À André Falconet, le 24 octobre 1651, note 3.
Note [3]

La majorité du roi, les 13 ans de Louis xiv, conférait à sa mère, Anne d’Autriche, jusque-là régente, le titre de reine mère ; cependant, suivant une coutume répandue, Guy Patin allait continuer de l’appeler reine, jusqu’au mariage de Louis xiv en 1660.

La cour avait quitté Paris le 27 septembre ; son arrivée à Bourges le 8 octobre marquait le début de la guerre civile. L’absence de Condé au Parlement le jour de la majorité de Louis xiv (7 septembre, v. note [4], lettre 267) avait confirmé aux yeux de tous l’échec de sa réconciliation avec la Couronne, qui s’était alors alliée à la vieille Fronde menée par le coadjuteur. Exclu du gouvernement, accusé de connivence avec l’ennemi, et isolé politiquement à Paris, M. le Prince avait choisi de se rebeller ouvertement en partant à Bordeaux prendre possession de son gouvernement. Son entreprise hardie ne laissait à la cour d’autre issue que de partir à son tour vers la Guyenne pour la défaire.

Une ultime tentative de conciliation du duc d’Orléans avait échoué (Journal de la Fronde, volume i, fo 492 ro, octobre 1651) :

« Le 7 du courant, le Parlement étant assemblé, Son Altesse Royale dit qu’un courrier lui avait apporté une lettre de M. le Prince par laquelle il témoigne être disposé à s’accommoder si on lui faisait des propositions raisonnables et s’il y trouvait ses sûretés, et qu’il s’aboucherait avec M. le duc d’Orléans s’il avait un plein pouvoir de traiter. Ensuite, l’on commença d’opiner et l’on ouvrit deux avis : le premier, de M. Chevalier, qui dit que le roi serait supplié d’envoyer un plein pouvoir à Son Altesse Royale pour aller traiter avec M. le Prince ; le second, de M. Sevin, que Son Altesse Royale serait suppliée d’envoyer un exprès au prince pour le prier de s’expliquer de ses intentions et de faire ses demandes. L’on contesta fort sur ces deux avis. Le premier président et les autres qui appuyaient fortement celui de M. Sevin représentèrent qu’il n’était pas juste que le roi fît le premier pas et que cela choquait son autorité. À quoi Son Altesse Royale répondit que cela était toujours arrivé de même dans les guerres civiles ; que la reine sa mère avait été voir feu M. le Prince ; que le roi son père en avait usé de même dans toutes les divisions ; qu’enfin, elle savait bien que M. le Prince n’entendrait jamais à aucune proposition jusqu’à ce qu’elle aurait reçu le plein pouvoir du roi de traiter avec lui. Nonobstant cela, le premier président fortifia si bien son parti que les opinions étant résumées, celle de M. Sevin passa de six voix ; {a} ce qui obligea Son Altesse Royale de dire à ces Messieurs qu’elle n’écrirait point à M. le Prince parce qu’elle savait bien que ce serait inutile, qu’ils faisaient beau {b} voir qu’ils voulaient plutôt une guerre civile qu’un accommodement et que la partie était faite pour gagner temps par ce moyen. Elle sortit là-dessus, fort mal satisfaite du procédé de ces Messieurs. »


  1. De majorité.

  2. Bien.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 24 octobre 1651, note 3.

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(Consulté le 06/12/2024)

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