Gradué en droit, Ménage (Angers 1613-Paris 1692) [1] était venu à Paris en 1632. Après avoir débuté au barreau, il était entré dans les ordres. Simple abbé tonsuré en 1640, il s’était mis au service du coadjuteur de l’archevêque de Paris, futur cardinal de Retz. En 1648, il allait être promu sous-diacre, mais n’alla pas au-delà dans la prêtrise. Depuis 1639, Ménage fréquentait l’hôtel de Rambouillet et les frères Dupuy (v. note [5], lettre 181) ; il s’était acquis une juste réputation d’érudit, possédant notamment le latin, l’italien, le grec et l’hébreu ; mais de tempérament caustique, il se jetait avec vigueur dans toutes les querelles qui s’offraient à sa plume féroce. Au temps de la Fronde, il s’éloigna de Retz pour se rapprocher du camp mazarin ; plus tard, il se plaça sous la protection de Nicolas Fouquet. Le meilleur de Ménage est dans ses travaux de philologue et d’étymologiste, dont Guy Patin a parlé au fil de ses lettres.

Ménage appelait Patin « le médecin le plus gaillard de son temps ». Ce gaillard, souvent cité, peut se comprendre dans plusieurs sens qui vont du louable au méprisable (Furetière) :

« Enjoué, qui ne demande qu’à rire ou à faire rire. […] On le dit aussi des choses qui sont licencieuses, hardies, incroyables. […] On appelle aussi gaillard un homme qui se porte bien, qui est dispos et vigoureux. […] On dit aussi d’un homme, que c’est un gaillard, pour dire, que c’est un adroit, un fourbe, un homme à surprendre les autres, dont il se faut défier. »

L’Uppsala universitetsbibliotek conserve et nous a aimablement transmis une feuille d’une lettre que Guy Patin a écrite à Gilles Ménage le 20 juillet 1651.