À André Falconet, le 26 février 1666, note 6.
Note [6]

Cette cérémonie en souvenir de sa défunte mère, Anne d’Autriche, donna au roi une belle occasion d’humilier une fois encore le Parlement (Mémoires de Louis xiv, tome 1, pages 123‑125, année 1666) :

« Je fis soigneusement exécuter ses dernières volontés, excepté en ce qu’elle avait ordonné qu’on ne fît point de cérémonies à ses obsèques ; car ne trouvant pas d’autre soulagement à l’ennui que me causait sa mort que dans les honneurs qui se rendaient à sa mémoire, je commandai qu’on suivît en ce rencontre tout ce qu’elle-même avait fait pratiquer à la mort du feu roi mon père.

Dans cette cérémonie, il se forma comme à l’ordinaire différentes contestations, mais celle qui fut la plus agitée fut entre le clergé et le Parlement. La chose ayant été par moi jugée en faveur du clergé, le Parlement en vit l’exécution avec tant de chagrin dans l’église de Saint-Denis que, pour s’épargner de recevoir la même mortification dans Notre-Dame, il me députa les Gens du roi. Je les entendis à Versailles et je remarquai que Talon, qui portait la parole, avait peine à venir à la conclusion parce qu’il jugeait bien qu’elle ne me serait pas agréable, étant chargé de me prier que le Parlement ne se trouvât point à la cérémonie ; mais quoiqu’en effet cette proposition me déplût, je ne laissai pas, avant d’y répondre, de reprendre tous les points de son discours plus exactement que je n’avais pensé. Et ma raison fut qu’ayant déjà décidé quelques autres affaires contre les intentions de ce Corps, il était bon de lui faire voir que je ne jugeais rien dont je ne fusse pleinement instruit, afin qu’il ne se fît pas l’honneur de croire que je prenais intérêt à le ravaler. Mais revenant enfin à ce qu’il m’avait demandé de ne point aller à Notre-Dame, je dis positivement que je voulais qu’on s’y trouvât, et même qu’il n’y manquât personne. En quoi je fus obéi ponctuellement. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 26 février 1666, note 6.

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(Consulté le 26/04/2024)

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