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< Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 2B. Novembre 1651-novembre 1652, Décrets et assemblées de la Faculté de médecine > |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits. Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 2B. Novembre 1651-novembre 1652, Décrets et assemblées de la Faculté de médecine
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[BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 497 vo | LAT | IMG] Actes, assemblées et décrets de la Faculté [1][1]
Le samedi 23e de décembre 1651, à une heure et demie de l’après-midi sonnante, sur convocation écrite, suivant la règle, tous les docteurs se sont réunis dans les salles hautes.
Le vendredi 29e de décembre 1651, à une heure et demie sonnante, sur convocation écrite, conformément à la règle, tous les docteurs se sont réunis pour délibérer [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 499 vo | LAT | IMG] une seconde fois sur la requête du très distingué Maître Jean Merlet concernant la publication d’une nouvelle édition du Codex medicamentarius, après qu’il aura été revu et purgé des multiples erreurs qui y fourmillent. Ayant écouté le rapport du doyen sur la nécessité de nommer douze docteurs choisis parmi la Compagnie tout entière, huit du grand banc et quatre du petit banc, à qui on confiera cette tâche, qui l’accompliront, puis qui en rendront compte à l’assemblée, la Faculté a décidé de nommer des personnages éminents et parfaitement expérimentés qui seront chargés d’examiner, corriger et purger ledit Codex, puis qui lui en feront leur rapport une fois leur travail achevé. À cette fin ont été désignés les Maîtres Jean Riolan, [28] ancien de l’École, [29] Jacques Perreau, [30] Jean Merlet, René Moreau, François Boujonnier, [31] Antoine Charpentier, [32] Charles Guillemeau, [33] Gilbert Puilon, [34] Jacques Mentel, [35] François Blondel, [36] Jean Piètre, [37] Toussaint Fontaine, [38] Claude Perrault, [39] auxquels se joindront le doyen et le censeur. [7] Et ainsi le doyen en a-t-il conclu. Le même jour, une fois l’assemblée levée, comme le doyen quittait l’École, un huissier à la chaîne [8][40] lui signifia, au nom de Jean Chartier, que cette réunion n’aurait pas dû avoir lieu, dans la mesure où elle avait pour dessein d’exclure le vin émétique du Codex medicamentarius, sujet sur lequel, [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 500 ro | LAT | IMG] disait-il, il n’était permis à la Faculté de prononcer aucun avis, en vertu d’un arrêt du Parlement prononcé le 16e de septembre passé ; quant à ce qui avait été projeté (à savoir que l’affaire de Faculté contre ledit Chartier serait repoussée à la Saint-Martin prochaine), tout doit rester en l’état jusqu’à ce que le procès qu’elle a engagé contre lui soit jugé et conclu. Le doyen s’est immédiatement rendu chez l’avocat de notre École, Maître Simon Piètre, [41] qui, ayant vu cette assignation, l’a estimée ridicule et tenue pour telle, pensant qu’il ne fallait pas y donner de suite. Le même jour, vendredi 29e de décembre, le doyen est allé voir le très illustre président de Bailleul [42] (qui faisait alors fonction de premier président du Parlement à la place de M. Mathieu Molé, alors absent, ayant été appelé par la reine à Poitiers, [43] voilà quelques jours) et lui a recommandé la cause de la Faculté contre cet {extravagant} [9] Jean Chartier qui, sans aucun droit et même très iniquement, avait voulu empêcher nos assemblées, qu’il tient pour moins que rien, afin de ne pouvoir prendre aucune décision sur la révision et la réédition du Codex medicamentarius ; comme si toute l’affaire ne regardait que le vin émétique, qui a la nature d’un poison, bien que ce Codex contienne quantité d’autres choses parfaitement dignes d’être corrigées et supprimées. Le doyen s’est donc présenté devant la Grand’Chambre le samedi suivant, 30e de décembre, accompagné de Maître Simon Piètre, avocat [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 500 vo | LAT | IMG] de la Faculté, où notre affaire a été brièvement débattue. L’avocat de Maître Jean Chartier, notre adversaire, n’a pu obtenir des juges ce qu’il demandait, à savoir des défenses d’exécuter le décret de la Faculté donné du jour d’hier, 29e de décembre, [10] sur la révision du Codex medicamentarius. Le vendredi 4e de janvier 1652, passé cinq heures du soir, Maître Jean Chartier m’a fait signifier par un huissier à la chaîne que ce jour même, 4e de janvier 1652, il avait obtenu une interdiction à notre encontre, des défenses d’exécuter le décret de la Faculté donné le 29e de décembre pour la révision du Codex medicamentarius. Cela s’appelle arrêt sur requête [44] nous empêchant de poursuivre notre dessein, qui est excellent, même s’il n’est pas toujours de grande conséquence. C’est ainsi que Chartier a obtenu d’un greffier de la Grand’Chambre dénommé Boileau, [11][45] moyennant argent comptant, un arrêt du Parlement qui n’avait pu l’être auparavant de juges absolument impartiaux. Le lundi 8e de janvier 1652, à la tombée du jour, Maître Jean Chartier m’a fait signifier par un huissier à la chaîne sa requête devant le Parlement demandant que jeudi prochain, 11e de janvier 1652, lors de la thèse que va disputer hors tour Maître Germain Hureau, [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 501 ro | LAT | IMG] natif de Paris, à laquelle répondra Maître Daniel Arbinet, bachelier de médecine natif de Beaune, [5] ledit Chartier sera reconnu comme étant docteur en médecine et replacé sur le banc des examinateurs au rang qu’il occupe dans l’École, contrairement à ce qui est écrit dans ladite thèse imprimée voici deux jours. Il imputait cette anomalie à l’aversion que le doyen nourrissait contre lui, haïssant ledit Maître Jean Chartier pour le petit livre sur l’Antimoine qu’il avait écrit et publié six mois auparavant, en