Qui ne veut pas s’assujettir aux lois, aux règles de bien vivre, à la discipline d’un monastère. Un écolier est libertin quand il frippe ses classes (perturbe la classe en chahutant), quand il ne veut pas obéir à son maître. Une fille est libertine, quand elle ne veut pas obéir à sa mère ; une femme à son mari. Les moines libertins sont ceux qui sortent du couvent sans permission. Libertin se dit aussi à l’égard de la religion, de ceux qui n’ont pas assez de vénération pour ses mystères, ou d’obéissance à ses commandements. Le père Garasse a fait un livre contre les athées et les libertins, qu’il appelle la Doctrine curieuse (v. note [1], lettre 58). Dans l’histoire et dans le droit romain on appelle libertin, un esclave affranchi, par relation à son patron (Furetière).
Charles Sorel dans sa nouvelle Les divers amants (Nouvelles françaises, 1623 ; Nouvelles du xviie s., Gallimard, La Pléiade, Paris, 1997, page 158) a défini les esprits libertins : « qui ne croient pas facilement aux choses qui leur sont inconnues et se figurent qu’il ne faut pas quitter les biens visibles pour ceux qui sont invisibles, et n’ont de la connaissance que pour les choses sensibles et matérielles. » En ce sens, on pourrait qualifier Guy Patin de médecin libertin.
On distingue au xviie s. le libertinage scandaleux, qui touchait les mœurs, et le libertinage érudit, qui touchait la pensée. Illustrés ensemble dans le personnage du Don Juan de Molière (1665), ils pouvaient se pratiquer indépendamment l’un de l’autre. Le premier est devenu le libertinage, tout court ; le second, critique des dogmes religieux, déiste, mais rarement athée, était un ancêtre de la libre-pensée moderne, mais il faut se garder d’une analogie trop stricte entre ces deux philosophies.
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