« Le duc de Châtillon fut blessé à mort en cette occasion, dont M. le Prince fut touché. Il le pleura et témoigna pour lui, aussi bien qu’il l’avait déjà fait pour d’autres, qu’il était quelquefois susceptible de beaucoup d’amitié. Ce jeune seigneur fut regretté publiquement de toute la cour à cause de son mérite et de sa qualité ; et tous les honnêtes gens eurent pitié de sa destinée. Sa femme, la belle duchesse de Châtillon, qu’il avait épousée par une violente passion, fit toutes les façons que les dames qui s’aiment trop pour aimer beaucoup les autres ont accoutumé de faire en telles occasions ; et comme il lui était déjà infidèle et qu’elle croyait que son extrême beauté devait réparer le dégoût d’une jouissance légitime, on douta que sa douleur fût aussi grande que sa perte. Cet aimable mari, reconnaissant sa faute, en demanda pardon en mourant à celle qu’il avait offensée, préférant d’autres chaînes aux siennes. Il le fit en des termes si obligeants, à ce qu’elle m’a depuis dit elle-même, qu’il est à croire que la colère et la jalousie laissèrent quelque place à la tendresse, et n’étouffèrent pas tout à fait une amitié qui avait paru si grande. »