raison et à cause duquel la très salubre Faculté avait engagé un procès contre lui devant le Parlement de Paris. Le lendemain, de grand matin, je suis allé voir notre avocat, Maître Simon Piètre, ainsi que Charles Baudot, avocat plaidant, [12][46] pour leur montrer cette requête de Jean Chartier ; tous deux l’ont jugée digne de mépris et bonne à mépriser, étant donné qu’ils ne voulaient pas favoriser les intérêts de notre adversaire ni compromettre en aucune façon la justesse de notre cause. Le mercredi 10e de janvier 1652, passé sept heures du soir, ledit Jean Chartier m’a fait signifier, à moi son doyen, un arrêt de même nature, c’est-à-dire un arrêt sur requête, stipulant que la thèse de médecine qui devait être disputée aux Écoles de médecine par Maître Daniel Arbinet, sous la présidence de Maître Germain Hureau, le lendemain, savoir le jeudi 11e de janvier 1652, [5] serait obligatoirement amendée et modifiée pour y apposer le nom de Jean Chartier, de manière qu’il y dispute, comme veut la règle et comme les autres docteurs en ont l’habitude. J’ai répondu [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 501 vo | LAT | IMG] que je satisferais et obéirais strictement aux arrêts et décrets de la plus haute juridiction ; et sur ce, cet huissier, dénommé Nicolas Doucin, [47] s’est retiré. Le lendemain, savoir le jeudi 11e de janvier 1652, de grand matin, avant sept heures, Maître Jean Chartier est entré en nos Écoles pour disputer ; et, comme abusé et trompé par la réponse ambiguë qu’avait faite le doyen, il s’est assis, vêtu de sa toge, sur le banc des examinateurs, en attendant la venue du doyen ; cet huissier, Nicolas Doucin, était lui aussi présent. Un quart d’heure plus tard, pareillement attendu par quelques docteurs, par ledit président et par cinq bacheliers, le doyen est arrivé et a aussitôt ordonné que cette soutenance commence. Ayant porté ses regards sur Chartier, assis sur le banc des examinateurs et vêtu de sa toge pourpre, le doyen lui a enjoint de sortir pour les motifs que voici : son nom ne figurant pas parmi les examinateurs, il n’avait nul droit ni lieu de disputer aux Écoles car, par décret solennel, il avait été privé de tous les droits, privilèges, honneurs et émoluments de la Faculté le lundi 28e d’août 1651 quand le doyen l’y avait convoqué pour répondre de son petit livre de l’Antimoine ; aucune clémence n’étant à attendre de sa mère, la très salubre Faculté, il l’avait poursuivie devant le Parlement ; et jamais il ne serait [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 502 ro | LAT | IMG] admis à disputer tant qu’il ne se serait pas repenti, n’aurait pas retiré son assignation et ne serait pas revenu en grâce auprès de la Compagnie. Jean Chartier, étonné et surpris par ces mots très durs du doyen, fit alors sortir son huissier, nommé Nicolas Doucin, du coin obscur où il se tenait caché et l’a mené auprès du doyen ; l’ayant entendu parler ainsi et refuser à Chartier la faveur de disputer, il a demandé au doyen les motifs de cette interdiction pour en dresser son procès-verbal du refus du doyen. Le doyen lui a alors répondu qu’il ne pouvait ni devait souffrir que Maître Jean Chartier prenne ce jour rang parmi les examinateurs et qu’il ne disputerait jamais s’il n’avait d’abord suspendu l’assignation qu’il a portée contre sa mère, la très salubre Faculté, pour ce misérable et infâme petit livre de l’Antimoine, parfaitement futile et ridicule, qu’il avait publié six mois plus tôt ; à cause duquel il a été exclu de l’École par décret de la Faculté et privé de tous les honneurs, émoluments et privilèges tant qu’il ne serait pas revenu dans son bon sens. Que ledit Chartier regagne donc la faveur de la Faculté ; et pour obtenir cela, elle lui demande qu’il se dispose à reconnaître sa faute ; et s’étant de lui-même assujetti aux lois et décrets de l’École, principalement celui qu’elle a prononcé le lundi 12e de juin 1651, qu’il soumette son livre de l’Antimoine à la censure de la très salubre Faculté. S’il s’y refuse, qu’il soit banni et chassé d’entre nous et tenu pour indésirable, et ne soit jamais réadmis dans notre très intègre Compagnie. Cependant, notre soutenance publique doit être commencée au mépris de quelque arrêt du Parlement que ce soit, mais par la force, puissance et autorité de notre règlement qui s’appuie sur le plein pouvoir de nos statuts [48] qui sont autant d’arrêts [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 502 vo | LAT | IMG] ayant valeur de lois éternelles et inviolables, imposées à nous par le Parlement de Paris, et d’une nature bien plus éminente et souveraine que ceux qu’on obtient partout par des lettres de doléances qu’on appelle en français arrêts sur requête. Le doyen ayant prononcé toutes ces paroles, l’huissier Nicolas Doucin les ayant transcrites et le doyen les ayant lui-même contresignées, car elles étaient conformes, Chartier est sorti et s’en est allé avec son huissier ; et sans autre incident, la soutenance publique s’est tenue jusqu’à midi. Chartier n’a pas pu y disputer, sous le grief d’avoir attenté à la dignité de nos Écoles et violé notre décret, prononcé le 12e de juin 1651, en nous assignant devant le Parlement quand il aurait dû se soumettre et conformer à nos règlements. Cette réponse du doyen au renégat παρανομον [13] de l’École, Jean Chartier, et à son huissier a été louée et approuvée, tant par les docteurs présents que, même, par un grand nombre d’autres qui les ont rejoints par la suite. De eventu Deus ipse viderit, [14][49] dont le soin est remis à sa bonté. Le mardi 16e de janvier 1652, Madame Anna Bergeret, [50] veuve de Maître Jacques Cornuti, [51] notre défunt collègue, a eu soin de me signifier par un huissier que c’est à elle, et non à Marie Germain, [52] que la Faculté doit une somme de trois milles livres tournois depuis le [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 