L. 550.  >
À André Falconet,
le 27 décembre 1658

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 27 décembre 1658

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0550

(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Votre lettre du 19e de décembre m’a ravi, je vous en remercie de tout mon cœur. Je n’ai pas moins de joie quand je reçois les vôtres que vous avez pour les miennes, et je vous écrirais plus souvent si j’avais quelque chose de digne de vous être mandé. Dieu sauve le comes archiatron[1][2] s’il a de quoi. Nous le connaissons bien de deçà et savons bien quam sit illi curta supellex præter garrulitatem nativam, et artes aulicas quarum copia et robore pollet[2][3][4] Je sais bien le mérite de Symphorien Champier [5] et l’ai souvent loué, même publiquement, et en mes explications et en mes leçons ; [6] mais je voudrais bien savoir en quel an il est mort et en quel lieu, car je crois qu’il quitta Lyon pour s’en aller en Lorraine où il fut archiatron, et me semble avoir lu quelque part qu’il mourut l’an 1535. C’était du temps de Tagault, [7] de Sylvius, [8] de Martin Akakia. [9] Brissot [10] était mort en l’an 1522 et Fernel [11] était encore en herbe ; [3] au moins, comme on dit, fendait-il du bois, se préparant pour être le premier médecin de son temps et peut être le plus grand qui sera jamais. Il enseignait alors dans nos Écoles. Sa Physiologie ne fut imprimée que trois ans après, savoir l’an 1538, mais ses Mathématiques l’avaient été dès l’an 1528. [4] N’y a-t-il pas moyen de faire un beau parallèle entre Fernel et le comes archiatron d’aujourd’hui, que vous n’aurez plus guère à Lyon ? [5] Ou, au lieu de Fernel, mettons-y ceux qui ont suivi, savoir Joannes Capellanus, [12] Varade, [13] Marc Miron, [6][14] Nicolas Le Grand, [15] André Du Laurens, [16] M. Bouvard, [17] M. Cousinot [18] son gendre, M. Seguin, [19] et autres ; [7] mais non eadem est ætas, intervenerunt Eutropii et Rufini[8][20][21] Il faut céder au temps qui est le grand maître des bonnes choses. Ces élites de grands hommes ne sont plus de saison, il ne faut plus que de l’argent ; bien que le siècle soit de fer on ne veut que de l’or. Aurea nunc vere sunt sæcula, plurimus auro venit honos[9][22] Celui d’aujourd’hui en sait bien des nouvelles, on lui en a bien fait trouver malgré lui, et peut-être à son dam, [10] quelque mine qu’il fasse. Ce temps-là est passé, de Fernel, de Burgensis, [11][23] Bouvard, Seguin, Cousinot et autres. Hæc fuerant sub Rege Numa, sub Consule Bruto[12][24][25] Il y avait encore en ce temps-là parmi les hommes quelque respect d’équité et de vertu, nondum Barbarico pollutus semine sanguis conspurcaverat Galliam nostram, etc[13][26] Je viens d’apprendre qu’il y a du bruit en Normandie et autres provinces, et que les portes de Rouen sont fermées. Je vous baise les mains de toute mon affection, et à Mlle Falconet. Natalis valet, studet, ambulat diebus festis[14][27] il apprend à Paris, et autres choses pareillement. Je suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, le 27e de décembre 1658.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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