Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, page 201) :
« L’après-dînée, {a} Mme de Fourcy m’envoya dire que Gravelines était pris. […] Cette nouvelle nous fut confirmée ; la reine avait reçu le courrier à Notre-Dame. Nous vîmes le cardinal Mazarin et grand nombre de carrosses qui allaient à Luxembourg {b} chez Madame. Cette nouvelle réjouissait tout le monde, ce siège ayant été autant opiniâtré qu’aucun siège depuis la guerre, les ennemis s’étant défendus en gens de cœur et jusqu’à l’extrémité. »
- L’après-midi du 30 juillet 1644.
- Au palais du Luxembourg.
Montglat (Mémoires, page 152) :
« Le 29, {a} don Fernando Solis sortit de Gravelines avec sa garnison et ayant baisé la botte à M. le duc d’Orléans, fut conduit à Dunkerque. Le maréchal de Gassion, sous ombre que la place avait parlé de son côté, crut que c’était à lui à en prendre possession ; et pour cet effet, il s’était mis à la tête du régiment de Navarre et marchait pour entrer dedans ; mais il rencontra le maréchal de La Meilleraye à la tête des Gardes, dans le même dessein, parce que ce régiment, comme le premier de France, a droit d’entrer le premier dans les places conquises. Dans cette contestation, les maréchaux se piquèrent l’un contre l’autre, et même mirent la main sur la garde de leur épée ; et les bataillons des Gardes et de Navarre commençaient à baisser les piques pour soutenir chacun son général, lorsque Lambert, vieux maréchal de camp, courut entre les deux régiments et leur défendit, de la part de Son Altesse Royale, de les reconnaître ni l’un, ni l’autre. Aussitôt, il envoya donner avis de ce désordre à Monsieur, lequel y fut lui-même et jugea en faveur du maréchal de La Meilleraye et du régiment des Gardes, avec lequel il entra dans Gravelines. Ainsi, cette forte place tomba dans la puissance des Français après deux mois de siège, qui fut célébré par la vigoureuse résistance des assiégés, par la valeur des assiégeants et par le grand nombre de princes, de ducs et pairs, et de grands seigneurs qui étaient volontaires dans cette armée pour montrer le zèle qu’ils avaient pour la personne de Monsieur ; lequel envoya cette bonne nouvelle à la reine régente, qui donna le gouvernement au comte de Grancey. » {b}
- Juillet 1644.
- V. note [159], lettre 166.
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