503 ro | LAT | IMG] 13e de janvier 1649, pour laquelle, au nom de la Faculté, lui a été consentie une rente annuelle de cent cinquante livres tournois par Maître Jean Piètre, alors doyen, en présence de nos maîtres François Guénault, [53] Denis Allain, [54] François Blondel, Nicolas Richard [55] et Quentin Thévenin, [56] docteurs que notre Compagnie avait choisis pour régler cette affaire. En ma qualité de présent doyen, ledit huissier m’a remis le désaveu de ladite Marie Germain. [15][57] Le vendredi 26e de janvier 1652, à deux heures de l’après-midi, dans les hautes salles des Écoles, Guy Patin, natif du Beauvaisis, a rendu les comptes de la première année de son décanat. La très salubre Faculté les a unanimement loués et approuvés. Pour la diligente et excellente administration de nos affaires, elle a décidé de me verser un honoraire de deux cents livres tournois ; et aussi trois livres et dix sols à chacun des docteurs, argent comptant. [58] En raison du petit nombre des bacheliers reçus depuis deux ans, en lien avec l’extrême rigueur des temps présents, et à cause de notre fort excès de dépenses, qui ne pourra être supporté si on n’y trouve remède à l’avenir, tous nos comptes faits et bien vérifiés, tant des entrées que des sorties d’argent, la très salubre Faculté doit au doyen mille cent quarante-cinq livres tournois, treize sols et sept deniers, à quoi s’ajoute son honoraire de 200 ℔. [16] Au fil des ans, pour l’avantage de la Faculté, les doyens ont souvent prêté leur propre argent, sans reprocher à leurs collègues ce service qu’ils leur ont volontiers rendu. [17] Cum labor in damno est, crescit mortalis egestas. [18][59]Guy Patin, doyen. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 503 vo | LAT | IMG] Le samedi 27e de janvier 1652, sur convocation écrite de tous les docteurs, suivant la règle, la Compagnie s’est réunie à dix heures du matin, après la messe, [60] dans les hautes salles des Écoles. Le doyen lui a proposé quatre sujets : 1. porter et distribuer les cierges pour la fête de la Purification de la bienheureuse Marie ; [61] 2. élire les examinateurs des candidats de médecine [62] pour le carême prochain ; [63] 3. Maître Hermant de Launay, docteur en médecine, a rencontré un homme qui nous propose de nouveaux bâtiments fort convenables pour nos Écoles, puis qui démolira ceux que nous occupons en échange de ceux qu’il nous offre et d’une certaine somme d’argent, et qui a demandé à être entendu sur cette transaction ; [64] 4. examiner un opuscule manuscrit en français contre la circulation du sang et son inventeur (ou qui du moins se prétend tel), l’Anglais William Harvey ; [65][66] l’auteur de ce petit livre est Maître Gabriel Bertrand, natif de Nevers, [67] chirurgien barbier de Paris ; [68][69] il l’a présenté à la très salubre Faculté pour le soumettre à ses jugement, autorité et censure, c’est-à-dire pour l’approuver ou désapprouver. [19] Sur ces [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 504 ro | LAT | IMG] quatre articles, la très salubre Faculté a pris les décisions qui suivent.
Le samedi 24e de février 1652, après la messe, le doyen a proposé au grand nombre de docteurs en médecine présents de débattre en premier lieu sur la plainte qu’ont exprimée beaucoup de collègues contre trois des nôtres : en infraction avec les décrets de notre École, et tout particulièrement avec le dernier qui a été prononcé le vendredi 12e de mai 1651, [77] ils ont pris part à des consultations, en divers endroits, avec un médecin étranger venu de Reims, [78] dénommé < Antoine > Vallot. [20][79] Les noms de ces trois Messieurs ont été prononcés : François Le Vignon, Charles Le Breton [80] et Bertin Dieuxivoye. [81] En second lieu, des docteurs ont demandé au doyen que soit remis en vigueur l’examen portant sur la vie et les mœurs des candidats au baccalauréat, lequel a été abandonné depuis quelque temps, étant donné que, cette année, l’un d’eux, quand on l’a appelé à s’y soumettre, a rencontré certains des nôtres qui ont considéré et jugé souhaitable de s’enquérir sérieusement et soigneusement de sa vie, de son lieu de naissance, de sa famille et de sa bonne réputation. La Faculté en a décidé comme suit sur chacun de ces deux articles : [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 505 vo | LAT | IMG]
Le mardi 27e de février 1652, sur billet de convocation porté par le bedeau à chacun des docteurs, suivant la règle, la Faculté, après avoir entendu les deux demandes soumises par le doyen, s’est prononcée comme suit.
Le jeudi 29e de février 1652, à deux heures de l’après-midi, tous les docteurs ont été invités à se réunir, sur convocation écrite que le bedeau [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 507 ro | LAT | IMG] a portée à chacun d’eux. Après avoir entendu la déclaration du doyen concernant les trois docteurs, Maîtres François Le Vignon, Charles Le Breton et Bertin Dieuxivoye, convaincus d’avoir violé le statut qu’a récemment remis en vigueur le décret du 12e de mai 1651, prohibant formellement de faire ce qu’il dénonce, c’est-à-dire d’exercer la médecine ou de consulter avec un étranger et fameux médecin de Reims, dénommé < Antoine > Vallot, la très salubre Faculté a décidé, en conformité avec ce qui avait été laissé en suspens, [23] que les trois susdits docteurs seront exclus pendant un an de la Faculté, et dépouillés de tous les honneurs et émoluments qu’elle confère ; elle doit en outre des remerciements aux trois docteurs grâce à qui la faute de ces trois collègues a été mise au jour. Et ainsi le doyen en a-t-il conclu. Le mercredi 6e de mars 1652, à deux heures de l’après-midi, les docteurs s’étant assemblés sur convocation [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 507 vo | LAT | IMG] portée à chacun d’eux, le doyen leur a soumis trois sujets :
Sur ces trois sujets, la Faculté a statué comme suit.
