de n’avoir pu faire choix de créatures dignes d’être élevées à une si sublime dignité, et n’être pas exposés aux recherches qu’un pape qui ne serait pas de leurs créatures pourrait faire de leur administration. Les protecteurs des couronnes sont aussi chefs de factions pour empêcher l’élévation d’un sujet qui leur soit suspect, ou pour porter au pontificat un cardinal ami et bien affectionné à leurs intérêts. Les souverains qui ont les intentions les plus justes ne veulent qu’un père commun ; mais tous bien souvent, sous ce prétexte, butent à leurs avantages particuliers. Il se forme aussi des brigues et des factions des nations, comme de la Romaine, par exemple, pour ne consentir point à l’élection d’un pape qui ne soit romain […]. Il y a des factions de spirituels et indépendants qui font profession ouverte de ne vouloir se déclarer en faveur d’aucun en particulier, et de suivre leurs inspirations pour les sujets qu’ils estimeront en leurs consciences dignes du pontificat ; lesquels se joignent aisément à toutes les autres < factions >, ou pour exclure ceux qu’on propose qu’ils estiment indignes de cette élévation, ou pour donner leurs suffrages à ceux qui ont des qualités pour soutenir avec réputation la dignité de chef de l’Église catholique. Cette diversité de factions, quand elles sont de forces égales et que les voix sont également partagées, est cause pour l’ordinaire de la longue durée des conclaves. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 avril 1655, note 9.

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(Consulté le 04/12/2024)

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