Note [88] | |
De 705 à 717, quatre souverains ont précédé l’empereur Léon iii (717-741), qui fut d’abord un « petit mercier [marchand ambulant] qui portait ses marchandises dans les villages sur un âne » (Moréri), originaire d’Isaurie (ancienne région d’Asie Mineuse, située au centre de l’Anatolie) :
Le Moréri de 1718 (tome 3, page 84) a mieux commenté la fulgurante ascension et les égarements de Léon iii, qui lui valurent ses surnoms de Brisimage le cruel et de Bête farouche : « Des biens si considérables lui devaient inspirer quelque gratitude envers Dieu, à qui il les devait. Il témoigna au contraire, par ses erreurs, qu’il n’y avait jamais eu de prince ni plus impie ni plus cruel que lui. Un nommé Bézère qui, étant né de parents chrétiens, s’était fait mahométan en Syrie où il avait été mené esclave, se mit bien dans l’esprit de l’empereur, lequel, à sa persuasion et à celle de quelques juifs qui lui avaient prédit qu’il parviendrait à l’Empire, déclara une cruelle guerre aux saintes Images. Il fit brûler une statue de Jésus-Christ qui était en bronze et qu’on avait placée sur une des portes de la ville. Cela excita une très grande sédition, dont Léon entra si fort en fureur qu’il abolit par un édit toutes les saintes images. {a} Il exerça des cruautés horribles contre ceux qui les révéraient et fit brûler la nuit, dans leurs maisons avec tous leurs livres, douze ecclésiastiques admirables en sainteté et en doctrine, que les empereurs mêmes consultaient dans les grandes affaires, parce qu’il n’avait pu par tous ses efforts les faire entrer dans son erreur. Saint Germain, patriarche de Constantinople, fut le seul qui osa résister à Léon, qui dissimula au commencement, croyant le gagner, et qu’il envoya depuis en exil. Le pape Grégoire ii, ayant inutilement averti l’empereur, l’excommunia ; sur quoi, ce tyran arma une grande flotte pour passer en Italie, mais une tempête la fit périr. Grégoire iii travailla aussi inutilement auprès de ce prince aveuglé, qui se moqua de ses lettres et maltraita ceux qui les lui portaient ; de sorte que ce pape, ayant assemblé un synode à Rome, il y excommunia tous ceux qui combattraient les saintes images. Dieu, pour le châtier, lui envoya toutes sortes de malheurs, entre lesquels furent des tremblements de terre épouvantables ; et enfin il mourut d’hydropisie, avec d’étranges douleurs, le 18 juin de l’an 741, en ayant régné 24 ans, 2 mois et 25 jours. » |
Imprimer cette note |
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : L’Esprit de Guy Patin (1709), Faux Patiniana II-7, note 88. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8220&cln=88 (Consulté le 08/10/2024) |