Le samedi 9e de mars 1652, les docteurs ayant été convoqués par billet individuel, selon la règle, les cinq candidats au baccalauréat se sont présentés à la Faculté, à savoir Claude de Frades, [93] Abraham Thévart, [94] Romain Parigaut, [95] Alain Lamy [96] et Michel de Hennot. [25][97][98] Ledit Claude de Frades prononça un petit discours pour demander que lui et ses camarades soient admis à se présenter à l’examen qui doit avoir lieu avant Pâques. [26] La Faculté a décidé que le doyen les avise de venir dans les salles hautes de l’École mardi prochain, 12e de mars, à deux heures de l’après-midi, montrer les certificats procurant les preuves de leur maîtrise ès arts, de leur âge et de la durée de leurs études. Cela fait, après que les candidats se furent retirés, un de nos anciens, le très distingué Maître Jacques Perreau, a supplié la Faculté, en ces saints jours [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 509 ro | LAT | IMG] précédant Pâques, de bien vouloir accorder son pardon à Maître François Le Vignon, naguère notre collègue, et de le rétablir en ses anciens rang et dignité, étant donné qu’il semble exister un doute sur la solidité du témoignage porté contre lui, lequel l’a condamné à s’abstenir de franchir le seuil de l’École pendant une année et à être privé de ses émoluments. Ensuite, Maître Martin Akakia [99] a adressé la même supplique en faveur de Maître Charles Le Breton qui semblait n’avoir commis qu’un péché véniel ; puis Maître Philibert Morisset en fit de même pour Maître Bertin Dieuxivoye, dont il a excusé la faute et pour qui il a imploré la miséricorde de la Faculté. La Compagnie a examiné ces trois requêtes et décidé d’absoudre ces trois docteurs, en leur accordant sa grâce sous trois conditions : 1. que, par un écrit signé de leur propre main, ils reconnaissent tous trois leur manquement et en demandent pardon à la Faculté ; 2. qu’ils renoncent à tout procès, et tout particulièrement Maître François Le Vignon qui nous traduit en justice, et s’en remettent au seul arbitrage de notre École, pour se soumettre à ses lois, comme font leurs autres collègues, et adhérer à nos statuts ; 3. qu’ils sachent bien que s’ils viennent à fauter de nouveau, et cela vaut tant pour eux que pour tout autre docteur, [27] [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 509 vo | LAT | IMG] il n’y aura de place pour aucune excuse ni supplication. Ils remettront leur attestation écrite au doyen qui en référera à la Faculté mardi prochain, quand les candidats à l’examen viendront présenter leurs certificats. Ainsi le doyen en a-t-il conclu sur chacun de ces points. Le mardi 12e de mars 1652.
[BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 512 ro | LAT | IMG] Le samedi 16e de mars 1652, en l’assemblée qui s’est tenue à dix heures du matin, après la messe, a été entendu le rapport des quatre docteurs que la Faculté avait députés, avec Monsieur Paul Courtois, censeur. Ils ont déclaré que, d’après les registres de l’Université, une année entière manquait aux attestations de Maître Abraham Thévart et que celles des autres candidats étaient excellentes et parfaitement probantes, dans la mesure où elles ne laissaient rien à désirer. La très salubre Faculté a décidé que le premier doit être refusé et son examen reporté de deux années, mais que les quatre autres sont admis à la session qui débutera lundi prochain, 18e de mars à neuf heures du matin sonnantes. À la suite de cette déclaration du doyen, Maître Jean de Bourges, le père, [111] a supplié la Faculté d’accorder son indulgence au dit Abraham Thévart, dont le certificat de maîtrise ès arts présente un défaut d’une année, pour qu’il puisse se présenter avec les autres à l’examen lundi prochain, 18e de mars, en invoquant notamment le petit nombre des candidats. [31] Le doyen a refusé toute délibération sur ce sujet, étant donné qu’elle irait à l’encontre des statuts, et qu’il serait parfaitement criminel de décider quoi que ce fût qui pût atténuer ou briser leur force. Durant son décanat, il ne souffrira donc pas que nos lois soient attaquées de la sorte, car elles ne doivent être violées en aucune façon. On a aussi [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 512 vo | LAT | IMG] entendu l’intervention de Maître Paul Courtois, censeur des Écoles, mettant en avant que rien ne soit décidé sur ce sujet qui irait franchement contre nos statuts, afin de ne pas souiller notre très sainte Compagnie et de ne pas relâcher la rigueur de nos règlements. La séance a alors été levée après avoir avisé les candidats de se présenter à l’examen lundi prochain, 18e de mars, à neuf heures précises, sans oublier d’avoir payé au doyen leurs droits d’inscription. Le lundi 18e de mars 1652 a commencé l’examen des quatre candidats de médecine. Il s’est poursuivi dans les règles les mardi, mercredi et vendredi suivants. [32] Le samedi 23e de mars, après la messe, à huit heures du matin,
Le jeudi 28e de mars 1652, les docteurs se sont réunis, sur convocation écrite, suivant la règle ordinaire.
