« Ainsi rêvaient jadis les Sabins : aujourd’hui rêvent aussi les vieillards, dont il est évident que l’esprit chancelle.
Tout à vous, G.P. ».
Sabini quod volunt somniant [Les Sabins rêvent ce qu’ils veulent] est un adage latin dont Pompeius Festus (La Signification des mots, livre xvii, v. note [13], lettre 460) a expliqué la signification :
Vetus proverbium esse et inde manasse ait Sinnius Capito, quod quotiescumque sacrificium propterviam fieret, hominem Sabinum at illud adhibere solebant ; nam jis promittebat se pro illis somniaturum ; idemque postquam evigilasset, sacra facientibus narrat omne quicquid in quiete vidisset, quod quidem esset ex sacrificii religione ; unde venisse dicitur in proverbium, Sabinos solitos quod vellent somniare ; sed quia propter aviditatem bibendi quædam anus mulieres id somnium captabant, vulgatum est illud quoque : anus quod volt somniat ; fere enim quod vigilantes animo volvimus, idem dormientibus apparere solet.
« Sinnius Capiton dit que c’est un vieux proverbe ; et selon lui, il vient de ce que chaque fois qu’il se faisait un sacrifice au sujet d’un voyage, on avait coutume d’y employer un Sabin, car ce Sabin promettait de faire un songe pour les voyageurs. À son réveil, il racontait à ceux qui faisaient le sacrifice tout ce qu’il avait vu durant le temps de son repos, ce qui d’ailleurs n’avait rien de commun avec la sainteté du sacrifice. C’est de là, dit-on, qu’est venue cette locution proverbiale, que les Sabins rêvent ce qu’ils veulent. Mais comme un goût déréglé pour la boisson poussait quelques vieilles femmes à rechercher ces rêves, on employa aussi cette locution populaire : une vieille femme rêve ce qu’elle veut, car d’ordinaire nous voyons à peu près en songe l’image de ce qui occupe notre esprit tandis que nous sommes éveillés. » {a}
- Traduction de M.A. Savagner (Paris, 18462e partie, page 580.
Ce post-scriptum est un bille isolé (fo 96) du ms BnF no 9358, sans indication de date. Le passage du convoi espagnol pour le siège d’Arras et la visite de Jean Benoît sont deux arguments pour le placer ici. Laure Jestaz a préféré en faire une lettre à part (no 140 de son édition, tome ii, page 810), placée après celle du 8 décembre 1654. |