De Charles Spon, le 15 janvier 1658, note 17.
Note [17]

Deux partis adverses avaient séparément procédé aux élections de consuls de Nîmes : celui de Grand-Croix, attaché à l’évêque Cohon, et celui de Petite-Croix, à dominance calviniste. L’élection de la Grande-Croix avait été confirmée par le Conseil du roi et celle de la Petite-Croix, par le parlement de Toulouse. Les partisans de la Grande-Croix avaient voulu installer leurs élus, mais ceux de la Petite-Croix, refusant de leur livrer les archives de la ville, s’y étaient opposés, avec le soutien de la population.

Armand Angelras (Le Consulat nîmois, histoire de son organisation, thèse pour le doctorat de la Faculté de droit de Montpellier, 1912, pages 170‑172) :

« Le commandant de la province, le comte de Bioule, {a} et l’intendant, M. de Besons, se rendirent à Nimes pour faire exécuter les ordres du roi. Le comte de Bioule tenta vainement d’obtenir un rapprochement entre les partis. Le 31 décembre 1657, il se rendit donc à l’hôtel de ville avec l’intendant pour y installer les consuls confirmés par le Conseil du roi.

Avec lui se trouvaient le marquis de Montfrin, sénéchal de Nîmes, le prévôt de la cathédrale, les quatre consuls de la Grand-Croix et tous ceux de ce parti, ce qui faisait un cortège considérable.

À l’aspect de ce cortège, le peuple commença à s’émouvoir. Les consuls de la Petite-Croix encore en charge se rendirent à l’hôtel de ville et s’y barricadèrent avec un grand nombre d’habitants en armes. Le comte de Bioule, parvenu devant la maison consulaire, interpella deux des magistrats municipaux qu’il trouva postés sur le seuil et leur demanda ce qui poussait ainsi les habitants à prendre les armes. L’avocat Magne, l’un des consuls répondit que c’était le désir de conserver leurs libertés et privilèges. Pendant cette conversation, le geste d’un assistant ayant été mal interprété, une fusillade éclata. Le prévôt de la cathédrale et le sénéchal de Nîmes furent blessés et plusieurs gardes tués Le cortège s’étant alors dispersé en désordre, les consuls sortirent de l’hôtel de ville, se mirent à parcourir les rues pour apaiser le peuple qui semblait disposé à commettre de nouveaux attentats et firent fermer les portes de la ville.

Cette échauffourée fut prise très au sérieux par les états de Languedoc, dont l’évêque Cohon faisait partie. Ils demandèrent au roi le châtiment exemplaire de la ville de Nîmes et la construction d’une citadelle pour le contenir. Le roi fut très irrité et fit prendre des mesures très énergiques pour assurer la répression des troubles qui pourraient survenir.

Les consuls de la Petite-Croix, soutenus par l’immense majorité de la population, résolurent de se défendre. Les deux consuls protestants s’efforcèrent de rattacher le protestantisme à leur cause, ils nouèrent des intelligences avec les Cévennes qui, disposées à venir au secours de Nîmes, envoyèrent quelques détachements.

De son côté, le commandant de Provence, le duc de Mercœur, était déjà arrivé à Bagnols avec un corps de troupe considérable. »


  1. Louis de Cardaillac de Lévis, comte de Bioule, mort en 1666.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Charles Spon, le 15 janvier 1658, note 17.

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(Consulté le 07/12/2024)

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