Le mercredi 8e de mai 1652, sur convocation écrite de tous les docteurs, suivant la règle,
Le samedi 22e de juin 1652, en assemblée restreinte, après la messe, à dix heures du matin, le très distingué Maître Jacques Perreau s’est vivement plaint d’un empirique, dénommé Du Fresne, [123] qu’il a surpris chez une femme en couches, auprès du cimetière de Saint-Jean, [124] et a demandé à la très salubre Faculté de bien vouloir s’associer à lui dans le procès qu’il engage contre ce fripon. [38] La Faculté a approuvé sa requête, mais seulement dans la mesure où cette affaire se réglera aux frais du dit Jacques Perreau. Et ainsi le doyen en a-t-il conclu. Le dimanche 21e de juillet 1652, Maître Guy Patin, doyen de la Faculté, en présence d’un très grand nombre de ses docteurs, a prononcé un discours dans le palais de l’illustrissime archevêque de Paris, [125][126] pour présenter à maître Pierre Loisel, compagnon et professeur de Sorbonne, curé de Saint-Jean-en-Grève et chancelier de l’Université de Paris, [127][128] les cinq licentiandes de médecine, Maîtres Charles Barralis, [129] François Landrieu, [130] Daniel Arbinet, Antoine de Sarte [131] et François Lopès, [132] implorant sa bénédiction apostolique afin qu’ils exercent dorénavant l’art de bien remédier. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 515 ro | LAT | IMG] Ledit chancelier a répondu au doyen par un long et savant discours, qui n’en fut pas moins élégant, où il a promis de nous envoyer sous peu un très éloquent éloge qui, suivant la coutume, louera publiquement lesdits cinq licentiandes de notre Faculté. [39] Le dimanche 28e de juillet 1652, Maître Guillaume Marcel, originaire du Bessin, professeur de rhétorique au Collège des Grassins, [133][134] a prononcé dans les Écoles de médecine un très éloquent discours célébrant ceux qu’on appelle les paranymphes, [135] auquel nos cinq susdits licenciés ont répondu avec élégance et érudition. [40] Le lundi suivant, 29e de juillet 1652.
Le samedi 17e d’août 1652, le très éminent recteur de l’Université, Maître Claude de La Place, [138] a rendu visite à Son Altesse Royale, Gaston duc d’Orléans, [139] à qui il a fait un discours de condoléances pour la cruelle mort de son fils unique, le duc de Valois, [140] récemment trépassé. Le lundi 19e d’août 1652, lors de la vespérie de Maître Charles Barralis, Maître François Lopès a humblement prié d’être admis aux épreuves de vespérie et de doctorat. La Faculté a consenti à sa requête, une fois ses droits acquittés, mais à condition que dans ses remerciements, etc. [41] [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 516 ro | LAT | IMG] Le lundi 26e d’août 1652, en présence d’un grand nombre de docteurs, sur convocation écrite que les bedeaux avaient portée à chacun d’eux, le doyen a avisé l’assemblée de la très salubre Faculté de médecine de Paris que le privilège lui revenait de conférer le bénéfice pastoral ou cure de Saint-Germain-le-Vieux, [141] dans l’île de la Cité, rendue vacante par le récent décès de Maître Henri Pignié. [142] Ce droit de désignation s’applique en conformité avec ce qui a été décidé et confirmé lors des assemblées de l’Université aux mois de mai et juin derniers, quand Maître Philippe Buisine, [143] doyen de la très avisée Faculté de droit canonique, a attribué à un prêtre et professeur de l’Université, dénommé Geffrier, [144] une chapellenie académique rendue vacante par la mort d’un certain Habit ; ce dont attestent les registres qui sont entre les mains de Maître Nicolas Quintaine, greffier de l’Université de Paris. [42] Après que cela fut présenté et approuvé, le Doyen a annoncé quatre concurrents ou compétiteurs qui supplient la Faculté d’obtenir ce bénéfice.
Le doyen a conclu cette présentation en convainquant la Compagnie tout entière que chacun des docteurs [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 517 vo | LAT | IMG] exprime à tour de rôle son suffrage pour désigner le curé ; et ce sans tumulte ni vacarme, et sans permettre à aucun de couper ou perturber la parole de son collègue ; si quelqu’un ne s’y tient pas, on le punira en le privant de voter et on lui ordonnera de quitter immédiatement la salle. Après que le doyen eut proféré ces paroles et que la Compagnie les eut unanimement approuvées, au moment ou les anciens allaient prononcer leur sentence, le très honorable Maître Jean Merlet est intervenu pour dire que nul ne se prononce sur la présente affaire avant que les quatre compétiteurs aient exposé à la Faculté leurs titres, qu’ils avaient remis entre les mains du doyen à cette fin, justifiant leur capacité à être jugés par la très salubre Faculté dignes et capables d’obtenir ce bénéfice. Quelques-uns ont estimé cette interruption inutile, affirmant que Maître Jean Merlet avait imaginé cet obstacle pour retarder la décision, mais qu’il fallait malgré tout en venir à voter ; de nombreux docteurs ont pourtant approuvé la demande de Monsieur Merlet. Aussi le doyen s’est-il rangé à cette opinion majoritaire et a-t-il remis [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 518 ro | LAT | IMG] à une autre réunion le débat pour désigner le curé de Saint-Germain-le-Vieux en l’île de la Cité. Le mercredi 4e de septembre 1652, à deux heures de l’après-midi, la Compagnie s’est assemblée suivant les règles coutumières, sur convocation spéciale portée par le bedeau.
Le samedi 21e de septembre 1652, à dix heures du matin, tous les docteurs ayant été convoqués par écrit, suivant la règle ordinaire, le doyen leur a proposé d’examiner cinq articles :
La Faculté a décidé :
Le mardi 24e de septembre 1652, le doyen a soumis quatre affaires à la très salubre Faculté réunie sur convocation spéciale :
La Faculté a statué comme suit sur chacun de ces sujets.
