Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Pièces liminaires, note 13.
Note [13]

L’hygiène (du grec hugiainein, se bien porter) était alors la branche de la médecine qui regardait les six choses ou qualités non naturelles. L’Encyclopédie les a ainsi définies dans son article consacré aux Choses non naturelles :

« C’est un terme de médecine assez impropre, mais reçu surtout dans les écoles, qui demande toujours un commentaire pour être entendu. On appelle donc choses non naturelles (d’après Galien qui paraît avoir le premier employé cette épithète singulière) celles qui ne composent pas notre nature ou notre être, mais dont l’économie animale éprouve de grands effets, de grands changements, de grandes altérations.

C’est, dans le livre de oculis, attribué à cet auteur, {a} que l’on trouve qu’il y a sept choses naturelles, six non naturelles et trois contre nature. Les premières sont <1> les éléments, <2> les tempéraments, <3> les parties, <4> les humeurs, <5> les esprits, <6> les facultés et <7> les actions ; ce sont celles qui concourent à former le physique de notre être. {b} Les secondes sont <1> l’air que nous respirons, <2> la matière des aliments et de la boisson, <3> le mouvement et le repos, <4> le sommeil et la veille, <5> ce que nous retenons dans notre corps et ce qui en sort, et enfin <6> les affections de l’âme. Ces choses, qui sont celles dont il s’agit dans cet article, sont toutes celles dont on ne peut pas éviter l’usage ou les influences, et qui servent essentiellement à la conservation de la santé lorsqu’elles sont bien disposées et que l’on en fait un bon usage ; {c} mais qui font un effet contraire lorsqu’elles sont mal disposées par elles-mêmes, ou qu’on n’en use pas bien. Elles donnent alors naissance aux troisièmes des choses mentionnées qui sont dites contre nature et constituent <1> les maladies, <2> leurs causes et <3> leurs symptômes. » {d}


  1. Absent de l’édition Karl Gottlob Kühn (1821-1833), le Galeni de Oculis, liber ascriptitius, in sex Sectiones distributus [Livre ajouté de Galien sur les yeux, divisé en six sections] se trouve dans l’édition Chartier (tome 10, pages 504‑522) ; il est entièrement en latin. Le chapitre ii de la section iii est intitulé De rebus naturalibus, non naturalibus, et contra naturam [Des choses naturelles, non naturelles et contre nature] (pages 509‑510).

    Il se conclut sur cette énumération (légèrement différente de celle que donnait L’Encyclopédie au xviiie s.) que tout médecin dogmatique se devait de savoir par cœur car elle fondait ses raisonnements :

    Qui ergo ægro sanitatem vult restituere, decenter debet investigare septem res naturales, quæ sunt, elementa, complexiones, humores, membra, virtutes, spiritus, et operationes, et quæ sequuntur eas, ut ætates, colores, figuras, distantiam inter masculum et fœminam : et res non naturales, quæ sunt sex, aër, cibus et potus, inanitio et repletio, motus et quies, somnus et vigilia, et accidentia animæ : et res extra naturam, quæ tres sunt, morbus, causa morbi, et accidentia morbum concomitantia.

    [Qui veut rendre la santé à un malade doit convenablement explorer :

    • sept choses naturelles qui sont <1> les éléments, <2> les tempéraments, <3> les humeurs, <4> les parties du corps, <5> les facultés, <6> les esprits et <7> les fonctions et ce qui en découle, à savoir les âges de la vie, les teints, les configurations, la distinction entre l’homme et la femme ;

    • les choses non naturelles qui sont au nombre de six, <1> l’air, <2> le manger et le boire, <3> l’épuisement et la satiété, <4> le mouvement et le repos, <5> le sommeil et la veille, et <6> les dérangements de l’esprit ;

    • et les choses contre nature qui sont au nombre de trois, <1> la maladie, <2> la cause de la maladie, et <3> les manifestations et les symptômes des maladies].

    Même si l’attribution de ce traité à Galien est douteuse, ce que contient ce chapitre est conforme à la conception des qualités naturelles qu’il a développée dans ses autres ouvrages.

  2. Leur étude forme la physiologie.

  3. Leur étude forme l’hygiène.

  4. Leur étude forme la pathologie.

Le Dictionnaire de Trévoux définit la diététique (du grec diaita, régime de vie) comme étant « la science qui comprend le régime de vie qu’il faut prescrire aux malades », mais Guy Patin en faisait un synonyme d’hygiène.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Pièces liminaires, note 13.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8167&cln=13

(Consulté le 10/12/2024)

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