La fève est une plante légumineuse qui poussait surtout dans les terres chaudes et humides. Thomas Corneille en a dit quelques curiosités :
« On la mange crue et cuite, et elle sert de nourriture à ceux qui sont voisins des marais où elle croît. Elle vient ordinairement sans être semée et quand on la sème, on la met dans une motte de terre qu’on jette dans l’eau entortillée et enveloppée de paille, afin d’empêcher que la terre ne s’enfuie. Lorsqu’elle a pris racine une fois, elle dure presque toujours, à cause de la force et de la grosseur de cette racine. La plante ressemble assez aux roseaux. Elle est toutefois piquante et épineuse, ce qui la fait fuir des crocodiles qui, ayant la vue courte et faible, craignent de se blesser les yeux à ses épines. Tout ceci est de Théophraste, voici ce que Pline en dit : la colocasia, que quelques-uns nomment kuamos, c’est-à-dire fève, est fort singulière en Égypte ; on la cueille au Nil ; ses feuilles sont fort larges et ressemblent à celles des gletterons ou bardanes de rivières ; et même les Égyptiens prennent tant de plaisir à ce beau présent que le Nil leur fait, qu’en tassant et entortillant ces feuilles les unes dans les autres, ils en font diverses sortes de vases où ils se plaisent à boire. Cette espèce de fève se sème aujourd’hui en Italie. Galien dit que si les fèves d’Égypte surpassent les communes en grosseur, elles sont aussi plus humides et engendrent plus d’humeurs superflues. »
La fève s’est acclimatée en France et Guy Patin en cultivait dans son potager de Cormeilles (post-scriptum de sa lettre du 28 mai 1652). |