Le samedi 28e de septembre 1652, réunie sur convocation spéciale, comme veut la règle, la Faculté a écouté le rapport de Maître Paul Courtois, censeur, qui a vérifié les lettres des trois candidats auprès de Maître Nicolas Quintaine, greffier de l’Université. Elle a décidé qu’elles leur soient rendues et qu’ils soient avisés de se présenter lundi prochain, à huit heures et demie sonnantes, à l’examen de physiologie, puis mardi à celui d’hygiène, [176] mercredi à celui de pathologie, et vendredi matin à l’explication d’un aphorisme d’Hippocrate ; [177] en sorte que le samedi suivant, 5e d’octobre, ils puissent être nommés bacheliers si la Compagnie a approuvé leurs réponses sur le compte qu’en rendront les quatre examinateurs. Et ainsi le doyen en a-t-il conclu. Le lundi 30e de septembre 1652, à neuf heures du matin sonnantes, a commencé l’examen des quatre candidats sur les choses [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 523 ro | LAT | IMG] naturelles ; ont suivi les choses non naturelles, le mardi, les choses contre nature, le mercredi, et le vendredi, l’explication de l’aphorisme d’Hippocrate qu’on leur a assigné la veille. [32] Le samedi 5e d’octobre 1652, spécialement convoquée par écrit, suivant la règle, la Faculté a entendu le rapport des quatre examinateurs, puis décidé d’admettre au premier grade, ou baccalauréat, une fois leurs droits acquittés, les quatre candidats qui viennent d’être soumis, la semaine passée, aux rudes épreuves de l’examen. Leurs noms sont : Maître Nicolas Le Lettier, [178] natif de Paris, Le même jour, Maître Jacques Mentel a émis une plainte contre notre collègue Maître Jean Garbe. [182] La Faculté a jugé que le doyen, Maître Guy Patin, devra les exhorter à rétablir la paix entre eux et à entretenir dorénavant des relations amicales. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 523 vo | LAT | IMG] Le vendredi 18e d’octobre 1652, jour de la Saint-Luc, très honoré patron des médecins de Paris, [183] la messe rituelle a été célébrée en notre chapelle, sans aucune musique ni autres chanteurs que quatre prêtres et le curé de Saint-Étienne-du-Mont. [184] Une fois la messe terminée, un très grand nombre de docteurs se sont réunis dans la salle haute où, suivant la coutume ordinaire, notre grand bedeau, Maître Louis de La Roche, [185] a récité certains antiques statuts de la Faculté. Comme d’habitude, aussi, les nouveaux bacheliers ont prêté serment ; [186] après quoi le doyen leur a rappelé leurs devoirs, qui consistent à honorer la dignité de l’École. Avec l’accord de tous les docteurs présents, les masses d’argent ont été rendues aux deux appariteurs, sous condition expresse qu’ils remplissent consciencieusement et fidèlement les obligations de leur charge. Le samedi 19e d’octobre 1652, après la messe qu’on célèbre rituellement tous les ans pour la paix de l’âme des docteurs [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 524 ro | LAT | IMG] défunts, en présence de la plus grande partie de la Compagnie, les chirurgiens barbiers jurés [187] et les apothicaires du roi ont été reçus puis ont prêté leur serment de fidélité entre les mains du doyen. Ledit doyen a ensuite proposé trois sujets de débat à la très salubre Faculté :
Sur chacun de ces points, la Compagnie a statué comme suit.
Le lundi 21e d’octobre 1652, notre roi très-chrétien, Louis xiv, [191] a fait son entrée dans Paris en très grande pompe et avec incroyable joie des habitants. [61] Il en était parti voilà treize mois pour aller combattre la rébellion du prince de Condé [192] en Aquitaine. [193] Le mardi 22e d’octobre 1652, Monsieur des Roches, très illustre prélat, a pris soin de me faire remettre, par un huissier à la chaîne, un acte public, rédigé par des notaires, concernant l’affaire de Maître Claude de Frades, bachelier de médecine, qui demande à être exempté de tous les frais de l’École en vertu du décret prononcé le 24e de mars 1643. [29] En conséquence de quoi, j’ai convoqué tous les docteurs pour en délibérer vendredi prochain, 25e d’octobre 1652. Le vendredi 25e d’octobre 1652, à deux heures de l’après-midi, tous les docteurs ont été convoqués dans les salles supérieures des Écoles de médecine pour délibérer sur l’assignation qui a été remise à Maître Guy Patin, doyen de la Faculté, [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 526 ro | LAT | IMG] par un appariteur à chaîne, de la part de Monsieur Michel Le Masle, seigneur des Roches, etc. Le doyen dit que, quand il avait lu ce que contient cet acte, il s’était rendu compte de ce qu’il signifiait, sans en croire ses yeux : Monsieur des Roches en veut tant à la très salubre Faculté qu’il songe à engager sans tarder un procès, c’est-à-dire entreprendre une action en justice contre la Compagnie. Accompagné de trois docteurs, Maîtres Jean Piètre, Nicolas Richard et Paul Courtois, notre censeur, le doyen est donc allé voir ledit Monsieur des Roches pour être certain qu’il avait bien pris garde à ce que voulait dire cet acte. L’abbé leur a répondu que oui et que c’était une affaire dont il s’occuperait plus tard. Le doyen a alors vivement protesté, disant se considérer comme l’auteur et principal instigateur de la dernière décision qu’avait prise la Faculté ; et ce, après que Maître Jacques Thévart, [194] docteur en médecine, se fut plaint du fait que Maître Claude de Frades, bachelier, avait abusé une de ses parentes en commandant de sa part, mais pour son propre usage, plusieurs gâteaux chez un boulanger de son voisinage ; en outre, qu’il avait fait le galant [62] avec des fillettes et avait furtivement vendu des objets qu’il avait empruntés. Maître Jean de Montigny, [195] docteur en médecine, a même raconté à la Faculté que ledit bachelier avait vendu à la dérobée le Breviarum Galeni a Lacuna confectum [63][196][197] qu’il lui avait prêté. