À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 132.
Note [132]

« et rien de moins qu’un Roscius en son art, et vraiment incomparable. Qu’il repose dans la paix du Christ. »

Quintus Roscius Gallus (126-62 av. J.‑C.) a joui d’une grande célébrité de déclamateur et d’acteur à Rome. Il donna des leçons d’élocution à Cicéron, qui le tenait en très haute estime et qui prit sa défense dans un procès ( Pro Roscio comœdo Oratio [Plaidoyer pour Roscius le comédien]). Il a surtout laissé de lui ce vibrant homage dans son traité De Oratore [L’Orateur] (livre i, chapitre xxviii) :

Sæpe enim soleo audire Roscium, cum ita dicat, se adhuc reperire discipulum, quem quidem probaret, potuisse neminem, non quo non essent quidam probabiles, sed quia, si aliquid modo esset viti, id ferre ipse non posset; nihil est enim tam insigne nec tam ad diuturnitatem memoriæ stabile quam id, in quo aliquid offenderis. Itaque ut ad hanc similitudinem huius histrionis oratoriam laudem dirigamus, videtisne quam nihil ab eo nisi perfecte, nihil nisi cum summa venustate fiat, nisi ita, ut deceat et uti omnis moueat atque delectet ? Itaque hoc iam diu est consecutus, ut, in quo quisque artificio excelleret, is in suo genere Roscius diceretur.

[J’entends souvent dire à Roscius qu’il n’a jamais trouvé un seul élève dont il fût content ; non pas qu’il ne s’en soit rencontré, dans le nombre, quelques-uns qui eussent du talent, mais parce qu’il ne peut souffrir en eux le moindre défaut. En effet, ce qui choque est toujours ce qui frappe le plus vite, et ce qu’on a le plus de peine à oublier. Appliquons à l’art oratoire l’exemple de ce comédien. Voyez-vous quelle grâce, quelle perfection il met dans ses moindres mouvements ? Comme tout en lui est conforme aux bienséances; comme tout émeut, enchante le spectateur ? Aussi sa supériorité est si bien reconnue, que, pour faire entendre qu’un artiste excelle dans un art quelconque, on dit de lui : “ C’est le Roscius de son art. ”]

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 132.

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(Consulté le 19/03/2024)

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