L’affaire ne manqua pas d’avoir des suites cocasses.
Journal de la Fronde (volume ii, fo 178 ro, Paris, 29 novembre 1652) :
« La reine s’est déclarée pour Mme de Beauvais dans l’affaire du mariage de sa fille, ayant pour cet effet envoyé, le 25, à Mme d’Aiguillon M. Le Tellier pour lui dire que si le marquis de Richelieu avait eu dessein de tromper la fille de Mme de Beauvais, que Sa Majesté en imputerait l’injure faite à elle-même et prétendait d’en tirer raison ; mais que s’il avait eu intention de mariage, elle en laisserait faire la justice ; et que néanmoins, elle entendait que Mme d’Aiguillon mît son neveu {a} en liberté. Celle-ci répondit là-dessus que son neveu avait dit au roi qu’il avait eu dessein de se retirer, mais qu’ayant reconnu que si cela était, il serait misérable (voulant dire qu’il ne pourrait pas avoir de conjonction {b} à cause que la mariée a un os dans la matrice qui l’empêche), qu’il avait voulu se servir des lois du royaume ; que son neveu était venu à elle et non pas elle à son neveu ; et qu’il avait pris lui-même la clef des champs et s’était fait maître de sa personne. Cependant, cette cause se doit plaider dans dix ou douze jours, Mme de Beauvais ayant déjà choisi le sieur Pucelle pour son avocat, et Mme d’Aiguillon le sieur Langlois. »
- Qu’elle avait enfermé à Rueil.
- Consommation du mariage.
Ibid. (fo 187 ro, Paris, 17 décembre 1652) :
« La reine s’est entièrement déclarée pour Mme de Beauvais dans l’affaire du mariage du marquis de Richelieu et Mme d’Aiguillon ne paraît plus à la cour. Le duc de Richelieu, qui est ici depuis 10 ou 12 jours, fait fort sa cour, ayant accepté l’amnistie, pour se prévaloir de cette occasion. Il joue souvent avec le roi et lui a gagné 1 400 pistoles au jeu depuis trois ou quatre jours ; mais l’on a remarqué que Madame sa femme ayant été voir la reine, n’a point eu le tabouret. »
La Beaumelle (Mémoires pour servir à l’histoire de Madame de Maintenon et à celle du siècle passé, Mastricht, Jean-Edme Dufour et Philippe Roux, 1778, tome 2, page 250) :
« Mes neveux, disait Mme d’Aiguillon dans l’amertume de sa douleur, mes neveux vont toujours de mal en pis : l’aîné, la veuve d’un homme que personne ne connaît ; le second, la fille d’une servante de la reine ; j’espère que le troisième épousera la fille du bourreau. C’était bien la peine que mon oncle se damnât ! »
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