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 526 vo | LAT | IMG] La Faculté s’est indignée de la turpitude et des mœurs perverses de ce jeune homme, tolérant fort mal qu’à cause de lui et sans le mériter, Monsieur des Roches la moleste et l’accable au point de vouloir opposer la loi aux privilèges de la Compagnie. Étant donné que quand Maître Claude de Frades, bachelier, fut admis à passer l’examen, son père, Maître Lancelot de Frades, docteur en médecine, avait été exhorté à apporter tout le soin nécessaire à sa bonne instruction, la Faculté a décidé, en premier lieu, que si, lors du prochain acte quodlibétaire, ce garçon ne se montre pas digne de son grade de bachelier, la grâce de Monsieur des Roches ne l’affranchira pas de son ignorance, et qu’il faudra souffler de nouveau à l’oreille du père qu’il incite son fils à mener une vie plus honorable, et à s’affranchir de toute mauvaise réputation de turpitudes et de péchés, car il est bien certain qu’une éducation si négligée fait injure à son cousin, Monsieur des Roches, tout comme à notre métier. En second lieu, la Compagnie s’est étonnée de voir comment Monsieur des Roches, lui qui a si souvent proclamé publiquement devoir tout à la Faculté, et tout particulièrement d’être encore en vie, désavoue aujourd’hui ses protestations de reconnaissance et en veuille tant à ladite Faculté [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 527 ro | LAT | IMG] qu’il envoie un huissier à la chaîne lui signifier ce qu’il cherche à obtenir d’elle ; alors que, s’il avait voulu lui demander quelque chose, il n’eût pas été indigne de lui de venir en personne voir la Compagnie ou le doyen, comme l’ont déjà fait princes et autres grands personnages ; il aurait aussi dû se sentir tenu, dans un esprit de profonde reconnaissance, de raccompagner la délégation de la Faculté jusqu’en ses Écoles. Delà, il aurait aussi dû se considérer comme obligé d’engager ses propres deniers dans la promesse faite au fils de son cousin, Maître Lancelot de Frades, dès son inscription à la Faculté, sans lui confier le soin de quémander des faveurs qu’il réclamait pour son propre avantage. Il aurait même dû augmenter le montant de la somme qu’il a promise puisque la Faculté a admis son protégé au baccalauréat en fermant les yeux sur sa profonde ignorance. [64] En outre, la Faculté a si bonne et si sincère opinion de Monsieur des Roches qu’elle s’estime être sa maison, ce qui est à la fois honorable pour lui et utile à la Compagnie. S’il croyait, avec sa donation, s’être acheté la liberté et la dignité de la Faculté, alors elle romprait aussitôt ce contrat, quel qu’en soit le montant, car jamais elle ne permettra à quiconque de lui faire perdre sa liberté et sa dignité, ni même d’y porter atteinte. Qu’il veuille bien, enfin, avoir l’honnêteté de convenir [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 527 vo | LAT | IMG] que la Faculté n’a toujours pas joui du fruit auquel il destine son argent ; nous consulterons d’ailleurs des avocats sur ce sujet. En attendant, notre grand appariteur lui signifiera tout ce que la Faculté a décidé et pensé de toute cette affaire, et confié au doyen le soin d’y veiller scrupuleusement. Fait en les hautes salles des Écoles de médecine, Le mercredi 23e d’octobre 1652, le doyen de la très avisée Faculté de droit canonique, Maître Philippe de Buisine, et moi, comme représentant la très salubre Faculté de médecine de Paris, avons obtenu un arrêt de la Chambre dite des vacations [198] contre la Compagnie des théologiens [199] qui avait engagé une action pour empêcher Maître Samuel Dacolle, [200] questeur de l’Université, [201] de nous verser la somme de huit cents livres tournois que nous a concédée la Faculté des arts, à l’intention de nos quatre professeurs de médecine. [66][202] Le mardi 29e d’octobre 1652, en nos Écoles, les quatre bacheliers, Nicolas Le Lettier, Jean Brier, Claude Quartier et Alain Lamy, ont passé l’examen de botanique [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 528 ro | LAT | IMG] qui n’avait pu avoir lieu l’été dernier, comme veulent nos statuts et coutumes, eu égard au petit nombre des bacheliers et à leur absence de Paris, ainsi qu’au tumulte des combats qui faisaient alors rage en toute la France. [67] Ce même mardi 29e d’octobre 1652, escorté par deux de nos collègues, Maîtres Jean de Montigny et Robert Patin, [203] je me suis joint à Monsieur le très éminent recteur de l’Université de Paris, Maître Claude de La Place, qui allait voir le roi très-chrétien, Louis xiv, en son palais du Louvre, [204] pour le complimenter sur son heureux retour à Paris. J’eusse fort souhaité que cela arrivât six mois plus tôt, en évitant à tant de milliers de paysans et de pauvres gens de mourir par faim et par guerre, à Paris et en Île-de-France, sans avoir commis aucun péché ni rien mérité de tel. [68] Le samedi 2e de novembre 1652, conformément à la règle, tous les docteur ont été convoqués par écrit pour élire le doyen, les quatre professeurs et le censeur des Écoles. Ils ont d’abord entendu les remerciements de Maître Guy Patin qui quitte sa charge après avoir été doyen pendant deux années pleines, et ceux des quatre professeurs et de Maître Paul Courtois, censeur. Cela fait, Maître Hermant de Launay, [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 528 vo | LAT | IMG] qui avait été précédemment élu professeur de chirurgie pour la présente année, [69] a supplié la Faculté de lui permettre de prodiguer cet enseignement pendant deux ans, parce que, disait-il, il ne savait comment couvrir toute cette matière en une seule année. À l’appui de sa requête, il arguait du fait que, depuis la création et fondation de cette chaire de chirurgie, trois de ses titulaires avaient professé pendant deux années entières ; mais, avec ruse et habileté, il omettait de dire que, pour toutes les années qui ont suivi, un décret de la Faculté a réduit cette charge à une seule année, et c’est ainsi que plusieurs docteurs l’ont exercée depuis. Maître Guy Patin fut même l’un d’eux en l’an 1646, [205] ✱ et ce pour une seule année car la très salubre Faculté avait pris la précaution de le dire dans son premier décret qui a créé et fondé cette chaire en 1635, sous le décanat de Charles Guillemeau. [70] ✱ Les faits prouvent le contraire : lors de la première année du décanat de M. Charles Guillemeau, le 4e de novembre 1634, M. Antoine Charpentier fut nommé par acclamation au professorat de chirurgie, puis continué le 3e de novembre 1635, pour la seconde année du dit décanat (page 425 < des Commentaires >) ; [71][206] En 1636, pendant la première année du décanat de Philippe Hardouin de Saint-Jacques, [207] M. Jean-Baptiste Ferrand [208] a occupé ladite chaire (page 5 des présents Commentaires), et de nouveau pendant la seconde année du même décanat (fos 38 vo et 63 vo) ; [72] en la première année du décanat de Simon Bazin, [209] Jean Chartier a été renouvelé professeur de chirurgie pour un an (fo 70), et de même pour Philippe Hardouin de Saint-Jacques pendant la seconde année de ce décanat (fo 87). Dans les commentaires des première et seconde années du décanat de Guillaume Du Val, [210] il est écrit que Jean Chartier est professeur de chirurgie (fos 108, 119, 148). [73] Il en va aussi clairement de même pour une charge de deux ans sur le fo 158 vo ; et au fo 203, Maître Jean Piètre a été nommé professeur de chirurgie pour la première année du décanat de Maître Jean Merlet, mais ensuite, pour la seconde, il a refusé d’enseigner pendant une nouvelle année, comme on peut voir sur le fo 286 vo. [74] Après avoir entendu la requête de Maître Hermant de Launay, puis l’avis du doyen sur cette controverse, la très salubre Faculté a décrété que la charge de professer la chirurgie ne doit avoir qu’une durée d’un an, [75] [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 529 ro | LAT | IMG] étant donné qu’une année complète suffit bien amplement à enseigner et démontrer les opérations chirurgicales comme on l’attend de ce professeur, et que la Faculté l’a ainsi souhaité et voulu dans le décret qui a établi cette chaire. En demandant qu’on lui permette d’être prolongé pour une seconde année, Maître Hermant de Launay a sûrement été guidé par l’appât d’un gain supérieur à ce qu’il était auparavant, convaincu en cela par les deux cents livres, venues des fonds de l’Université, que la Faculté des arts a promises et accordées à chacun de nos professeurs, bien que la Compagnie des théologiens soit intervenue pour que nous ne les recevions pas. [76] Et ainsi le doyen en a-t-il conclu. Ensuite, on a procédé à l’élection du nouveau doyen et des quatre professeurs : les noms des docteurs présents ont été déposés dans une urne d’où ont été tirés ceux des électeurs du futur doyen, à savoir trois du grand banc, Maîtres Jean Riolan, Barthélemy Barralis, [211] et Sébastien Rainssant, [212] et deux du petit banc, Martin Akakia et Jean Forestier ; [213] après avoir juré entre les mains du doyen de ne proposer au décanat personne qui ne soit estimé pour sa vaste expérience ni contre qui existe un décret [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 529 vo | LAT | IMG] dans les Commentaires de la Faculté, ils se sont retirés dans la chapelle ; ils en sont enfin sortis après une demi-heure en ayant choisi trois docteurs pour le décanat, à savoir deux du grand banc, Maîtres Jean de Bourges et François Blondel, et un du petit banc, Maître Paul Courtois ; leurs trois noms ont été écrits sur des billets qu’on a aussitôt jeté l’un après l’autre dans un chapeau et, par un très favorable et heureux sort, en a été tiré celui du très savant, aguerri et éminent Maître Paul Courtois, [214] natif de Meaux ; [77] après m’avoir prêté le serment coutumier de fidélité, il a été reconnu et admis au décanat, avec immense joie, pour les deux prochaines années. Le même jour et au cours de la même assemblée ont eu lieu les élections des professeurs : Maître Jean-Baptiste Moreau [215] en physiologie, [216] Maître Jean Garbe en chirurgie et Maître Jacques Perreau en pharmacie. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 530 ro | LAT | IMG] Maître Jean Piètre a été élu censeur des Écoles. Par mégarde, on a oublié le professeur de botanique, mais Monsieur le doyen prendra soin de son élection lors de la prochaine assemblée. Maître Guy Patin, doyen sortant, s’est empressé de remettre à son successeur, Maître Paul Courtois, les insignes du doyen que la Faculté a récemment élu, accepté et approuvé : les clés des coffres, les deux sceaux d’argents attachés l’un à l’autre par une petite chaîne du même métal, l’épitoge ou épomide pourpre, [217] et l’antique recueil des statuts de la Faculté de médecine de Paris. [78] Fasse le Très-Haut que Maître Paul Courtois, devenu mon successeur par quelque divin coup du sort, surpasse les autres doyens en fidélité, en assiduité, en diligence et, par-dessus tout, en bonheur à diriger la très salubre Faculté de Paris pour qu’elle en tire profit et avantage. Pour ma part, j’ai certainement fait tout mon possible pour promouvoir et favoriser les affaires et les intérêts de la Compagnie, j’y ai dignement consacré toutes mes forces et dirai, pour conclure comme César [218] dans Suétone, [219] Omnia facienda feci, sed eventus fuit in manu Fortunæ, [79][220] dans la mesure où les dérèglements de notre époque, tout agitée par les tumultes guerriers, me l’ont permis. J’ai pourtant l’espoir [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 530 vo | LAT | IMG] que les efforts que j’ai faits me vaudront la reconnaissance de la bienveillante postérité puisque, comme dit Apulée [221] en ses Florides, Omnibus bonis in rebus, conatus sit in laude, eventus in casu. [80][222] Que gloire et louange aillent donc à Dieu pour tout ce que j’ai accompli ! Fin des décrets et assemblées de la très salubre Faculté de médecine de Paris pendant la seconde année du décanat de Maître Guy Patin, natif du Beauvaisis. > Retour au sommaire des Commentaires | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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